Redonner de l’autonomie aux enfants privés de l’usage de leurs membres en créant des outils sur mesure. C’est la mission de Guillaume Gaudet, doctorant à Polytechnique Montréal. Installé dans un laboratoire du Centre de réadaptation Marie Enfant du CHU Sainte-Justine, il peut produire ces outils à faible coût grâce à l’impression 3D. Le concept fonctionne si bien que le doctorant a même cofondé une entreprise pour pouvoir maintenant répondre aux besoins des travailleurs.

La mission

Une prothèse de main mécanique créée sur mesure pour les enfants. Un exosquelette anti-gravité qui soutient les membres supérieurs des enfants atteints d’une maladie neuromusculaire qui les prive de force dans les muscles fléchisseurs des bras. Voilà ce que produit Guillaume Gaudet dans son quotidien. D’après les dimensions de l’enfant, il modifie le plan, et l’impression 3D est réalisée en quelques jours.

Il existait déjà des options sur le marché, mais souvent, elles ne sont pas adaptées aux besoins des patients et dispendieuses, particulièrement pour les enfants puisqu’ils grandissent rapidement, donc ils utilisent une prothèse quelques mois ou un an avant de devoir la changer.

Guillaume Gaudet, doctorant à Polytechnique Montréal en génie mécanique

Un travail d’équipe

Guillaume Gaudet réalise son doctorat avec Sofiane Achiche, directeur du Laboratoire de conception de systèmes intelligents et mécatroniques, ainsi qu’avec Maxime Raison, titulaire de la Chaire de recherche en génie de la réadaptation pédiatrique. C’est à la demande des spécialistes du Programme des aides techniques du centre Marie Enfant que Guillaume Gaudet s’est lancé dans ce projet. Ils travaillent en collaboration pour développer les outils, les tester, recueillir de la rétroaction et réaliser des améliorations. Comme le programme a un permis du ministère de la Santé et des Services sociaux l’autorisant à traiter directement avec la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), il a rapidement été possible de permettre le remboursement de la main mécanique aux familles. Les démarches pour rembourser l’exosquelette sont en cours. Des discussions ont aussi lieu avec un centre pédiatrique en France intéressé par l’exosquelette.

L’élément déclencheur

« Mon père a la sclérose en plaques, il se déplace en fauteuil roulant et il a beaucoup de difficulté avec sa dextérité, indique Guillaume Gaudet, qui a réalisé un baccalauréat en génie biomédical à Polytechnique Montréal. C’est pour cette raison que le développement d’outils pour aider les gens avec des limitations fonctionnelles m’a attiré. Pour aider mon père, il faudrait développer un exosquelette motorisé pour supporter ses mouvements. C’est beaucoup plus complexe que notre exosquelette passif avec des ressorts et des élastiques, mais on pourrait se lancer dans ce genre de projet éventuellement. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Guillaume Gaudet utilise l’impression 3D pour créer ses prothèses.

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C’est le nombre de cofondateurs de l’entreprise Biolift incorporée l’an dernier. Avec Samuel Lecours, Laurent Blanchet et Mathieu Ramananarivo, Guillaume Gaudet a l’intention d’attaquer le marché des travailleurs avec ses outils d’aide à la mobilité. Par exemple, l’exosquelette pourrait aider à la réalisation de tâches répétitives ou qui demandent un grand effort. L’objectif serait de réduire la fatigue des travailleurs, de les rendre moins à risque de blessures et de pouvoir prolonger leur vie professionnelle. Déjà, un partenaire a manifesté son intérêt à Biolift pour réaliser des tests et continuer d’améliorer le produit.