Il y a 12 ans, Maurice Ohnona, président d’Éclairages Pa-Co, a fait le choix de garder son entreprise à Laval. Pas question de délocaliser en Chine la fabrication de ses luminaires de spécialité, qui se retrouvent dans des immeubles institutionnels, industriels, commerciaux (salles d’opération, métros, etc.). Mais pour ça, il fallait s’automatiser.

« On m’a traité de fou parce que j’avais décidé d’acheter un robot, mais pour moi, cela n’avait aucun sens d’aller fabriquer mes produits à 10 000 km de chez nous. Je ne voulais pas devenir seulement un distributeur et c’était une façon de réagir rapidement aux problématiques », se souvient l’homme d’affaires.

Suivre le courant

Pendant très longtemps, l’éclairage a été considéré comme un secteur à maturité avec une faible évolution, mais les choses ont changé avec la technologie. Aujourd’hui, l’éclairage évolue rapidement et il faut être flexible.

Le côté architectural est désormais très important, sans parler de l’intégration des systèmes de contrôle. Les luminaires sont maintenant intelligents et polyvalents. Chaque projet est différent et la qualité des produits est primordiale.

André Ohnona, vice-président d’Éclairages Pa-Co

Pour suivre le courant, l’entreprise s’est dotée au fil des ans de systèmes de découpe au laser à commande numérique, de poinçonneuses à commande numérique, de presses-plieuses automatisées à commande numérique et d’une chaîne de peinture électrostatique à revêtement en poudre. Bénéfiques pour le développement des produits et la productivité, ces machines ne sont toutefois pas des voleuses d’emplois. « On n’a pas remplacé des emplois par l’ajout de ces machines. Au contraire, j’ai besoin de gens pour les opérer. D’ailleurs, comme tout le monde, on cherche des employés », soutient Maurice Ohnona, dont l’entreprise emploie une cinquantaine de personnes.

Laval monte dans le train

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Maurice Ohnona, président d’Éclairages Pa-Co, et André Ohnona, vice-président

Les investissements ne sont pas terminés chez Éclairages Pa-Co ; Maurice Ohnona aimerait bien ajouter deux autres robots et il compte sur le nouveau programme de la Ville de Laval pour lui donner un coup de main. Lancé en mai dernier, l’Accélérateur d’opportunités – soutien à la productivité vise à aider les entreprises dans leurs projets de transformation numérique.

Laval compte 569 manufacturiers, mais il est difficile d’avoir un portrait exact de leur degré d’automatisation. « Nous n’avons pas encore le portrait exact de la situation, mais à la suite de rencontres avec les gens d’affaires, nous savons que la transformation numérique est une priorité. D’ailleurs, la COVID-19 a accéléré les transformations en ce sens », indique Lidia Divry, directrice du Service de développement économique de la Ville de Laval.

Ne plus travailler en silo

Pour le secteur manufacturier, l’internet des objets (capteurs, robots, etc.) est bien souvent une des technologies mises en priorité. C’est la raison pour laquelle Laval, par l’entremise de son nouveau programme, va offrir une subvention pouvant atteindre 125 000 $, soit 25 % du coût d’acquisition d’un équipement avec une bonification pour les projets ayant un volet internet des objets. En tout, la Ville espère accompagner une centaine d’entreprises.

Lidia Divry voit toutefois beaucoup plus large : elle veut questionner les entreprises sur leur maturité numérique et adapter les services aux réalités de chacune. « C’est terminé, le travail en silo. Il faut être flexible et accompagner les manufacturiers dans leur processus de changement. On s’adapte et personnalise nos services, et nous allons même disposer de trois experts en transformation numérique. Le parcours se définit par un diagnostic, un plan de mise en œuvre de la transformation technologique, l’achat d’équipement, le tout soutenu par une planification stratégique documentée », croit Lidia Divry.