« Au cœur de la décarbonation de la planète, il y a l’aluminium. » C’est ainsi que Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), qualifie l’importance et le rôle stratégique que joue le métal gris dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tout le monde industrialisé.

À cet égard, le plan stratégique 2015-2020 de l’AAC était bien clair. On y stipulait que l’objectif ultime est que l’industrie canadienne de l’aluminium primaire soit reconnue comme un modèle de classe mondiale de prospérité durable. Alors que l’on s’approche de la publication du prochain plan quinquennal, Jean Simard assure que l’on maintient la trajectoire.

Le Québec représente 90 % de la production d’aluminium au Canada, soit 2,8 millions de tonnes métriques, grâce à l’abondance de ses capacités hydroélectriques. Dans les faits, 96 % de la production canadienne d’aluminium utilise l’énergie hydroélectrique.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Simard

Bien que l’empreinte carbone soit la plus faible au monde, la prochaine étape est de passer d’une production de low carbon à une production de no carbon.

Jean Simard. président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada

La Chine aimerait bien s’approcher du modèle canadien, mais pour l’instant, elle ne joue pas de chance. Le plus grand producteur mondial d’aluminium au monde, China Hongqiao Group, vient d’investir une fortune pour relocaliser une partie de sa production dans de nouvelles installations dans le sud de la Chine où les ressources hydroélectriques sont plus abondantes. Malheureusement, l’endroit est maintenant aux prises avec une sécheresse majeure.

Le recyclage

S’il y a une tendance lourde dans notre société, c’est bien celle du recyclage. Les consommateurs veulent recycler, plusieurs préfèrent acheter des produits dont l’emballage est fait de matière recyclée, et ce, même s’ils doivent payer un peu plus cher.

Nul doute que le recyclage de l’aluminium constitue une méthode importante dans la réduction de l’empreinte carbone, explique François Racine, président-directeur général d’AluQuébec, la grappe industrielle de l’aluminium du Québec. L’aluminium se recycle entièrement et à l’infini, d’où ses propriétés écologiques.

Le recyclage de l’aluminium est relativement simple et requiert seulement 5 % de l’énergie du procédé de production initial d’électrolyse. Il est estimé que 75 % de l’aluminium produit depuis la découverte du procédé d’électrolyse est toujours en circulation et réutilisé ou recyclé. Son cycle de vie est une boucle infinie. « On cherche continuellement à augmenter le taux de recyclage de l’aluminium », dit François Racine.

1,93 tonne équivalent de CO2

L’empreinte carbone laissée par l’industrie de l’aluminium canadienne est de 1,93 tonne équivalent de CO2 par tonne d’aluminium produite. Elle est la plus faible au monde. En comparaison, l’empreinte carbone est de 17 à 21 tonnes en Chine, où l’énergie fossile demeure la première source d’énergie utilisée dans la production.

Source : Association de l’aluminium du Canada

Le défi

La relance économique sera verte, nous dit-on. Et plus que jamais, la plupart des industries auront à faire face à des enjeux environnementaux et climatiques. Bien que sa position en matière environnementale demeure envieuse, l’industrie de l’aluminium devra aussi faire face à ses défis. Pour elle, il s’agira d’abord d’un enjeu de production, croit Jean Simard.

Depuis le début de l’année, le prix de l’aluminium est en hausse de 44 %. La Chine, qui compte pour 50 % de la consommation d’aluminium, n’est certainement pas étrangère à ce phénomène.

Qui dit hausse de prix dit généralement insuffisance de l’offre pour répondre à la demande. Les développements rapides dans l’électrification des transports viennent exacerber la demande d’aluminium. « L’allègement des véhicules et la confection de batteries légères nécessitent une utilisation importante d’aluminium », dit Jean Simard. Le spectre d’une production insuffisante est bien réel.