Le gouvernement du Royaume-Uni a récemment accordé un contrat de quatre ans à SNC-Lavalin pour décarboner près de 4 millions de pieds carrés de locaux de bureaux du secteur public, soit 420 immeubles. Explications.

Décarboner ?

Oui, l’« environnement bâti » pollue et représente à lui seul 40 % des émissions mondiales de carbone, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies. « La grande majorité des bâtiments a été construite il y a 40, 50, 60 ans, et ils vont encore exister en 2050 », explique Sébastien Mousseau, vice-président et directeur général, énergie et énergie renouvelable, pour SNC-Lavalin. Ventilation, chauffage au mazout, lumières, isolation déficiente, etc., les causes de ces émissions sont nombreuses. « Il faut voir l’élément de cause à effet. L’ampoule ne pollue pas comme tel dans un immeuble. Cependant, si l’éclairage est alimenté en électricité par une centrale au charbon ou que le chauffage est une fournaise à gaz, l’immeuble va par extension être la source d’émissions », ajoute M. Mousseau.

L’objectif de SNC-Lavalin est donc de trouver des solutions pour répondre à l’objectif du programme zéro émission du gouvernement britannique. « Notre initiative de “décarbonomie” repose sur l’installation de systèmes à haut rendement, interconnectés par des systèmes et des infrastructures intelligents et écologiques », affirme Harold Fortin, directeur des communications chez SNC-Lavalin.

PHOTO DANIEL LEAL, AGENCE FRANCE-PRESSE

La grande roue, le London Eye, dans le centre de Londres

Une approche en trois étapes

SNC-Lavalin a déjà commencé le travail, et plusieurs immeubles ont atteint les cibles. « On assiste à une réelle volonté politique appuyée par des décisions législatives. Le gouvernement du Royaume-Uni souhaite décarboner le plus vite possible », indique Peter Dunn, directeur associé, Royaume-Uni et Europe, Faithful+Gould, membre du Groupe SNC-Lavalin.

La tâche est loin d’être toujours simple et elle se déroule en plusieurs étapes, comme l’explique Peter Dunn. « Il faut d’abord identifier les sources d’émissions avec une analyse comparative. C’est le benchmarking. Ensuite, on établit la feuille de route, soit : l’état des lieux, les investissements et le temps nécessaire, etc. Il faut déterminer les meilleures solutions techniques. Une fois le plan conçu, on commence les interventions, qui peuvent être réalisées par notre équipe ou d’autres spécialistes. Notre avantage, c’est que nous offrons un clés en main, puisque nous sommes là tout au long du processus. »

Et le Québec, dans tout cela ?

Sébastien Mousseau ne voit pas pour l’instant un tel projet reproduit à court terme chez nous. La raison en est bien simple : les problèmes y sont différents. « On est deux ans en retard par rapport à l’Europe concernant le principe de Net Zéro [zéro émission de CO2], et ce n’est pas parce qu’on ne pollue pas. Au contraire, on génère 8 mégatonnes de gaz à effet de serre au Québec uniquement relié au secteur du bâtiment, ce qui représente 10 % des émissions totales de la province. Donc, oui, il y a des choses à faire. Toutefois, les enjeux sont différents et touchent surtout la problématique du transport. C’est pour cela qu’on mise sur l’électrification des transports et bientôt l’hydrogène vert. »

Le Net Zéro de SNC-Lavalin

L’absence de projets gouvernementaux au pays concernant la décarbonation des immeubles est loin de décourager l’entreprise, qui observe que des promoteurs privés sont de plus en plus enclins à tendre vers le Net Zéro. SNC-Lavalin a aussi fait le pari d’atteindre cet objectif au sein de ses installations d’ici 2030. « On ne peut pas agir en faisant l’autruche, le CO2 ne s’arrête pas à la frontière. En en tant que citoyen corporatif, c’est notre devoir d’être exemplaires en réduisant nos propres émissions lors de nos opérations. Il faut aussi poursuivre nos recherches et notre développement autant en ingénierie, intelligence artificielle ou autres afin d’aider nos clients à atteindre leur propre cible. C’est le défi d’un siècle », soutient Sébastien Mousseau.