Si on se fie au Plan Nord, les investissements miniers au nord du 49e parallèle devraient dépasser les 30 milliards d'ici 25 ans.

À moyen terme, les sommes investies dans le développement de 11 projets devraient déjà avoisiner les 20 milliards et créer 11 000 emplois durant la construction, puis maintenir annuellement 4000 autres emplois liés à l'exploitation des mines et des usines de transformation.

Voici une liste des principaux projets qui retiennent l'attention.

1 S'il se concrétise, le projet Otelnuk d'Adriana Resources sera, dit-on, le plus important projet minier de l'histoire du Canada. Le potentiel d'exploitation de ce gisement de fer serait centenaire.

L'entreprise chinoise Wisco (5e sidérurgiste en importance au monde) financera la presque totalité de cette aventure qui nécessitera un investissement évalué entre 10 et 13 milliards. L'une des pièces maîtresses du projet: la construction d'un chemin de fer de 850 km menant jusqu'au port de Sept-Îles. Ce nouveau complexe minier situé près du lac Otelnuk, entre Schefferville et Kuujjuaq, devrait être opérationnel en 2016, si les études de préfaisabilité, puis de faisabilité sont concluantes. Plus de 4000 personnes pourraient y travailler durant les travaux de construction. À terme, le complexe minier devrait employer 2000 personnes à plein temps.

2 La minière canadienne New Millenium Iron Corp. pilote actuellement l'un des plus gros projets miniers sur le territoire du Plan Nord. Elle prévoit, de concert avec la multinationale indienne Tata, investir près de 4,5 milliards dans la création des projets Kémag (au Québec) et Labmag (au Labrador). Les études de faisabilité entourant ces projets seront complétées d'ici peu. Près de 1100 emplois seront créés à terme si le complexe minier voit le jour.

Aménagé dans la Fosse du Labrador, le gisement de fer aurait un potentiel frisant les 22 millions de tonnes par année. Un pipeline de 700 km pourrait par ailleurs être construit au coût d'un milliard pour acheminer le minerai vers Sept-Îles, où 200 autres emplois supplémentaires seraient créés. Plan Nord ou pas, ces projets étaient prévus depuis plusieurs années, explique Dean Journeaux, président et chef de la direction de New Millenium. «Mais le Plan Nord est une bonne chose, car cela va encourager le développement. L'amélioration de la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont en est un bon exemple», dit-il.

3 Autres projets d'envergures au nord du 49e parallèle: ceux du Mont-Wright et de Port-Cartier pilotés par ArcelorMittal Mines Canada. Cette multinationale du Luxembourg prévoit investir 2,1 milliards dans sa mine de fer du Mont-Wright, près de Fermont, de même que pour la construction de nouvelles installations à Port-Cartier. Objectif ultime: augmenter d'ici 2013 sa production annuelle de concentré de fer de 14 millions à 24 millions de tonnes, mais aussi augmenter sa production de boulettes de fer de 9,2 millions à 18,5 millions de tonnes. Près de 8000 emplois seront créés durant les travaux de construction et plus de 900 nouveaux travailleurs des mines s'ajouteraient aux 1100 employés d'ArcelorMittal Mines Canada.

4 Les Mines Opinaca, une filiale de l'entreprise canadienne Goldcorp, travaillent à la création d'un nouveau complexe minier aurifère. Baptisée «projet Éléonore», cette nouvelle mine d'or sera située au sud du 53e parallèle, soit à 350 km au nord de Matagami. Elle contiendrait 9,4 millions d'onces d'or, ce qui en ferait la plus importante mine d'or souterraine au Canada. Le projet de 1,4 milliard fera travailler 1000 personnes durant les travaux de construction et donnera du travail à plus de 600 autres personnes par la suite. La mine, dont l'exploitation pourrait commencer dès 2014, aura vraisemblablement une durée de vie d'environ 25 ans.

5 Canadian Royalties, une filiale de l'entreprise chinoise Jien Canada Mining, prévoit investir 800 millions dans le projet Nunavik Nickel. Situé dans l'extrême Nord québécois (près du 62e parallèle), ce nouveau complexe minier de nickel et de cuivre pourrait nécessiter la construction d'un port en eau profonde afin de faciliter le transport du minerai. En plus de la mine, le site pourrait également accueillir une usine de transformation (concentrateur) pouvant traiter 4500 tonnes de minerai par jour. Près 300 emplois y seront créés durant les travaux de construction puis 270 emplois à plein temps pour exploiter la mine et l'usine de transformation qui, dit-on, pourraient être partiellement opérationnelles dès l'été 2012.

