Au plus fort de la première vague de COVID-19, CAE a conçu et fabriqué 8300 respirateurs pour le système de santé canadien, en plus de nouer plusieurs nouveaux liens d’affaires. Si elle misait déjà sur la santé comme l’un de ses trois principaux secteurs d’activité, avec l’aviation civile et le monde militaire, l’entreprise veut s’assurer d’être au premier rang des transformations qui s’annoncent.

Retour en arrière. En mars 2020, le monde avait un urgent besoin de masques N95 et de respirateurs. Des hôpitaux débordaient. Les besoins en santé se multipliaient.

« En tant qu’ingénieurs, il était hors de question qu’on reste assis sur nos deux mains pendant que la pandémie décimait les gens, se souvient Marc St-Hilaire, vice-président technologies et innovation. Chez nous, tout le monde a levé la main pour aider. »

Première étape : participer à l’importation de masques. « En tant que leader mondial, notre département stratégique avait des relations très poussées en Chine, ce qui nous a permis de faire venir 150 000 masques N95 que nous avons vendus aux gouvernements canadien, québécois et manitobain. »

Le plus gros changement est venu plus tard, lorsque l’entreprise a constaté le manque spectaculaire de respirateurs d’un océan à l’autre. « En quelques mois, nos équipes se sont dévouées sept jours sur sept pour créer un respirateur homologué par Santé Canada et la Food and Drug Administration aux États-Unis, en plus d’obtenir la certification ISO 13 485, soit la porte d’entrée pour ceux qui veulent fabriquer des équipements médicaux. »

Un processus de design, de fabrication et de contrôle de qualité qui a transformé la perception des dirigeants de CAE sur leur organisation.

Avant la pandémie, nous étions une compagnie très ancrée dans la formation. Depuis, on se voit comme une compagnie de deep technology capable de fabriquer des systèmes extrêmement complexes.

Marc St-Hilaire, vice-président technologies et innovation chez CAE

Autre héritage de la crise : le besoin de distanciation dans les services de formation. « Les gens ne voulaient plus être proches dans une salle de cours ou un simulateur de vol. Nous avons donc innové pour offrir une formation à distance qui va plus loin que Zoom ou Teams. »

Par exemple, dans le monde médical, les formations avec mannequins automatisés sont désormais accessibles en ligne grâce à la réalité augmentée ou à la réalité virtuelle, qui permettent de reproduire des aspects du corps humain comme la circulation sanguine, la respiration et le pouls.

Que restera-t-il ?

CAE ne poursuivra pas ses activités de fabrication de respirateurs. « Après une période durant laquelle tout le monde pensait que les respirateurs étaient essentiels pour faire face à pandémie, le domaine médical s’est rendu compte que ce n’était pas la meilleure manière de traiter les patients affectés par la COVID-19. Durant des mois, plusieurs gros joueurs en ont fabriqué de deux à dix fois plus qu’avant, ce qui suffira pour les besoins de la planète au cours de la prochaine décennie. »

Cela dit, l’entreprise voit ses activités se transformer dans l’avenir. La raison est simple : d’innombrables analystes industriels ont affirmé que 2020 était l’année durant laquelle la technologie allait transformer le secteur de la santé. « L’urgence a forcé l’acceptation de nouvelles façons de faire. Par exemple, quand je rencontre mon docteur, je le vois désormais à travers un écran. Ces nouvelles réalités vont ouvrir la voie à plusieurs transformations, comme les capteurs à distance pour prendre les signes vitaux. La pandémie a tout accéléré. »