L’industrie du tourisme d’affaires ne s’est pas laissé abattre par la pandémie. Mieux encore, la reprise se fait sur les chapeaux de roues, malgré différents défis, dont l’inflation. Le Québec s’en sort d’ailleurs particulièrement bien. Survol.

Le Palais des congrès de Montréal a réalisé un record historique dans son année financière 2022-2023 avec 426 millions de dollars de retombées économiques pour ses évènements d’affaires. Il a accueilli plus de 773 000 personnes lors de 300 évènements, dont la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), le congrès du Lions Clubs International et AIDS 2022 – la conférence internationale sur le sida.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

L’an dernier, Montréal s’est classé au sommet du palmarès de l’Union des associations internationales (ICCA) pour l’accueil d’évènements associatifs internationaux dans les Amériques, pour la sixième année consécutive.

« La reprise est phénoménale », affirme Élaine Legault, vice-présidente, évènements et expérience client au Palais des congrès de Montréal. Si elle convient que ce résultat est en partie attribuable aux nombreux reports d’évènements en raison de la pandémie, elle souligne que Montréal continue de se distinguer comme destination. La ville s’est classée en 2022, pour la sixième année consécutive, au sommet du palmarès de l’Union des associations internationales (ICCA) pour l’accueil d’évènements associatifs internationaux dans les Amériques.

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Une quarantaine de grands congrès internationaux se sont tenus au Palais en 2023.

« En 2023, nous aurons tenu une quarantaine de grands congrès internationaux, notamment dans le domaine de la science et de la médecine, indique Élaine Legault. Notre calendrier est aussi déjà bien garni pour 2024, 2025 et 2026 avec déjà 68 congrès confirmés, dont 55 sont internationaux et américains. Malgré l’inflation et la menace de récession, dans ces domaines extrêmement importants, les gens ont besoin de se rencontrer et d’échanger les meilleures pratiques, alors nous sommes optimistes. »

Des réalités difficiles à concilier

Si Montréal s’en sort bien, les différentes régions du Québec vivent des réalités différentes. « Certains endroits sont plus difficiles d’accès, par exemple parce qu’ils demandent du transport aérien ou de longues heures sur la route, alors avec le prix de l’essence actuel, c’est plus difficile de rester concurrentiel », fait remarquer Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Or, il est d’avis qu’il faut tenir des évènements d’affaires dans les différentes régions du Québec. « C’est un outil de développement socio-économique très important, et le gouvernement doit soutenir les infrastructures en région pour qu’elles puissent accueillir des évènements, affirme-t-il. En plus de fréquenter les hôtels et des restaurants, les gens d’affaires peuvent faire toutes sortes d’activités sur place, découvrir des entreprises locales, etc. Et lorsqu’ils visitent des régions pour leur travail, il y a de bonnes chances qu’ils veuillent y retourner en famille. »

Si, en ce moment, le tourisme d’affaires roule à plein régime, il constate toutefois que dans ce mode rattrapage, bien des évènements reportés se déroulent avec les prix négociés pour 2020 ou 2021.

PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES CHAMBRES DE COMMERCE DU QUÉBEC

Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Avec l’inflation galopante, c’est une situation difficile : les attentes entre les clients et les fournisseurs ne sont pas les mêmes.

Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Gilber Paquette, directeur général de Tourisme d’affaires Québec, confirme que la pression est forte dans l’industrie. « Comme les organisations manquent de personnel pour investir du temps dans les réservations avec différents intervenants afin de faire vivre de belles expériences aux participants, plusieurs demandent des évènements clés en main aux hôteliers, remarque-t-il. Mais cela demande du temps et de la créativité ! Les hôteliers aussi manquent de personnel dans la coordination et les ventes pour les évènements. Tout le monde est débordé. »

Proposer une offre distinctive

Au Palais des congrès de Montréal, qui peut compter sur des équipes relativement stables malgré la pénurie de main-d’œuvre, des efforts sont investis pour offrir des expériences hors de l’ordinaire aux congressistes.

