La parité hommes-femmes dans les trois grandes institutions financières québécoises n’est pas un enjeu si l’on en juge par la représentation féminine dans l’ensemble du personnel. Mais en jetant un coup d’œil aux postes de cadres supérieurs, on voit un portrait quelque peu différent. « C’est là qu’est le défi », affirme Julie Bélanger, responsable, Diversité et inclusion, chez Desjardins.

En effet, les femmes comptent pour 66 % du personnel chez Desjardins, mais elles n’occupent que 38 % des postes de cadres supérieurs. La situation est sensiblement la même à la Banque Nationale, où les femmes comptent pour 58 % du personnel, mais pour 34 % des postes de direction. À la Banque Laurentienne, on dénombre 55 % de femmes à travers l’organisation, et celles-ci occupent 9 des 19 postes de direction.

Quant à la place des femmes aux conseils d’administration, elle se situe à 33 % au conseil de la Fédération des caisses Desjardins et à 43 % à celui de la Banque Nationale. À la Banque Laurentienne, des femmes occupent la moitié des 10 sièges au C.A.

La disponibilité du marché

La représentation féminine dans les banques québécoises est certainement forte. Les résultats de l’enquête du gouvernement canadien sur la disponibilité des femmes sur le marché du travail se situent à 48,2 %. Mais l’enquête explique peut-être aussi en partie la difficulté que rencontrent les banques à pourvoir les postes de cadres supérieurs par des femmes, car elle établit la disponibilité de celles-ci sur le marché pour ce genre de postes à 27 %, note Lucie Houle, vice-présidente, Talent et culture, à la Banque Nationale.

Les conclusions de l’enquête du gouvernement canadien sont toutefois encourageantes pour les femmes qui espèrent accéder à des postes supérieurs. « La hausse marquée de leur niveau de scolarité dans le domaine des affaires devrait se traduire par une hausse de la disponibilité des femmes pour les postes de gestion », écrivent-ils.

La force du nombre

Chez Desjardins, le bassin est là pour favoriser l’accès des femmes aux postes de cadres supérieurs, assure Julie Bélanger. « Pour y arriver, on s’assure d’abord de la présence d’ambassadeurs pour favoriser et développer les initiatives », dit-elle. Ensuite, on crée des partenariats avec des groupes comme, entre autres, le regroupement des femmes en affaires. Enfin, on s’assure de créer des programmes afin de cibler celles possédant un fort potentiel et de favoriser leur ascension.

Depuis 10 ans, on constate chez Desjardins une croissance du nombre de femmes dans des postes de cadres supérieurs parce que l’on s’en occupe.

 Julie Bélanger

« La présence de Mme Monique Leroux à la tête de l’institution de 2008 à 2016 a pu être un facteur », ajoute-t-elle. L’objectif est d’atteindre la parité en 2024.

À la Banque Nationale, les leaders de l’entreprise sont très engagés à développer le talent des femmes par le coaching et de nombreuses autres interactions, explique Lucie Houle. En 2012, on lançait le réseau Femmes en tête pour les employées de la banque désireuses de progresser en tant que gestionnaires dans l’organisation. « Le réseau fonctionne toujours bien et il assure de créer des liens entre les femmes de différents secteurs de la banque », dit Mme Houle. Femmes en tête permet entre autres à celles-ci d’étendre leur réseau professionnel et de faire valoir leur leadership.

Leadership féminin

À la Banque Laurentienne, la diversité est bien ancrée dans les pratiques de dotation, assure Hélène Soulard, vice-présidente adjointe, Communications. « Notre institution a toujours été un chef de file de son industrie en ce qui a trait au leadership féminin », dit-elle.

En 1998, la Laurentienne a été la première banque canadienne à nommer une femme à la tête de son conseil d’administration. « Cette diversité hommes-femmes fait partie de notre ADN », dit Mme Soulard.