C’est en restant en surface que e2ip va profondément s’enfoncer dans l’univers automobile mondial.

Spécialisée en surfaces structurelles intelligentes (l’explication suivra), l’entreprise québécoise s’associe à deux entreprises espagnoles, Antolin, de Burgos, et Walter Pack, de Bilbao, pour créer l’alliance In-Mold Electronics (IME), vouée à la progression de l’électronique dans le moule. Et dans le monde.

« Antolin est un des plus gros fabricants de composants automobiles : 30 000 employés et 130 usines », fait valoir le président-directeur général de e2ip, Eric Saint-Jacques.

Le géant espagnol fabrique et fournit aux grands constructeurs automobiles les surfaces intérieures de leurs véhicules : panneaux de portières, tableau de bord, plafond, etc.

« L’entente annonce qu’Antolin a choisi nos nouvelles technologies pour les intégrer à l’intérieur de ses composants automobiles », explique le PDG.

Le troisième partenaire, Walter Pack, est une division d’Antolin qui se spécialise dans le moulage de pièces. « Avec Walter Pack, nous allons fabriquer les composants vendus par Antolin pour l’automobile. »

En somme, e2ip deviendra pour le secteur automobile ce qu’elle est déjà dans les secteurs médical, aéronautique et industriel : fournisseur direct pour les plus grands équipementiers.

« C’est un jalon de la plus grande importance dans notre histoire, constate Eric Saint-Jacques. C’est le début de la transition de notre compagnie vers un leader mondial de produits et technologies en électronique imprimable surmoulée. »

Voici les explications promises : e2ip a développé et breveté des technologies qui permettent d’intégrer une pellicule de circuits électroniques à la surface des objets au moment de leur moulage.

On peut ainsi transformer les panneaux de commande traditionnels en surfaces intelligentes, incurvées, parfaitement intégrées au produit et à faible empreinte écologique. Ainsi qu’à faible empreinte tout court : il suffit de les effleurer pour les activer et les contrôler.

La plus vieille PME

e2ip ne fait pas que mettre au point de nouvelles technologies : elle les fabrique. L’entreprise emploie 275 personnes dans ses deux usines de Montréal et 125 autres dans son usine de Casablanca, au Maroc.

Elle trouve son origine dans l’atelier fondé en 1894 par la famille Graham. « On est la plus vieille PME québécoise, soutient Eric Saint-Jacques. Il y a encore des membres de la famille Graham qui travaillent au sein de e2ip. »

L’entreprise est progressivement passée de la sérigraphie à l’impression dans le moule et à l’électronique imprimable. Elle s’intéresse depuis plus de 30 ans à l’interface personne-machine. Réunissant six entreprises technologiques, e2ip a été créée en 2019.

« Nous sommes comme Antolin pour l’aéronautique, le médical, l’industriel et le transport », décrit son président.

« Tout ce que vous touchez à l’intérieur d’un avion de passagers aujourd’hui, e2ip le fabrique. Les boutons pour allumer les lumières, appeler le personnel de bord, charger son téléphone, c’est nous. Le bouton pour tirer la chasse à la toilette, c’est nous. »

« N’étant pas présent dans l’industrie automobile, c’est ce partenariat-là avec Antolin qui va permettre à nos technologies d’exister dans le milieu automobile. »

En intégrant les fonctions électroniques dans la matière même des panneaux intérieurs du véhicule, Antolin élimine les composants mécaniques électroniques qu’il faut fabriquer et assembler indépendamment, ce qui « demande de la matière et de l’énergie ».

Ainsi, le panneau intérieur de portière fonctionnera comme un cellulaire intelligent, tactile et rétroéclairé.

Il a fallu deux ans de négociations pour conclure l’entente. « Ce ne sont pas des petites décisions pour ces compagnies-là », souligne Eric Saint-Jacques.

D’autant plus que e2ip n’était pas seule en lice.

« Il y a une autre entreprise basée en Finlande qui, elle aussi, des brevets qui utilisent des méthodes différentes. Et Antolin a choisi notre technologie. »

Quels avantages présente-t-elle ?

« Elle est beaucoup plus facile à intégrer et beaucoup moins coûteuse », répond-il.

« C’est incroyable comme les entreprises québécoises sont bien reçues par des partenaires internationaux. Notre diversité culturelle, nos racines dans une culture européenne combinées avec notre vécu quotidien dans un marché américain font de nous des partenaires assez uniques, poursuit M. Saint-Jacques Ce qui me frappe, c’est la chaleur, la confiance et l’ouverture qu’ont envers nous ces entreprises qui sont tellement plus grandes. »

Accélération

En posant le pied dans l’industrie automobile, e2ip le met également sur l’accélérateur.

