Asphalter la MRC d’Arthabaska avec des matériaux réutilisés, c’est l’ambition de Bituméco. Ouverte en 2018, l’usine commencera à tester son revêtement composé de verre recyclé et d’asphalte dans les rues de Victoriaville dès cet été.

« La seule raison d’être de Bituméco, c’est de recycler de la matière », explique Claude Charland, président de l’entreprise, en entrevue avec La Presse.

Cinq ans après l’ouverture de son usine à Saint-Rosaire, l’entreprise s’apprête à tester son revêtement spécial sur trois tronçons de rue à Victoriaville.

Bituméco récupère le verre collecté, trié et granulé par Gaudreau Environnement Victoriaville, une entreprise qui gère les matières résiduelles de la municipalité.

D’ordinaire, l’asphalte est constitué d’agrégat (souvent du sable ou du gravier) lié avec du pétrole. Chez Bituméco, le verre recyclé granulé sert d’agrégat.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE VICTORIAVILLE

Antoine Tardif, maire de Victoriaville, et Claude Charland, président de Bituméco

« C’est dans les projets d’intégrer d’autres matières », ajoute Claude Charland, qui considère l’ajout de plastique, de caoutchouc et d’asphalte recyclés à la recette de revêtement de Bituméco.

Faire de l’asphalte avec des matériaux résiduels se fait déjà ailleurs dans le monde, reconnaît Claude Charland, mais Bituméco est d’abord un projet d’économie circulaire.

On veut utiliser le verre local pour faire de l’asphalte localement. C’est ça, le secret de notre recette.

Claude Charland, président de Bituméco

Asphalter mieux

L’idée de Bituméco est née en 2017 avec Daniel Gaudreau, propriétaire de Gaudreau Environnement Victoriaville, une entreprise de gestion des matières résiduelles.

« Daniel s’est dit : “Ça n’a pas de bon sens qu’on ne réutilise pas nos matières résiduelles de verre, de plastique, de pétrole. [...] Pourquoi on ne le fait pas chez nous ?” », relate Claude Charland.

Daniel Gaudreau, disparu en 2017, a choisi de collaborer avec Marchand Excavation, qui exploitait alors une usine d’asphalte dans le nord du Québec. « Marchand Excavation a descendu son usine d’asphalte à Victoriaville, et on a fondé Bituméco », raconte Claude Charland, qui siégeait alors comme directeur général de Gaudreau Environnement.

Aujourd’hui, l’entreprise travaille avec les laboratoires Solmatech pour tester ses recettes.

Un travail de longue haleine

Bituméco était prête à lancer son projet dès 2018, mais il manquait une chose : la volonté politique. L’étroite réglementation du ministère des Transports rendait « peu ou pas possible » l’usage du verre sur les routes québécoises, explique Claude Charland.

La pandémie de COVID-19 a davantage ralenti les affaires pour Bituméco, mais l’an dernier, la Ville de Victoriaville a donné le feu vert à l’entreprise.

Bituméco devait couler ses premiers tronçons de rue à Victoriaville la semaine du 16 juillet, mais l’alerte de tornade a forcé l’entreprise à repousser les travaux jusqu’au début du mois d’août.

Claude Charland a bon espoir que ce projet pilote portera ses fruits. Les résultats semblent probants : depuis trois ans, le terrain autour de l’usine Bituméco est recouvert d’un revêtement composé de verre. « Ça répond très bien, même sous le poids des camions lourds qui passent dessus tous les jours », assure le président.

Bituméco ne compte pas s’arrêter là. « D’autres municipalités ont cogné à notre porte », affirme Claude Charland, qui espère un jour desservir l’ensemble de la MRC d’Arthabaska grâce à l’emplacement central de l’usine dans la région.