Il n’y a pas de mines de cuivre en exploitation au Québec depuis quelques décennies, mais la situation pourrait changer. C’est du moins l’ambition de Kintavar Exploration. L’entreprise vient de commencer le forage à son projet Wabash, près du village de Parent, fusionné à La Tuque, en Mauricie, pour en évaluer la teneur.

« Nous avons trouvé de la minéralisation en surface, jusqu’à 6 % de cuivre par tonne de minerai, mais normalement, on est plus autour de 1 % dans ce projet, alors il faut maintenant forer pour évaluer la teneur moyenne en cuivre », indique Kiril Mugerman, président-directeur général de Kintavar Exploration.

Il précise que la teneur moyenne des mines de cuivre dans le monde est actuellement de 0,6 %.

Kintavar Exploration a aussi fait du forage sur le site Mitchi, à 65 km de là, où la teneur est de 0,5 %. Si Wabash s’avère intéressant sur le plan de la teneur, c’est l’ensemble de ce secteur qui pourrait être exploité.

PHOTO FOURNIE PAR KINTAVAR EXPLORATION

De la minéralisation a été trouvée en surface en creusant des tranchées, dans le projet Wabash, de Kintavar Exploration, en Mauricie. Le forage commence maintenant sous ces tranchées pour déterminer la teneur en cuivre.

La demande mondiale de cuivre est très forte actuellement, puisqu’il est utilisé dans la fabrication de circuits électriques. « On prévoit d’ailleurs un grand manque de cuivre dans le monde notamment en raison des besoins créés par les efforts d’électrification des transports », explique M. Mugerman.

En plus du cuivre, de l’argent a été trouvé en surface à Wabash, dans une teneur de 30 à 60 g par tonne de minerai.

Il y a aussi la présence d’or, de zinc, de plomb : c’est vraiment un projet polymétallique. Pour le moment, nous misons sur le cuivre et l’argent, mais il faudra réaliser d’autres études pour voir s’il serait intéressant d’extraire d’autres métaux.

Kiril Mugerman, PDG de Kintavar Exploration

À proximité des services

Généralement, au Québec, les projets miniers se réalisent dans des secteurs éloignés de tous les services. Ce n’est pas le cas avec ce site, ce qui diminuerait les coûts d’exploitation.

« Il y a un chemin de fer et la ligne d’Hydro-Québec arrête à 12 km du projet, alors c’est certain que si une grande entreprise internationale veut venir exploiter le site, elle construirait une ligne électrique pour rejoindre le réseau d’Hydro-Québec plutôt que d’alimenter la mine au diesel. Ce serait donc un projet plus vert. »

Acceptabilité sociale

Depuis la création de Kintavar Exploration en 2017, travailler avec les populations locales est une priorité. « La société a d’ailleurs été lancée en partenariat avec les propriétaires d’une entreprise du secteur de Mont-Laurier, indique M. Mugerman. Ce n’est pas une région qui est connue pour le développement minier, mais pour l’industrie forestière. Pour nous, il était donc très important, depuis notre arrivée dans le secteur, de travailler avec les gens du coin. »

Kintavar Exploration a d’ailleurs acquis la pourvoirie Fer à cheval, au nord de Mont-Laurier. « Elle roule 12 mois sur 12 et nous embauchons des gens locaux, précise M. Mugerman. Nous utilisons aussi cet espace comme centre d’opérations pour l’exploration, nous y gardons de l’équipement et nous y logeons des travailleurs d’Hydro-Québec. »

Pour nous, c’est une manière d’introduire l’industrie minière dans le secteur en travaillant avec les communautés, notamment autochtones.

Kiril Mugerman, PDG de Kintavar Exploration

Cette attention à l’acceptabilité sociale a des chances d’aider à convaincre une grande entreprise de venir exploiter ce secteur. « C’est quelque chose d’important pour les grandes entreprises maintenant, affirme M. Mugerman. Ce n’est plus comme il y a 20 ou 30 ans, lorsque les minières arrivaient et arrachaient tout. »

Les résultats du forage de Wabash sont attendus pour le début de 2022.