Depuis mai dernier, une enquête scientifique est en cours sur l'innovation ouverte québécoise. Trente entreprises québécoises du secteur de l'aéronautique ont déjà répondu au questionnaire, qui porte sur leurs pratiques d'innovation ouverte et collaborative.

«Notre équipe veut approfondir les connaissances sur les pratiques d'innovation ouverte dans quatre grands secteurs stratégiques pour le Québec et le Canada: les nanotechnologies, les sciences de la vie, les technologies de l'information et l'aéronautique/aérospatiale», explique Catherine Beaudry, professeure-chercheuse à Polytechnique Montréal et auteure de l'enquête.

Une fois ces pratiques connues, on s'alignera sur le second objectif: transférer d'un secteur aux autres les pratiques performantes.

Cette enquête fait partie d'un programme plus vaste, le Partenariat pour l'ouverture de l'innovation dans les nouvelles technologies (POINT).

Ce programme a reçu 200 000$ pour trois ans d'Industrie Canada. «Nous voulons ultimement construire un indicateur statistique de l'innovation ouverte et nous donner un instrument de mesure de la performance des compagnies et des grappes industrielles qui en font», explique Mme Beaudry.

Si Industrie Canada a financé l'enquête et le programme, c'est qu'elle en attend des retombées concrètes pour elle. «Si nous obtenons un instrument fiable de mesure de la performance de l'innovation ouverte, nous pouvons améliorer les instruments politiques. Notamment en amenant Industrie Canada à subventionner ce qui performe et à se tenir loin de ce qui ne fonctionne pas.»

Approche émergente

Le problème avec l'innovation ouverte, estime Catherine Beaudry, c'est le même qui touche toutes les expressions à la mode dans le monde des affaires. Tout le monde en parle, mais personne ne sait ce que c'est.

«Il y a deux semaines, j'ai fait une présentation à Industrie Canada. Chaque personne avait sa définition, et même quelques-unes ont reconnu ne pas savoir du tout de quoi il s'agissait. Et dans l'industrie, chacun se vante d'en faire. C'est l'expression la plus galvaudée des 12 derniers mois.»

Et ne comptez pas sur une définition juridique. «En matière d'innovation ouverte, il n'existe ni définition ni cadre juridique, confirme Annie Gauthier, associée dans le cabinet d'avocats Davies, Ward, Philips et Vineberg. Les contrats qui concrétisent une collaboration dite ouverte entre entreprises et organismes de recherche sont à géométrie variable. On y met ce qu'on veut. Dur de ramasser ça en une définition juridique.»

Alors, qu'est-ce qui est de l'innovation ouverte? L'inventeur de l'expression est Henry Chesbrough, professeur en administration des affaires à l'Université de Berkeley, en Californie.

En gros, Chesbrough la définit comme échange de renseignements avec des collaborateurs externes pour accélérer l'innovation interne à l'entreprise.

Et c'est bien plus que de la simple sous-traitance d'activités périphériques. «On ouvre à l'extérieur les connaissances qui sont au coeur même de l'entreprise, on les partage», souligne Mme Beaudry.

Les résultats de l'enquête en cours nous feront savoir à quel point ce partage de connaissances fondamentales est une réalité chez nous.