Le Port de Montréal envisage d'approfondir le chenal du fleuve Saint-Laurent entre Québec et Montréal afin de concurrencer les ports américains qui, depuis quelques années, adaptent leurs infrastructures pour accueillir de plus gros navires.

«Nous sommes à un carrefour. Nous devons agir pour nous maintenir dans le peloton de tête ou nous laissons le peloton de tête s'éloigner et nous en subissons les conséquences», dit Daniel Dagenais, vice-président aux opérations au Port de Montréal.

Mesures déployées

Nombre de mesures ont été déployées au cours des années pour augmenter le transport de marchandises. En mai 2013, Transports Canada a fait passé de 32 à 44 mètres la largeur permise des navires dans cette section.

Le Port de Montréal a pour sa part adopté de nouvelles technologies pour assurer une plus grande efficacité à la navigation. Toutefois, à moyen terme, ces initiatives ne pourront à elles seules assurer la compétitivité du Port de Montréal, concède Daniel Dagenais.

Selon une étude réalisée il y a quelques années par l'Association des armateurs canadiens, chaque pouce de profondeur supplémentaire correspond à l'équivalent de 120 tonnes de marchandises par navire.

Concurrence américaine

Le Port de Montréal fait face à une vive compétition des ports américains. Entre 2013 et 2018, pas moins de 9 milliards US seront investis pour approfondir et élargir les chenaux et les ports de Charleston, Jacksonville, Miami, New York et Savannah.

Nicole Trépanier, présidente de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), souligne que la question du dragage se pose: «Est-ce que tôt ou tard nous devrons pouvoir accueillir de plus gros navires avec une plus grande profondeur si nous voulons, comme pays, rester dans la course?»

Son de cloche similaire de la part de Jean-François Belzile, de la Fédération maritime du Canada, organisation qui représente les armateurs: «Nous ne sommes pas directement impliqués dans le dossier, mais nous appuyons la démarche du Port de Montréal.»

Réduire des hauts-fonds

De combien de pouces pourrait être creusé le chenal? «Il faudra faire la part des choses entre le volume à draguer et les gains nets», répond Daniel Dagenais, du Port de Montréal.

Pour l'essentiel, il s'agirait de réduire des hauts-fonds qui relient des fosses plus profondes, dit-il. «Nous ne venons pas affecter l'écosystème du fleuve Saint-Laurent en son entier. Croire cela serait très généraliste et être un peu myope intellectuellement.»

Nicole Trépanier se veut également rassurante: «Nous ne jouons pas à la roulette russe avec le Saint-Laurent. C'est notre terrain de jeu et notre gagne-pain. Pourquoi risquerions-nous des accidents ou des déversements dans le Saint-Laurent?»

Histoire de l'autoroute H2O

Le chenal du fleuve Saint-Laurent a été dragué à plusieurs reprises au cours des 150 dernières années. Le chenal est passé d'une profondeur de 4,2 m en 1857 à 11,3 m en 1998. Au cours de la même période, sa largeur est passée de 45 mètres à 230 mètres. La dernière campagne a permis de draguer 48 hauts-fonds entre Montréal et Québec.

Source; Centre du Saint-Laurent Environnement Canada





À l'ère des navires post-Panamax

Depuis un an et demi, les navires post-Panamax - ceux dont la taille est supérieure à ce que permet le canal de Panama - peuvent naviguer sur la voie maritime du Saint-Laurent. La largeur permise est passée de 32 à 40 mètres, puis finalement à 44 mètres, en mai 2013. Le tirant d'eau reste par ailleurs le même. La quille ne peut passer à moins de 60 mètres du fond du chenal. En 2013, le port a reçu la visite de sept navires de type post-Panamax.

PHOTO FOURNIE PAR IMABARI SHIPBUILDING CO.

Le post-Panamax Double Fortune construit par Imabari Shipbuilding Co.