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Élaine Legault, vice-présidente, évènements et expérience client au Palais des congrès de Montréal

Nous devons continuer d’être extrêmement audacieux et créatifs pour rester pertinents auprès de la clientèle qui choisit avec soin maintenant les évènements auxquels elle participe. Les congressistes recherchent une expérience locale.

Élaine Legault, vice-présidente, évènements et expérience client au Palais des congrès de Montréal

Le Palais a donc aménagé récemment des zones thématiques, comme celle de l’après-ski, ou encore celle du Saint-Laurent, toute en bleu, avec baleines, codes QR informatifs et lumière naturelle.

« Lorsque les congressistes sont dans les salles noires, ils pourraient être n’importe où dans le monde, indique Élaine Legault. Mais lorsqu’ils sortent et s’en viennent passer un moment dans l’une de nos zones, ils peuvent vivre l’expérience d’être au Québec. »

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Le Saint-Laurent, l’une des zones thématiques du Palais des congrès de Montréal

Le Palais peut faire différentes propositions aux organisations grâce à ses différents partenaires, pour bâtir une expérience sur mesure à leurs invités. « Par exemple, pour un cocktail dans la zone Saint-Laurent, on pourra créer un menu composé de spécialités locales, avec des crevettes de Matane et des algues cultivées dans le fleuve, illustre-t-elle. Puis, des cocktails peuvent être faits avec les produits de la Distillerie du St. Laurent. Les gens aiment ça. Cela fait partie de vivre l’expérience de Montréal. »

Consultez le site du Palais des congrès de Montréal

Quatre tendances dans le tourisme d’affaires

L’écoresponsabilité

En 2023, les organisateurs doivent faire des efforts pour proposer des évènements écoresponsables. C’est encore plus vrai lorsqu’ils s’adressent à des jeunes. « De plus en plus, les organisateurs regardent si nous avons une gestion responsable de notre immeuble, que ce soit pour l’eau, l’énergie et les matières résiduelles, énumère Élaine Legault, du Palais des congrès de Montréal. Notre politique d’écoconditionnalité permet d’ailleurs aux organisateurs d’évènements qui posent des gestes concrets en développement durable de bénéficier d’un rabais jusqu’à 10 % pour la location de nos salles. »

Les confirmations de dernière minute

Les gens ont tendance à s’inscrire tardivement aux évènements. Ou encore, ils s’inscrivent, mais ne se présentent pas. « C’est compliqué pour les organisateurs qui doivent estimer le nombre de personnes qui seront présentes, indique Gilber Paquette, de Tourisme d’affaires Québec. Ils ont tendance à commander trop de nourriture, pour ne pas en manquer. » Certains hôteliers vont aussi demander des garanties de chambres. « Cela augmente le risque financier, particulièrement dans le milieu associatif, où on ne sait jamais trop combien de personnes s’inscriront », ajoute-t-il.

Des applications pour susciter des interactions

Les évènements en ligne ont amené de nouvelles attentes des participants : ils ne veulent pas qu’écouter, ils veulent interagir. Les applications pour préparer les évènements en recueillant une foule d’informations sur les intérêts des congressistes ont donc la cote. Les participants peuvent aussi prendre rendez-vous avec d’autres. « Ce type de plateforme permet aux personnes qui se déplacent pour l’évènement d’avoir un meilleur retour sur leur investissement », indique Élaine Legault, en précisant que le Palais a fait un partenariat avec la plateforme Swapcard.

Les réunions d’un jour

Avec le télétravail, nombre d’organisations ont réduit la grandeur de leurs locaux. Résultat ? Elles n’ont plus nécessairement l’espace pour réunir tous leurs employés au bureau. De plus, comme les gens se voient moins souvent, les directions d’entreprise ont davantage tendance à organiser des activités de motivation. « Les rencontres sont très importantes pour la cohésion d’équipe et tant qu’à se déplacer, les gens veulent vivre une belle expérience, donc les hôteliers voient beaucoup de demandes pour de petits évènements d’un jour », remarque Gilber Paquette.

En savoir plus
  • De 20 à 30 %
    C’est le taux d’inflation dans l’industrie du tourisme d’affaires au Québec, selon les différents sous-secteurs d’activité.
    Source : Tourisme d’affaires Québec