L’innovation

Plutôt que d’imposer sa technologie dans la pièce, le purificateur d’air Bloom, de l’entreprise montréalaise Dupray, se présente sous l’innocente et discrète forme d’une élégante jardinière. Il peut également se transformer en table d’appoint avec rangement. Il a remporté un prix Red Dot Design en 2023. Un vent de fraîcheur dans un marché chaudement disputé.

Qui

Dupray trouve son origine en 2008, quand deux jeunes entrepreneurs, Sébastien Dupéré et Brent Gray, ont décidé de s’attaquer aux graffitis, aux gommes à mâcher et à la saleté dans les espaces publics avec des nettoyeurs à vapeur industriels. Bientôt, ils ont mis au point avec un partenaire italien un nettoyeur à vapeur qui répondait parfaitement à leurs besoins, premier appareil commercialisé sous la marque Dupray.

En 2019, Dupéré et Gray ont mis sur le marché le défroisseur de vêtements à vapeur pour usage domestique Voilà, dont le design a été réalisé par la firme montréalaise Enta Design.

C’est de nouveau à Enta Design qu’ils ont fait appel quand ils ont eu l’idée d’un purificateur d’air qui ne jurerait pas dans le décor.

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Le purificateur d’air Bloom s’agence bien au décor.

« Aujourd’hui, nous sommes la marque la plus vendue de nettoyeurs à vapeur en Amérique du Nord. Nous développons tous nos produits à Montréal, et les fabriquons en Italie, en Espagne, en Roumanie et en Chine », dit Sébastien Dupéré, président et cofondateur de Dupray.

Le succès de notre gamme de nettoyeurs à vapeur nous a amenés à réfléchir à d’autres façons pour nos clients d’assainir leurs espaces. Lorsque nous avons examiné l’offre de purificateurs d’air sur le marché, nous avons réalisé qu’il y avait de la place pour quelque chose de plus innovant, de mieux conçu et, surtout, de plus esthétique. Pourquoi avoir un gros appareil au style futuriste qui attire l’œil en plein milieu de son salon ?

Sébastien Dupéré, président et cofondateur de Dupray

L’appareil

Bloom est un purificateur épuré : un cylindre blanc dont la moitié inférieure, doucement fuselée, est recouverte d’une gaine de textile colorée.

C’est là qu’il cache son système de filtration et de ventilation, qui intercepte 99,7 % des particules polluantes et des odeurs, fait valoir l’entreprise.

Muni d’un filtre HEPA-13, il a été mis au point par « une équipe d’ingénieurs d’une ancienne usine d’électroménagers allemande, en collaboration avec le département de mécanique des fluides de l’Université du Pays basque (UPV/EHU) pour l’optimisation du flux d’air », précise Sébastien Dupéré.

Le pot aux roses

La partie supérieure de l’appareil constitue une espèce de cache-pot où est glissée la jardinière proprement dite.

Son sommet peut être fermé par un disque de noyer ou de chêne, qui transforme l’objet en une table d’appoint, au creux de laquelle peuvent être rangés livres, revues ou autres menus objets.

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Le sommet du purificateur d’air Bloom peut être fermé par un disque de noyer ou de chêne, qui transforme l’objet en une table d’appoint, au creux de laquelle peuvent être rangés livres, revues ou autres menus objets.

Les défis de design

Le studio Enta Design a été fondé en 1979 par le designer industriel Michel Morand, toujours aussi passionné après 44 ans de métier.

« Il y avait beaucoup d’éléments difficiles », dit-il.

« Le premier, c’est que tu dois prendre l’air au niveau du sol, où se situe la poussière, et tu dois techniquement le renvoyer vers le haut pour ne pas faire recirculer ton air propre dans le filtre. »

Leurs premiers prototypes avaient le perturbant résultat d’agiter les feuilles des plantes d’un perpétuel mouvement.

Dans la version finale, l’air est aspiré à la base de l’appareil, filtré, puis projeté par une turbine au travers d’une couronne de fentes, à mi-hauteur de l’objet, sous un angle ascendant.

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Sous une gaine filtrante lavable, le purificateur d’air Bloom cache dans sa partie inférieure son système de filtration muni d’un filtre HEPA-13. Une jardinière amovible est déposée dans sa partie supérieure.

Deuxième difficulté, « un pot de plante, ça s’arrose », souligne Michel Morand, ce qui entraîne un risque d’éclaboussures et de débordements.

« On ne voulait pas que l’eau pénètre et atteigne les pales et le moteur, ajoute son collègue designer Guillaume Cavalié. Ça a nécessité de travailler beaucoup l’intérieur, sur beaucoup de choses qu’on ne voit pas. »

La gaine

La section technique inférieure est recouverte d’une membrane antibactérienne filtrante, amovible pour le lavage et proposée en 12 teintes.

Ici, l’enjeu consistait à établir le juste équilibre entre la capacité filtrante, la perméabilité à l’air et une opacité suffisante pour cacher les fentes d’admission et d’expulsion d’air. « Ça a été quand même assez long à trouver », commente Michel Morand.

Comment remplacer le filtre ?

« Un autre élément important, c’était comment on change le filtre, souligne Michel Morand. On a regardé plusieurs solutions, et celle qui était la plus évidente, c’était par en dessous. »

Il faut renverser l’appareil – après avoir enlevé la jardinière, bien sûr –, ôter la gaine textile, puis retirer la plaque circulaire qui ferme le fond de l’appareil. On accède alors au filtre tendu sur un anneau de plastique amovible.

« Normalement, dans les autres purificateurs d’air, on jette tout ça, ce qui fait beaucoup de plastique gaspillé, commente Guillaume Cavalié. On a travaillé pour que ce soit seulement la partie filtre qui s’enlève. »

Un unique bouton

Le purificateur d’air est commandé par un unique et discret bouton tactile capacitif – qui réagit sur simple effleurement.

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L’appareil est commandé par un unique et discret bouton tactile capacitif – qui réagit sur simple effleurement. En son centre, un témoin lumineux annulaire indique si la qualité de l’air est bonne, moyenne ou mauvaise. Il peut rester éteint pour plus de discrétion.

En séquence de touchers, il lance l’appareil en mode automatique ou selon trois vitesses de ventilation. En son centre, un témoin lumineux annulaire indique si la qualité de l’air est bonne, moyenne ou mauvaise. Elle est mesurée par un capteur infrarouge, qui met automatiquement l’appareil en marche si nécessaire.

L’avenir

Lancé en mai 2023, le purificateur d’air Bloom est fabriqué en Espagne. Dupray prévoit pour l’instant une production annuelle d’environ 100 000 unités.

L’entreprise vise d’abord les continents nord-américain et européen, mais entrevoit « beaucoup de potentiel pour d’autres marchés comme le Japon, la Corée du Sud et la Chine », indique son président.

Bloom est offert sur le site web de l’entreprise et sur plusieurs marchés en ligne comme Amazon, Home Depot et Walmart. Canadian Tire sera le premier détaillant canadien à offrir l’appareil sur ses tablettes au printemps 2024, souligne Sébastien Dupéré, qui veut attirer l’attention d’autres grands détaillants américains.

Comptant une quarantaine d’employés, l’entreprise est « en forte embauche pour préparer les lancements à venir » – de nouveaux produits « très originaux qui sont le résultat de plusieurs années de R et D », précise-t-il.

Consultez le site de l’entreprise