De nombreux entrepreneurs ontariens hésitent à brasser des affaires au Québec en raison de la « barrière linguistique ». On gagnerait à les convaincre qu’il n’est pas si compliqué de commercer dans la langue de Molière, plaident les chapitres québécois et ontarien de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

La « barrière linguistique » est le principal obstacle identifié par les propriétaires de PME de l’Ontario qui veulent faire des affaires au Québec. Près de la moitié (47 %) estiment qu’il s’agit d’un obstacle, selon un sondage réalisé pour le compte de l’association, qui sera dévoilé mercredi.

À l’inverse, seulement 18 % des entrepreneurs québécois voient la langue comme un obstacle quand vient le temps de traverser la rivière des Outaouais.

L’appréhension des répondants ontariens n’a rien à voir avec les lois linguistiques du Québec pour protéger le français, nuance le vice-président des affaires provinciales pour l’Ontario à la FCEI, Ryan Mallough, en entrevue.

« Ce n’est pas quelque chose qui a été exprimé dans les commentaires que nous avons reçus.

« Ce n’est pas un enjeu réglementaire, mais plutôt une question de perception, ajoute-t-il. Vous avez beaucoup d’entreprises de l’Ontario qui vont dire : “Écoutez, nous ne parlons pas français, nous ne serions pas capables de faire affaire au Québec.” »

Il est temps de dissiper cette perception, plaide M. Mallough. La FCEI croit que le fédéral, l’Ontario et le Québec peuvent apporter une aide afin de faciliter le commerce entre les deux solitudes. « Le gouvernement pourrait aider avec les coûts de la traduction pour aider à faire des affaires dans une autre langue », donne-t-il en exemple.

Tant l’Ontario que le Québec sortiraient gagnants d’une augmentation de leurs échanges commerciaux, poursuit M. Mallough. « On a intérêt à ce que ça se fasse le plus fluidement possible. »

Des relations importantes

Malgré les appréhensions linguistiques, les échanges commerciaux entre les provinces sont très importants pour les PME, constate le vice-président québécois de la FCEI, François Vincent. « Il y a 215 000 PME de l’Ontario et du Québec qui ont un pied dans l’autre province. »

Le rapport révèle que 22 % des PME de l’Ontario et 39 % des PME du Québec vendent des biens et services dans la province voisine. Au Québec, 15 % des revenus totaux des PME proviennent du commerce interprovincial. Ce chiffre est de 12 % pour les PME ontariennes.

Outre l’enjeu linguistique, le rapport démontre que la complexité des règlements provinciaux est également un irritant. C’est du moins la réponse donnée par 19 % des répondants de l’Ontario et 4 % du Québec.

La FCEI croit que les deux provinces pourraient harmoniser certaines démarches administratives, notamment pour la reconnaissance de compétences et l’obtention de certains permis. « Au lieu de refaire la paperasse deux fois, je le fais une fois dans ma province, ajoute M. Vincent. Ensuite, si ma province juge que je suis conforme, je devrais l’être dans l’autre province. »

Il n’est pas question d’abolir des règlements qui ont leur raison d’être, mais de mettre fin au dédoublement, précise M. Mallough. « L’idée est, lorsque c’est sensé, de ne pas dédoubler des règlements et des qualifications équivalentes. Quand il y a des situations particulières qui sont uniques, on ne veut pas toucher à la réglementation. Ce n’est pas une question d’assouplissement, c’est de s’assurer qu’on ne fait pas les démarches en double. »