De l’aluminium anodisé qui tue les bactéries et empêche la contamination croisée ? Non, ce n’est pas de la science-fiction. Cette technologie novatrice, originaire du Saguenay et commercialisée par A3 Surfaces, est sur le point de prendre son envol à l’échelle mondiale. Un futur fleuron québécois ?

En cette ère de pandémie mondiale, la technologie antimicrobienne d’A3 Surfaces (ou A3S) arrive à point nommé. « Je n’oserais pas appeler ça une révolution, mais c’est en tout cas un important changement de paradigme », soutient le DGuy Leblanc, l’un des trois principaux actionnaires de la PME qui vient tout juste d’inaugurer de nouvelles installations à Saguenay.

D’ici quelques années, l’usine générera des revenus avoisinant les 100 millions US, espère M. Leblanc. Dans un deuxième temps, confie-t-il, A3S pourrait envisager de vendre sa technologie sous licence partout dans le monde.

Ce chirurgien maxillo-facial n’en démord pas : A3S offre un produit unique au monde. « Les applications sont illimitées, dit-il. Notre produit peut être utilisé sur tout ce qui est en aluminium anodisé [cadres, rampes, barres, poignées, surfaces, etc.] et qu’on retrouve dans les hôpitaux, les cliniques, les garderies, les écoles, les résidences pour personnes âgées, les transports en commun, les édifices publics, etc. Les surfaces traitées se nettoient elles-mêmes et le traitement dure plusieurs années. »

Technologie verte

Selon le médecin-entrepreneur, le traitement antimicrobien de la PME offre des avantages d’un point de vue environnemental. Tout d’abord, il sert à traiter des pièces d’aluminium produites au Québec avec de l’hydroélectricité, ce qui en fait un produit vert. Et, comme chacun sait, l’aluminium est recyclable.

Mais surtout, dit-il, le procédé biocide d’A3S permettrait de réduire l’utilisation de médicaments et, par ricochet, de produits désinfectants, particulièrement dans le milieu hospitalier.

PHOTO FOURNIE PAR A3 SURFACES

Le Dr Guy Leblanc, l’un des trois principaux actionnaires de la PME qui vient tout juste d’inaugurer de nouvelles installations à Saguenay.

Lorsqu’un patient contaminé quitte une chambre, il faut la décontaminer au complet. Ça prend du temps et ça nécessite des produits désinfectants très puissants. Diminuer les produits nettoyants dans les hôpitaux serait déjà une victoire. Un produit traité demeure efficace pour plusieurs années.

Guy Leblanc, l’un des trois principaux actionnaires d’A3 Surfaces

Le procédé antimicrobien de la PME de 20 employés serait entre autres efficace contre la gastro-entérite, la grippe et la bactérie E. coli. Il en serait de même contre la COVID-19. Mais pour le moment, Guy Leblanc se garde de tabler sur cet argument marketing. Selon lui, la communauté scientifique n’aurait pas encore prouvé hors de tout doute que les surfaces sont des vecteurs de transmission du virus.

Grosse besogne en vue

Pour l’heure, la jeune entreprise fondée en 2015 a le feu vert pour commercialiser sa technologie dans les 27 pays de l’Union européenne. « Mais ce qu’on vise avant tout, c’est de conclure nos homologations en Amérique du Nord pour y faire des ventes. On veut également s’assurer d’avoir la meilleure protection intellectuelle possible », explique Guy Leblanc.

La nouvelle usine d’A3S, en très grande partie automatisée, a une capacité de production annuelle de 30 millions de décimètres carrés (dm2) d’aluminium, soit l’équivalent de 15 000 terrains de tennis. Parlant de sport de raquette, le joueur de tennis Félix Auger-Aliassime a tellement aimé le concept et les valeurs de l’entreprise qu’il en est devenu ambassadeur et actionnaire minoritaire.