Avec un léger décalage toutefois : « Ça prendra probablement un an à un an et demi pour intégrer ces technologies dans les immenses chaînes d’approvisionnement de Mercedes, de Toyota et de ces grandes compagnies-là », pronostique Eric Saint-Jacques.

Il prévoit que son entreprise doublera son chiffre d’affaires dans les trois prochains exercices financiers. Les technologies de surfaces structurelles intelligentes y contribueront pour 25 %.

« Mais dans les 10 années qui suivront, ces technologies vont probablement représenter 75 % de la croissance. »

Du tofu automatisé

IMAGE TIRÉE DU SITE DE SOYXPERT

Sous la marque Soykei, SoyXpert produit différents types de tofu certifié biologique.

Le tofu se marie très bien à toutes sortes d’ingrédients, y compris la technologie. Le fabricant de tofu SoyXpert a obtenu une contribution remboursable de 400 000 $ de Développement économique Canada pour les régions du Québec afin de l’aider à accroître sa productivité en automatisant ses activités. L’annonce en a été faite le 20 décembre, mais le plat avait déjà été servi : SoyXpert avait fait plus tôt cette année l’acquisition de nouveaux équipements, notamment une chaîne de production hautement automatisée, installée dans sa nouvelle usine, rue Burlington à Sherbrooke. Cette accélération lui permet de mieux répondre à la demande au Québec et de développer son marché ailleurs au Canada et aux États-Unis. Sous la marque Soykei, SoyXpert produit du tofu certifié biologique « en misant sur la technique de fabrication traditionnelle japonaise », indique son site web. Une tradition à la sauce électronique.

Un coup de circuit imprimé

Spécialisée dans l’extraction de métaux de récupération, leur usine a déjà extrait plus de 6 millions de dollars en soutien financier gouvernemental. Québec a accordé un prêt de 3,35 millions aux entreprises Enim Technologies et Enim Technologies Holdings pour soutenir l’implantation d’une usine pilote d’extraction de métaux provenant des circuits imprimés d’équipements électroniques désuets. Les circuits imprimés passent ainsi dans le circuit fermé d’une économie circulaire. Évalué à plus de 13 millions de dollars, le projet est appuyé par quatre partenaires : Seneca experts-conseils, Dundee technologies durables, le Centre d’études des procédés chimiques du Québec et Lithion Technologies. D’une capacité de traitement de 200 tonnes de circuits imprimés par année, l’usine sera située dans les installations de Dundee technologies durables, à Thetford Mines. Ce sera la première à utiliser le procédé d’extraction hydrométallurgique à faible empreinte carbone mis au point par Enim. Il permet de récupérer plus de 95 % des minéraux critiques contenus dans les plaquettes de circuits imprimés sans émissions toxiques, indique l’entreprise. Pour soutenir cette implantation, elle avait déjà reçu en juillet une aide financière de 3 millions de dollars accordée par l’entremise du programme Technoclimat du ministère de l’Environnement du Québec.

Pour se garer sans s’égarer

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE LEDDARTECH

Le LeddarVision “Parking", ou LVP-H, soutient les applications de systèmes de stationnement automatisé et d’aide au stationnement de niveau supérieur, telles que l’aide au stationnement intelligente (IPA), l’aide au stationnement à distance (RPA) et l’aide à la manœuvre (MA).

Ça sert à se garer plus facilement. Voici le titre du communiqué : « LeddarTech lance LeddarVision "Parking", une solution logicielle de fusion et de perception pour applications ADAS de stationnement automatisé et d’aide au stationnement de niveau 2/2+ supérieures ». Et voici une traduction : l’entreprise québécoise LeddarTech lance une version améliorée de son logiciel, lequel combine et gère les données fournies par les différents types de capteurs sur les voitures afin de soutenir les applications d’aide à la conduite pour le stationnement. Ou à peu près. S’appuyant sur l’intelligence artificielle plutôt que celle du conducteur, le LeddarVision "Parking", ou LVP-H, détecte les espaces de stationnement valides avec une probabilité supérieure à 95 %, tout en minimisant les fausses alertes, même dans les environnements complexes. Il devrait se trouver une place libre sur le marché. LeddarTech a travaillé pendant plus d’un an avec un important client pour le mettre au point, a indiqué Frantz Saintellemy, chef de la direction (de l’entreprise, pas du véhicule). Fondée en 2007 et située à Québec, LeddarTech dispose également de centres de recherche et développement à Montréal, Toronto et Tel-Aviv. L’entreprise est entrée au NASDAQ le 22 décembre dernier.

Le chiffre

4

Au Québec, 41 % des PME ont entamé un processus d’automatisation au sein de leur entreprise, révèle une nouvelle étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Les PME québécoises détiennent une avance de 4 points de pourcentage sur la moyenne canadienne de 37 %.