La PME Immune BioSolutions est dans la course pour trouver un médicament contre la COVID-19 et ses nombreux variants. Vu sa petite taille et le défi colossal auquel elle s’attaque, l’entreprise de Sherbrooke doit maintenant trouver un partenaire pharmaceutique pour finaliser le développement clinique et la commercialisation de son traitement d’immunothérapie appelé IBIO123.

L’IBIO123 est une immunothérapie (ou médicament biologique) qui sera administrée par nébulisation, c’est-à-dire directement dans les voies respiratoires. Le nébuliseur utilisé par Immune BioSolutions transforme le médicament en un nuage composé de gouttelettes que le patient inhale dans ses poumons par l’entremise d’un embout buccal.

« Notre immunothérapie est complémentaire à la vaccination, explique Luc Paquet, président et chef de la direction d’Immune BioSolutions. On s’attaque à un gros marché, on le sait. Le traitement idéal contre la COVID-19 doit reconnaître tous les mutants. Or, notre médicament reconnaît tous les mutants qui ont été identifiés à ce jour. »

Pour financer ce projet de recherche sur l’IBIO123, la PME de 35 employés a pu profiter de subventions et d’investissements privés totalisant plus de 20 millions. La grande majorité de l’aide financière vient du secteur public, dont le gouvernement fédéral et son Fonds stratégique pour l’innovation (11 millions) et Investissement Québec (4,5 millions).

Des humains au lieu de poulets

En temps normal, Immune BioSolutions développe ses anticorps thérapeutiques à partir de poulets. En gros, elle « pirate » le système immunitaire des poulets afin de créer des immunothérapies. Les anticorps identifiés sont ainsi utilisés, entre autres, pour les maladies infectieuses et l’oncologie. Cette fois-ci, dans la recherche d’un traitement contre la COVID-19, la recette est différente.

Notre animal de choix pour la COVID-19, c’est l’humain. On a eu accès à des sérums de patients qui avaient été infectés, mais qui ont guéri. À partir de ces anticorps, on a fabriqué un cocktail. Nos anticorps sont produits par du vivant, et non par de la synthèse.

Luc Paquet, président et chef de la direction d’Immune BioSolutions

Installée dans les locaux d’Espace LABz, la PME sherbrookoise a pu travailler en collaboration avec des chercheurs universitaires canadiens (du Centre hospitalier de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine) et américains qui, en amont, ont identifié des anticorps susceptibles d’intéresser l’entreprise de biotechnologies.

La phase 2 des essais cliniques de l’IBIO123 vient de commencer au Brésil et en Afrique du Sud, où une quinzaine de patients ont été recrutés. Des démarches ont été entreprises pour réaliser des tests au Canada, affirme Luc Paquet.

La phase 3 (dernière étape) suivra au moment opportun. Difficile, donc, de prédire à quel moment l’IBIO123 sera commercialisé, dit l’entrepreneur.

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

Luc Paquet, PDG de la PME Immune Biosolutions, à Sherbrooke

Conscient que les biotechnologies sont « une business à risque », le patron d’Immune BioSolutions admet concentrer une bonne partie de ses énergies sur l’IBIO123. « On assume ce risque », dit-il.

Malgré tout, l’entreprise désire accélérer le développement de sa plateforme de découverte d’anticorps. Elle souhaite par ailleurs augmenter sa capacité de production et multiplier ses partenariats avec le secteur pharmaceutique.

À moyen terme, elle espère développer une nouvelle immunothérapie contre le cancer. À cet égard, l’un des prochains projets porteurs de la PME sera le développement d’une immunothérapie contre les leucémies pédiatriques, souligne son dirigeant.

PHOTO FOURNIE PAR IMMUNE BIOSOLUTIONS

Jean-François Larrivée, Frédéric Leduc et Simon Gaudreau, cofondateurs d'Immune Biosolutions

Fondée il y a 10 ans par trois étudiants de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, Immune BioSolutions compte 51 actionnaires (particuliers, groupe d’investisseurs et fonds d’investissement). Ces dernières années, la PME tire ses revenus des partenariats liés à sa plateforme de découverte d’anticorps. Elle a également profité de subventions, de prêts et d’investissements privés.