Dopé par un réseau vieillissant et une multiplication des projets de production d’électricité, le marché des sectionneurs – des interrupteurs pour lignes à haute tension – est effervescent. Et Mindcore, un fabricant établi à Terrebonne, en profite et agrandit son usine, un projet de 2,2 millions de dollars qui doublera sa capacité de production.

Mindcore prévoit avoir terminé son projet d’agrandissement et de réaménagement d’usine en janvier 2024. Si tout se passe bien, les nouvelles installations devraient entrer en service à ce moment-là. La première pelletée de terre n’a pas encore été réalisée, mais l’entreprise a loué un local pour l’aider dans son réaménagement qui, lui, a déjà été entamé.

La nouvelle usine, qui aura une superficie 30 % plus grande, sera la bienvenue, explique Patrick Lalongé, vice-président des technologies. « La demande est telle, actuellement, que l’on doit refuser des clients, dit-il. D’où l’importance de s’agrandir. On multipliera la capacité et on réduira aussi les délais de livraison. »

D’où vient cette demande ?

Le vice-président explique que les réseaux électriques ont pris beaucoup d’expansion entre les années 1960 et 1980. Les sectionneurs avaient alors une durée de vie d’une quarantaine d’années. Aujourd’hui, c’est donc un très grand bassin d’équipements vétustes qui doivent être remplacés.

Dans le monde, il y a des dizaines de millions de sectionneurs, illustre Patrick Lalongé. Hydro-Québec en compte 35 000 dans son réseau. Étant donné qu’on en fabrique de 3000 à 4000 par année, on voit devant nous une demande qui restera soutenue pour un bon moment.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Patrick Lalongé

C’est sans compter que le développement de nombreux projets électriques, comme celui d’un corridor énergétique d’Hydro-Québec au Maine, contribue aussi à alimenter la demande.

La croissance par la qualité

Née en 2008, Mindcore a racheté en 2011 une entreprise qui a fabriqué des sectionneurs jusque dans les 1980 avant de mettre la clé sous la porte.

« À l’époque, les sectionneurs étaient conçus pour durer 40 ans, raconte Patrick Lalongé. Mais après 1980, les entreprises qui sont restées en vie se sont livré une forte concurrence sur la base des coûts, réduisant du fait même la qualité du produit. »

Selon le vice-président, la durée de vie moyenne des sectionneurs sur le marché est donc passée à 20 ou 25 ans, de sorte que Mindcore dit se différencier aujourd’hui de ses compétiteurs par la durabilité de ses produits.

Notre croissance est phénoménale. On croît de 35 % par année. On devrait atteindre les 70-90 millions de chiffre d’affaires d’ici deux ans. De 20 employés en 2016 à 50 il y a deux ans, on en a actuellement une centaine.

Patrick Lalongé, vice-président des technologies

« Au début, on avait de la difficulté à compétitionner parce que nos équipements étaient plus chers à l’achat. Mais comme nos produits n’ont pas à être remplacés avant 40 ans, le coût total de notre produit sur sa durée de vie est plus faible de 15 % à 20 %. »

L’entreprise, dont le chiffre d’affaires se situe entre 40 et 60 millions, est actuellement le plus gros fabricant de sectionneurs au pays et exporte 70 % de sa fabrication aux États-Unis. Avec la croissance qu’elle anticipe, elle pourrait bien solidifier son titre.