Un récent sondage réalisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) révèle que le télétravail n’est pas prêt de disparaître. En effet, 74 % des répondants envisagent d’élargir les mesures de télétravail par rapport à celles en place avant la pandémie. Comment ne pas perdre le cap et continuer de motiver les troupes ? Les conseils de deux experts.

Une crise révélatrice de talent

Selon Alain Gosselin, professeur honoraire à HEC Montréal, le dicton anglais qui dit qu’il ne faut jamais gaspiller une bonne crise est plus que jamais d’actualité. « Il faut être attentif au talent qui se révèle. Vos gens se sont adaptés, donnez-leur des responsabilités, faites-leur confiance. C’est une belle occasion de déléguer. » Fini la microgestion, place à l’autonomie. Mais attention, il faut que le travail derrière son ordinateur ait du sens. « Les employés ont besoin de savoir que leur travail a un impact. Pour s’en assurer, on peut morceler les livrables d’un projet. On doit célébrer les petites victoires », soutient Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA.

Recréer la machine à café à distance

Une des principales inquiétudes face au télétravail est le sentiment de perte de culture de l’entreprise et une absence de connexion entre les employés. Pour préserver les interactions sociales, il faut créer de l’informel. « Pourquoi ne pas se brancher de 8 h à 8 h 15 et discuter de tout et de rien ? On pourrait même faire un bingo en plein milieu de la semaine. Ce n’est pas une perte de temps, mais plutôt une façon de bâtir des connexions. Les contacts et les amitiés au travail sont une source de fidélisation des employés », explique Manon Poirier.

Voir au-delà de l’écran

Si certains employés sont de retour au bureau, il ne faut pas oublier ceux qui sont encore à la maison. Attention aux écarts de traitement. « La rétroaction est plus importante que jamais et les plus beaux dossiers se doivent toujours d’être répartis équitablement », estime Alain Gosselin. Se soucier de son personnel et voir au-delà de ce qui se cache derrière l’écran sont tout aussi importants. « On entre dans les maisons de nos employés. Oui, il faut respecter la réserve, mais on doit agir avec bienveillance et savoir détecter les signes de ceux qui vont moins bien. Nous ne sommes pas des psychologues, mais on peut référer des ressources », explique Manon Poirier.

Un recul nécessaire pour les gestionnaires

Capitaine à la barre, le gestionnaire doit être optimiste pour soutenir ses troupes, mais la cadence des derniers mois n’a pas été de tout repos et a miné la confiance de plusieurs. « Environ 40 % des gestionnaires disent avoir perdu confiance en leur capacité de gérer les travailleurs à distance, ce n’est pas rien », mentionne Alain Gosselin. Pour renverser la situation, l’expert estime que ces professionnels doivent prendre du recul et discuter de ce qu’ils vivent avec leurs confrères. « C’est maintenant que c’est difficile, car c’est la durée qui épuise les gestionnaires. Écoutez-vous, dormez bien, ne vous isolez pas. Bref, prenez soin de vous pour être en mesure de prendre soin des autres », conseille Alain Gosselin.