Si la pandémie a mis en lumière l’utilité du télétravail, surtout en formule hybride, elle a aussi poussé les gestionnaires à penser autrement – et rapidement. Deux d’entre eux s’ouvrent sur les leçons qu’ils en tirent… même si la crise n’est pas tout à fait terminée.

Stéphane Forget, vice-président principal affaires publiques, coopération et responsabilité d’entreprise chez Sollio Groupe Coopératif, et Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), ont été invités en avril dernier par l’Association des MBA du Québec à parler de leur expérience, deux ans après le début de la pandémie.

À les entendre, la pandémie n’a pas eu que du mauvais, au contraire ! « Ça nous prenait une pandémie pour vivre cette révolution dans le monde du travail, dit M. Milliard. Il était grand temps qu’on arrive là où on en est aujourd’hui. »

Selon M. Forget, la crise est devenue une « opportunité » pour mieux comprendre le milieu dans lequel évoluaient les employés, les producteurs agricoles, les fournisseurs, les clients et les instances gouvernementales. « Rapidement, la pandémie a démontré les grands défis de la chaîne d’approvisionnement, explique-t-il, qu’on pense non seulement à l’autonomie alimentaire, mais au rôle de l’exportation. »

L’agilité et la flexibilité des organisations sont devenues cruciales, selon ces deux gestionnaires aguerris.

Nous n’avons jamais été aussi près de nos membres, à cause des avancées numériques et de la flexibilité du travail en virtuel. Cela nous a permis d’augmenter notre présence sur tout le territoire québécois.

Charles Milliard

Les équipes ont doublé, au sein de la FCCQ, pendant la période pandémique. L’attraction et la rétention du personnel ont été un souci majeur, comme dans d’innombrables organisations. « Nous avons accueilli des employés issus de différents milieux, localisations et expertises, précise M. Milliard, et cette diversité est venue appuyer ce qu’on appelle ‟la force du réseau ». »

En prenant un pas de recul, Stéphane Forget retient que « la communication, l’agilité, le dialogue, la prise de décision et la valorisation des métiers de première ligne » sont des éléments clés qui ont permis à la coop agricole de garder le cap.

Il ajoute que la crise a aussi poussé toute l’équipe à être prête pour… la prochaine. « On tient beaucoup plus compte du contexte géopolitique, dit-il. On le faisait déjà, mais dans ce cas-ci, ce n’étaient pas des crises sectorielles qui secouaient notre industrie… mais une crise à l’échelle planétaire ! »

Sur quoi porte-t-il son regard, alors que la pandémie s’essouffle ? « Oui, depuis deux ans, on a mis notre focus et nos énergies sur la COVID, glisse-t-il, mais il faut maintenant revenir aux enjeux qui étaient présents auparavant, comme la crise écologique et les changements climatiques. Comment va-t-on répondre à ça ? »