6 Investissement Québec et une minière norvégienne devraient investir près de 750 millions sur le projet Arnaud, une mine d'apatite située à environ 15 km de Sept-Îles. Le projet proposé comprendrait la construction et l'exploitation d'un gisement d'environ 108 millions de tonnes d'apatite. Ce minerai entre dans la fabrication des fertilisants, dont la demande est en forte croissance. Se grefferaient entre autres à cette mine à ciel ouvert où travailleraient 200 personnes: des installations de concassage et une usine de traitement du minerai. Le début de la production est prévu pour 2015 et s'étalerait jusqu'en 2045.

7 L'entreprise suisse Xstrata Nickel investit actuellement 530 millions à sa mine Raglan, près de Salluit dans l'extrême nord du Québec. But avoué: approfondir l'un des quatre gisements de nickel existants et créer une cinquième mine souterraine dont l'entrée en fonction est prévue en 2016. Du coup, la production du complexe minier de Raglan passera de 26 000 à 40 000 tonnes par année. Cela permettra de consolider près de 1100 emplois (875 travailleurs de Xstrata et quelque 200 entrepreneurs et sous-traitants), explique Francis Beauvais, chef des communications. À terme, Xstrata Nickel devrait investir un milliard pour prolonger à 2040 la durée de vie de sa mine qui devait initialement fermer en 2020. Par ailleurs, le Plan Nord pourrait permettre à Raglan de bénéficier d'un projet d'alimentation électrique qui servirait aussi pour les communautés nordiques. Xstrata Nickel consomme environ 50 millions de litres de diesel par année pour alimenter le complexe Raglan.

8 La première mine de diamant du Québec pourrait voir le jour d'ici 2014. Ce projet de 511 millions est en cours dans la région des monts Otish, à 350 km au nord de Chibougamau. Plus de 300 personnes y travailleront à plein temps. Ce nouveau complexe minier, baptisé projet Renard, sera la propriété de l'entreprise canadienne Stornoway Diamond Corporation et de son associé, Investissement Québec. Dans la foulée du projet, la route 167 - qui traverse Chibougamau, mais qui arrête à Mistissini - sera prolongée jusqu'aux monts Otish. Un projet de 331 millions en grande partie financé par le gouvernement québécois.

9 Le tout premier complexe minier d'uranium au Québec pourrait bientôt voir le jour au nord de Chibougamau. Et c'est la minière québécoise Ressources Strateco qui serait le maître d'oeuvre de ce projet - le projet Matoush - évalué à 324 millions dans la région des monts Otish. Les opérations d'exploration y seraient avancées. Mais l'étude de faisabilité n'est pas encore complétée, dit-on. L'aménagement de ce nouveau site pourrait toutefois faire l'objet d'une décision dès 2012. Tout comme le projet Renard de Stornomay Diamond, le projet Matoush profitera du prolongement de la route 167.

10 Par le truchement du projet Crevier, la minière québécoise MDN prévoit aménager un complexe minier près de Girardville, au nord du Lac-Saint-Jean. Ce projet de 316 millions vise à mettre en exploitation un gisement de niobium et de tantale. Ces deux métaux sont notamment utilisés dans la fabrication de produits électroniques, mais aussi dans les aciers inox haut de gamme. Les résultats de l'étude de faisabilité entourant le projet devraient être connus d'ici la fin de 2011. La mine produirait annuellement 178 000 kg de tantale et 1,8 million de kg de niobium. MDN, l'une des plus anciennes minières québécoises cotées à la Bourse, prévoit créer 150 emplois permanents.

11 Sous la houlette de l'entreprise suisse Xstrata, mais par l'intermédiaire de sa filiale Xstrata Zinc, le projet Bracemac-McLeod permettra la création d'une nouvelle mine de zinc au sud de Matagami. Un projet de 160 millions qui fera travailler 250 personnes lorsque la mine entrera en production en 2013. Donner Metals, de la Colombie-Britannique, est partenaire de Xstrata dans le projet.