Des économies de 50 milliards US sont à portée de main de l’industrie du transport maritime, selon le Forum maritime mondial, un groupe de réflexion danois axé sur le développement durable. Pour les concrétiser, toutefois, celle-ci doit se pencher sur quatre facteurs d’efficacité opérationnelle. Tour d’horizon.

Données et transparence

Les données deviennent une clé de voûte dans bien des industries, et celles-ci sont également très prometteuses dans le transport maritime. Selon le Forum maritime mondial, cependant, les données disponibles dans ce secteur restent lacunaires sur le plan de la qualité et de la quantité. Et cela empêche les exploitants d’optimiser leurs navires et les routes qu’ils empruntent. Une piste de solution ? L’industrie doit travailler à produire et récolter des données standardisées.

« Cette question préoccupe beaucoup le secteur, ici au Canada. C’est un élément qui nous permettra de réduire la congestion et les retards, et ultimement, d’améliorer la fluidité et la sécurité des chaînes d’approvisionnement », explique Claude Comtois, professeur à l’Université de Montréal spécialisé en transport maritime.

La multiplication des voyages pilotes

L’industrie aurait beaucoup à gagner à organiser davantage de voyages pilotes : le Forum maritime mondial évalue que les gains potentiels sont « significatifs ». Selon la note d’information du Forum, les voyages pilotes permettraient aux acteurs du secteur d’apprendre de première main quels sont les freins et les obstacles devant être éliminés pour mieux optimiser les vitesses et l’efficacité énergétique de leurs navires.

Le Canada a adopté la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, qui fait en sorte que les navires devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, rappelle Claude Comtois. « Les pilotes nous permettraient donc non seulement d’augmenter l’efficacité opérationnelle, mais aussi d’atteindre nos objectifs de carboneutralité. »

Modifications contractuelles

La chaîne d’approvisionnement maritime fonctionne au sein d’une toile de contrats. Selon le Forum maritime mondial, cette réalité pose un défi quant à l’adoption à grande échelle de diverses mesures d’efficacité.

La note d’information avance qu’il faudra probablement assister à un changement « fondamental » de l’architecture contractuelle dans le secteur avant de voir se réaliser des réductions substantielles des émissions.

Et cela demandera un « engagement et une action à long terme ». Claude Comtois abonde dans le même sens : « C’est une transformation qui sera complexe. »

Politiques et réglementations

Si les données – leur standardisation, leur partage et leur transparence – sont un élément clé dans la recherche d’efficacité, les acteurs du secteur montrent du doigt les régulateurs et notent différentes faiblesses dans la manière dont ceux-ci traitent la question. Selon le Forum maritime mondial, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle et technique à une échelle beaucoup plus grande nécessitera une réglementation plus ambitieuse et robuste quant à la manière de suivre et de communiquer les données concernant notamment la consommation de carburant.

« Dans l’ensemble, ces quatre facteurs permettront-ils de réaliser des économies de 50 milliards US ? se demande Claude Comtois. Connaissant bien le Forum, et sachant que leurs analyses sont sérieuses et sophistiquées, je dirais, à première vue, que c’est raisonnable. »

Consultez la note d’information du Forum maritime mondial (en anglais)