Hubert Steben-Chabot est propriétaire du potager des Koasseux et fait de la vente directe aux consommateurs. Celui qui loue une terre à Saint-Augustin-de-Desmaures et qui produira de 35 à 50 paniers de fruits et légumes par semaine utilise la technologie de façon ingénieuse. Une question de survie !

« Je ne me vois pas comme une ferme techno. Je n’ai pas de robot de traite ni de gros tracteur avec toute la technologie de pointe comme on retrouve dans le secteur laitier », dit Hubert Steben-Chabot. Pourtant, lorsqu’il énumère les innovations dont il se sert, il constate qu’il est l’un des rares à utiliser tous ces outils technologiques.

« L’hiver, je fais du déneigement et ma conjointe, Andréane Robitaille, qui est partenaire avec moi, a aussi un travail à l’extérieur parce qu’on paie à peine les factures de l’entreprise. Donc, chaque dépense compte », raconte le producteur. Il y a un an, il s’est procuré une imprimante 3D dont il se sert pour remplacer du matériel ou pour en créer sur mesure. « J’ai un semoir d’une vingtaine de roues et chaque roue me coûte 45 $ à remplacer. Grâce à l’imprimante, ça revient à 1 $. »

C’est en consultant les milliers de fichiers offerts gratuitement en ligne que le producteur arrive à trouver les pièces qu’il recherche. Il lui arrive aussi de sortir sa plume créatrice. « Mon système hydroponique est une création maison et les bouchons dont j’ai besoin n’existent pas. Même chose pour mon ensacheur. Alors, on les a dessinés et c’est mon imprimante qui les fabrique. » Chaque année, ce sont de 50 à 60 pièces qui sont imprimées, pour des économies qu’il estime à au moins 5000 $.

Le jeune producteur a aussi mis en place un système dans son poulailler qui permet à la porte de s’ouvrir et de se fermer au lever et au coucher du soleil. « En considérant le nombre d’heures de travail que je fais par semaine, je ne pouvais pas être là à 5 h du matin et à 23 h le soir pour laisser entrer et sortir la volaille. Maintenant, c’est un microcontrôleur qui s’occupe de cette tâche. » Cette année, ce sont les auvents de ses serres qui passeront en mode automatisation.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LE SOLEIL

Hubert Steben-Chabot

Les grosses entreprises disposent de systèmes qui coûtent des fortunes. Mes serres sont trois saisons, j’ai besoin de quelque chose de simple sans vendre ma chemise, mais ça n’existe pas. Donc, on le fabrique. Cela va me coûter 500 $ versus 3000 $ si j’achète sur le marché.

Hubert Steben-Chabot, agriculteur

Paresse et survie

Hubert Steben-Chabot confesse qu’il n’est pas un fervent amateur de l’ordinateur et de la technologie. « J’ai une relation d’amour-haine avec les ordinateurs. » Pour lui, l’usage de la technologie est une question de « paresse », mais aussi de survie. « On a installé un ancien conteneur dans le champ qui fait office de bureau. On n’a pas l’électricité. On fonctionne avec quelques panneaux solaires. On travaille sans arrêt. Alors, si je peux me simplifier la vie en confiant une tâche dont je n’ai pas envie à une carte imprimée, je n’hésite pas. »

L’avenir ? Hubert est passionné d’agriculture, mais il ne sait pas combien de temps il va pouvoir continuer à ce rythme. Le prix des terres les rend inaccessibles et les subventions gouvernementales ne cessent d’être réduites, sans parler des enjeux de protection du territoire. « J’aimerais ne pas être obligé d’innover et de faire fonctionner un microcontrôleur avec du duct tape, mais nous n’avons pas le choix si je veux arriver à dormir. C’est innover pour survivre. »