C’était à peine un tablier de cuisine à poche. Il s’agit maintenant d’un harnais de pige. Les ergonomes et designers de Synetik ont conçu une solution beaucoup mieux adaptée au travail des employés d’un grand centre de distribution.

L’INNOVATION

Pour exécuter les commandes des clients, les employés d’un grand centre de distribution doivent parcourir les allées de l’entrepôt pour recueillir de petits articles, qu’ils déposent dans la poche d’un simple tablier de coton. Spécialisée en ergonomie, Synetik a conçu et va fabriquer pour eux un harnais de pige, une espèce de sac ventral à bretelles et à ceinture, dont chaque détail a été pensé pour faciliter leur tâche.

QUI ?

Synetik a été fondée en 2004 par la designer industrielle Caroline Saulnier, qui voulait fabriquer et commercialiser un petit siège polyvalent qu’elle avait conçu pour le travail en atelier et en usine. L’entreprise de Joliette a développé depuis une large gamme de chaises et tabourets ergonomiques à usage industriel. Caroline Saulnier y a ajouté des services de conseil et de conception en ergonomie. C’est lors d’une intervention dans un des centres de distribution d’une grande entreprise multinationale (qui préfère ne pas être nommée) que le problème du tablier de pige a été soulevé.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Designer industrielle de formation, Caroline Saulnier a fondé Synetik en 2004.

Ils travaillaient avec un tablier de cuisine. On a des patronistes et des couturières, c’est un gros département chez nous. On a travaillé avec l’entreprise et parmi nos recommandations, il y avait celle de revoir le tablier pour éliminer les douleurs aux épaules et au dos. Il y avait énormément de blessures et d’arrêts de travail. Ça leur coûte cher et ils ont décidé d’investir pour développer une solution.

Caroline Saulnier, présidente du Groupe Synetik

LA SOLUTION

Les ergonomes et designers industriels de Synetik travaillent avec le distributeur depuis un an. Un ergonome a analysé sur place les déplacements, les mouvements et la fréquence des gestes des employés.

Ils ont conçu un harnais dont les larges bretelles et la ceinture, ajustables pour se conformer à diverses morphologies, sont dotées de généreux coussinets. « On fait des tests de force et on a vérifié la pression au niveau des épaules », indique Caroline Saulnier.

La bretelle de droite est munie d’une pochette où l’employé peut glisser son couteau à lame rétractable.

Le sac ventral est fixé à la ceinture, qui en fait reposer le poids sur les hanches. La charge ne pèse donc plus sur les épaules et la colonne vertébrale, ce qui réduit la fatigue musculaire.

Un sac déployable

Une sangle ventrale permet d’ajuster l’ouverture du sac pour le laisser béer à la grandeur désirée.

Une fois la commande réunie, l’employé décharge le sac dans une boîte ou un bac pour la préparation à l’expédition.

Deux différents sacs peuvent être attachés au harnais : un sac simple, vidé par le haut, ou un sac qui s’ouvre pour déverser son contenu.

Ce dernier est muni d’un dispositif qui permet de dégrafer la partie avant de la poche.

Il suffit de tirer sur deux petites courroies, qui détachent les boucles de deux crochets placés de part et d’autre du sac. La partie avant de la poche se déploie alors entièrement vers le bas.

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Le sac se déploie alors entièrement vers le bas pour déverser son contenu.

Pour refermer le sac, l’usager tire les courroies vers le haut, jusqu’à ce que les boucles viennent s’agripper aux crochets par magnétisme.

Ce système facilite la fluidité et la vitesse des mouvements des employés, car « il faut concevoir un produit qui ne rallongera pas leur temps d’exécution », fait valoir Caroline Saulnier.

Et voilà, l’affaire est dans le sac.

Bientôt en production

Le sac lui-même est fabriqué dans un tissu recyclé respirant, fourni par une entreprise de Granby.

« Le dernier modèle a été autorisé, les derniers tests de résistance sont faits », souligne la présidente. La mise en production est imminente. La fabrication du harnais de pige sera entièrement réalisée dans les ateliers de Synetik à Joliette.

L’AVENIR

« Le projet a été déployé au Canada pour commencer et ils sont allés le présenter dans un congrès aux États-Unis, informe Caroline Saulnier. Ils sont très excités par le projet. On a déjà des demandes pour les États-Unis. »

Synetik prévoit leur livrer près de 1000 harnais de pige au cours de la première année. Elle veut intéresser d’autres entreprises et secteurs d’activité et offrir le harnais sur son site web et sur Amazon.

Caroline Saulnier voit dans ce projet un excellent exemple de l’offre intégrée de Synetik. La firme compte une trentaine d’employés en production et une dizaine en consultation. Elle vient d’adjoindre à son équipe deux nouveaux ergonomes installés dans la région de Québec, pour y élargir ses services-conseils.