Nous l'avons dit dès la première chronique : le succès, en gestion de portefeuille, repose sur la répartition dans les différentes catégories d'actifs. C'est ce qui influencera le plus votre rendement. Le processus de gestion, c'est l'élaboration de la combinaison des avoirs. Et pour maximiser le rendement, cette combinaison doit varier en fonction de l'évolution des conditions économiques. Mais comment fait-on pour déterminer les actifs qu'il faut détenir?

Le cycle des actions

Il y a un rapport étroit entre le cycle des actions et le cycle économique. Les deux se ressemblent, mais généralement le cycle des actions précède le cycle économique de 6 à 12 mois.

C'est la compréhension de ces cycles qui permettra de déterminer à quel moment il faut passer des actions aux bons du Trésor, puis aux obligations, et enfin revenir aux actions.

Le cycle des actions comporte quatre étapes : la contraction, le creux, l'expansion et le sommet. Que faire à chacune de ces étapes ? L'Institut canadien des valeurs mobilières offre dans son Cours sur le commerce des valeurs mobilières un schéma très intéressant des stratégies générales de placement en fonction du cycle.

1. La contraction

À ce stade, les conditions économiques propres à la récession commencent à apparaître. Le rythme de la croissance économique ralentit, voire même se contracte.

Que faire de son portefeuille ? Il faut d'abord rallonger l'échéance des obligations en vendant les obligations à court terme (ou bons du Trésor) pour acheter celles à moyen et à long terme. Comme on prévoit que les taux baisseront à cause du ralentissement économique, il faut faire le plein de titres à long terme.

Les actions, principalement celles des compagnies des secteurs cycliques (énergie, matières premières, etc.), risquent de se faire malmener. Il faut donc réduire le plus possible les actions cycliques, et conserver plutôt celles à caractère défensif (consommation courante, consommation discrétionnaire, etc).

2. Le creux

C'est la période qui chevauche la fin de la contraction et le début de l'expansion. Les taux d'intérêt sont alors très bas et des signes de reprise commencent à apparaître.

Que faire de son portefeuille ? Il faut vendre les obligations à long terme qui se sont fortement appréciées grâce à la baisse des taux d'intérêt et pour lesquelles le potentiel de gains supplémentaires est maintenant très réduit.

Il faut aussi être très vigilant, car les actions ordinaires connaissent habituellement une forte embellie dès ce stade du cycle. Les actions cycliques à risque plus élevé seront les premières à redémarrer. Il faut s'empresser de regarnir le portefeuille d'actions.

3. L'expansion

La croissance économique se poursuit. Et ces conditions peuvent durer pendant plusieurs années.

Que faire de son portefeuille ? Il faut favoriser les actions ordinaires, car la croissance économique soutenue leur permet généralement de bien se porter.

Mais durant cette étape du cycle des actions, le marché des actions connaîtra des périodes de recul. On les appelle les corrections. Il importe d'en être bien conscient, car ce sont durant ces périodes que l'on risque de prendre de mauvaises décisions quant à la combinaison des actifs. Les investisseurs doivent avoir les nerfs solides afin de résister à la tentation de vendre leurs actions de façon prématurée lorsque ces replis de marché se produisent.

4. Le sommet

La croissance économique a été soutenue pendant une longue période de temps, mais elle a entrainé une hausse des taux d'intérêt, et souvent une hausse du taux d'inflation. La banque centrale doit alors resserrer le crédit.

Que faire de son portefeuille ? Réduire les actions et investir dans les titres de court terme. La phase du sommet peut durer plusieurs mois, et parfois donner l'impression que l'expansion économique n'aura pas de fin. Prenez garde, car la phase de contraction suivra inévitablement, et les actions se replieront forcément.

La gestion continue

Gérer son portefeuille comporte donc un travail continu qui doit être fait rigoureusement.

Vous aurez besoin de beaucoup d'outils. Des études économiques vous permettant de déterminer la conjoncture et les cycles, des analyses de secteurs et de titres afin d'acheter les bonnes actions, ainsi que de bons résumés d'analyse technique pour vous aider à prendre action lorsque le moment est propice.

Heureusement, grâce au développement des moyens de communication, tout cela est disponible. Votre courtier dispose de tous ces outils, et pour la plupart, ils sont aussi disponibles sur les plateformes électroniques des courtiers à escompte.

Tout ce qu'il vous reste à faire, c'est d'y mettre le temps et la détermination.

Bonne chance.

NOTE. Un merci spécial à l'Institut canadien des valeurs mobilières qui nous a donné gracieusement accès à sa documentation tout au long de ces chroniques.