Après une carrière de 40 ans en technologies de l’information, en finances et en affaires internationales, tant au privé qu’au public, Christine Beaubien vient de lancer – avec Annick Charbonneau – Accelia Capital, un fonds de capital de risque visant principalement à soutenir les entrepreneuses en techno.

L’entrepreneuse réfléchissait depuis 15 ans à un moyen pour aider les femmes d’affaires en techno qui ont historiquement plus d’obstacles pour obtenir du financement en capital de risque. « Annick et moi, on a les moyens, la capacité et le réseau, affirme Mme Beaubien. On veut aider des entreprises qui ont déjà développé un produit et un peu de ventes, et qui ont besoin d’investissements pour se déployer. »

Forte réponse

Ayant réuni 54 millions de dollars à ce jour et mobilisé une vingtaine de femmes d’affaires pour investir dans le fonds, le duo a également convaincu le gouvernement du Québec, plusieurs fonds d’investissement et des entreprises privées de se joindre à elles. « Je suis impressionnée par cette réponse ! » Et particulièrement fière de diriger le projet au féminin.

Quand j’ai constaté que 90 % des fonds de capitaux de risque étaient lancés par des hommes, je me suis dit qu’il y avait de la place pour un peu de diversité.

Christine Beaubien, cofondatrice et associée directrice d’Accelia Capital et lauréate en 2022 du prix Inspiration-Andrée-Corriveau remis par l’Association des femmes en finance du Québec

Si Accelia veut donner un meilleur accès au financement aux entrepreneuses en techno, leur donner des outils et leur ouvrir des portes, Christine Beaubien veut surtout leur enlever un poids des épaules. « Je sais qu’en lançant une entreprise, tout est à faire. Je suis passée au travers. J’ai connu une belle réussite. Et je veux leur montrer qu’on peut concilier vie personnelle et gestion d’une entreprise en croissance. »

En effet, elle a vécu l’effervescence de la montée d’une jeune pousse, Versus informatique, alors qu’elle avait de jeunes enfants. « C’était stimulant, mais excessivement exigeant. Ça ajoute une coche pour les femmes entrepreneuses d’avoir la charge mentale. »

Elle précise qu’elle ne voulait rien mettre de côté. « J’étais très proche de mes enfants. Je ne voulais pas faire de compromis. Les nuits étaient courtes et mener tout ça de front a été difficile. »

Toujours en mouvement

Elle a traversé ce tourbillon professionnel au début des années 2000, après avoir évolué chez Desjardins, BNP Paribas, Bombardier, au ministère des Affaires internationales et pour Exportation et développement Canada.

Le fil conducteur de ma carrière a été l’innovation, la créativité, être en mouvement, faire des changements et évoluer dans des milieux différents.

Christine Beaubien, cofondatrice et associée directrice d’Accelia Capital

Elle dit avoir navigué dans tous ces milieux pour agrandir son rayon de connaissances et d’expériences. « J’ai toujours envie de connaître de nouveaux milieux et d’entreprendre de nouveaux projets dans d’autres contextes. Je ne veux pas être prise dans un cadre trop restreint. »

Contrairement à certains professionnels qui ont gravi les échelons d’une seule organisation, elle préférait le vertige du renouveau. « Je pense qu’on a la capacité de prendre des risques quand on a de bons plans B, C, D, E et F. »

Une position atteinte grâce à sa formation continue au MBA, en gouvernance et en coopération internationale. « L’acquisition de connaissances est un actif qu’on devrait développer davantage. Plus on a de cordes à son arc, plus on sait qu’il y aura toujours quelque chose qui nous attend. Je n’ai jamais senti d’insécurité grâce à ça. »

Qui est Andrée Corriveau ?

Celle qui a donné son nom au prix Inspiration-Andrée-Corriveau, remis annuellement par l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), a été PDG du Centre financier international de Montréal de 2000 à 2005. Andrée Corriveau a fondé l’AFFQ après avoir assisté au gala de la Financial Women’s Association de New York en 2002. Elle a présidé le conseil d’administration de l’AFFQ de 2002 à 2012.