Lorsqu’elle est arrivée à la direction de Laval économique, en septembre 2019, Lidia Divry avait un plan stratégique ambitieux. Puis, la COVID-19 est arrivée et a tout bousculé. Si le gros de la crise semble passé, de grands changements ont eu cours et s’inscrivent dans la durée. Lidia Divry a accepté de répondre aux questions de La Presse sur les leçons des dernières années et les perspectives d’avenir.

Q. Qu’est-ce que la pandémie a changé pour les entreprises lavalloises sur le moyen et le long terme ?

R. La pandémie a fait perdre les repères de bien des gens, notamment ceux qui œuvrent en financement. La pandémie a tout accéléré. Les entreprises ont dû refaire leur positionnement, revoir leurs marchés. Il a fallu changer l’approche en développement aussi. Nous avons 12 000 entreprises sur le territoire. Nous ne pouvons pas les rencontrer une par une, mais il faut regarder les grands besoins stratégiques actuels et proposer des solutions qui permettront d’amener les entreprises là où elles veulent aller. Pour y arriver, il faut que tous les professionnels des différentes expertises travaillent ensemble, pas en silo.

Q. Quels sont les grands besoins actuels des entreprises ?

R. Chaque secteur a ses particularités, mais il a fallu choisir des axes d’intervention. Le premier, lancé à l’été 2020, a été la transformation technologique des entreprises. Avec différents partenaires, comme Investissement Québec, nous avons beaucoup aidé les entreprises manufacturières dans le domaine et nous les aidons encore. Il a aussi fallu accélérer le développement de projets structurants. Par exemple, dans le secteur des sciences de la vie, particulièrement actif depuis le début de la pandémie. On a annoncé en juin la construction de nouveaux laboratoires pour les entreprises en démarrage au Centre québécois d’innovation en biotechnologie (CQIB). On a aussi lancé en avril 2021 la deuxième phase de la Cité de la Biotech pour accueillir des entreprises du secteur des sciences de la vie. Nous avons également à Laval une forte base dans le domaine du commerce de détail. Nous travaillons sur la transformation de ces entreprises. Puis, il y a la symbiose industrielle qui permet d’implanter de nouvelles pratiques de réutilisation et de récupération entre les entreprises alors que le virage vert est maintenant incontournable.

Q. Quel est le plus grand défi à relever actuellement ?

R. Celui des talents. Il y a environ 11 000 postes vacants à Laval actuellement. Toutes les entreprises cherchent à bonifier leurs talents ou à en embaucher de nouveaux. Il faut trouver des solutions, et cela ne passe pas seulement par le recrutement. Il faut aussi penser à la formation, donc regarder du côté des universités, des cégeps et des commissions scolaires. Nous organisons d’ailleurs le 29 septembre la Grande rencontre IMPACT – Main-d’œuvre pour présenter les besoins, se donner une vision pour les prochaines années et préciser qui fera quoi. Ainsi, tout le monde pourra pédaler dans le même sens.

Q. Quels autres grands projets vous occuperont au cours des prochaines années ?

R. Nous cherchons à amener les entreprises à faire de la « co-innovation ». Prenons l’exemple d’une entreprise manufacturière qui implante de nouvelles technologies pour transformer sa chaîne de production. S’il lui reste certaines tâches faites manuellement, on pourrait la mettre en contact avec une jeune pousse qui développe un robot. Ce partenariat pourrait être un plus pour le manufacturier qui souhaite être à la fine pointe de la technologie et aussi pour la jeune pousse qui pourrait mettre son produit à l’épreuve pour accélérer sa croissance. Ce genre d’initiative fera d’ailleurs partie de notre planification stratégique qui sera annoncée en novembre. L’innovation ne doit pas seulement toucher les technologies, mais aussi les gens, les façons de faire.

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  • 17 milliards de dollars
    Produit intérieur brut de Laval en 2019
    Source : Laval économique