Les ports du Québec se sont lancés dans une vague d’investissements qui doivent permettre à chacun d’assurer son rôle dans l’économie provinciale ou régionale. Bien que les travaux s’étendent sur plusieurs années, le temps presse pour les ports québécois, tant pour répondre au développement de l’activité que pour mettre à jour des infrastructures parfois désuètes.

L’essor du transport maritime ne s’observe pas seulement par le nombre de navires qui circulent sur le Saint-Laurent. Partout au Québec, les administrations portuaires sont affairées à préparer, à lancer ou à mener des travaux de rénovation ou d’agrandissement de leurs infrastructures.

Loin de se concurrencer, les ports du Québec sont appelés à collaborer. « Dans une perspective mondiale, les ports situés sur le Saint-Laurent n’ont pas les moyens de se concurrencer entre eux », affirme Mathieu St-Pierre, président de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES). « Le Saint-Laurent doit se vendre sur la scène internationale comme une porte d’entrée maritime du continent nord-américain. »

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

Mathieu St-Pierre, président de la Société de développement économique du Saint-Laurent

Projets à Montréal, à Québec et à Trois-Rivières

Au port de Montréal, le projet de Contrecœur d’une capacité de 1,15 million de conteneurs doit voir le jour en 2026, mais l’Administration portuaire de Montréal (APM) attend 150 millions de dollars en provenance du gouvernement fédéral, après avoir reçu une rallonge de 75 millions du gouvernement du Québec.

De son côté, le port de Québec a obtenu l’approbation du gouvernement fédéral pour procéder à l’acquisition des terrains du secteur Lévis-Est. L’administration portuaire détient déjà une option d’achat de ces terrains d’une superficie de 270 hectares.

Le port de Trois-Rivières espère lui aussi mettre en service en 2026 son projet majeur d’agrandissement du Terminal 21, qui doit augmenter sa capacité de 50 %. Trois quais seront ajoutés au port à la suite des travaux estimés à 140 millions.

Ces travaux auront un impact attendu sur l’économie régionale, puisque 500 emplois seront créés pour accueillir 96 navires supplémentaires chaque année.

Investissements dans l’est

Comme le port de Trois-Rivières, les ports de l’est du Québec jouent un rôle important dans l’économie régionale. Depuis leur rachat par le gouvernement du Québec auprès du fédéral, la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie a planifié la réalisation d’investissements à Matane, Gros-Cacouna, Rimouski et Gaspé.

« Nous avons identifié la vocation de chaque port en impliquant les différentes communautés pour nous assurer de répondre aux besoins du milieu », souligne Anne Dupéré, PDG de la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

L’essentiel des efforts porte sur le port de Matane, où 81 millions seront investis dans la décennie. Le quai, en fin de vie, sera refait de A à Z. La perte de 50 % de la capacité portante empêche certains chargements autrefois possibles. L’heure est aux demandes de propositions en vue de réaliser les études d’impact, le début d’un long chemin avant le lancement des travaux, prévu en 2026. Pour l’économie régionale, notamment la fabrication de pales d’éoliennes, l’expédition de marchandises par bateaux devient un enjeu stratégique.

À Matane, le port le plus achalandé des quatre ports de l’Est, nous reconstruisons pour les 50 prochaines années.

Anne Dupéré, PDG de la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

À Gaspé, ce sont les capacités d’entreposage qui ont été mises en priorité. Ici aussi, la production de pales d’éoliennes est un bon point pour l’économie locale, après l’agrandissement de l’usine de LM Wind Power. Encore faut-il pouvoir expédier dans de bonnes conditions. L’essentiel des travaux est achevé : l’espace d’entreposage a triplé, passant de 5000 à 15 000 mètres carrés.

Le port de Rimouski doit lui aussi maintenir à flot ses infrastructures, nécessaires aux livraisons de denrées et de pétrole, aux bateaux de pêche, comme au navire de recherche de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Un appel d’offres est lancé pour réaliser les études d’impact en environnement, préalables au réaménagement des quais et des jetées, en donnant un meilleur accès à la mer pour la population rimouskoise. Les travaux pourraient commencer en 2026.