Lucas*, 33 ans, célibataire et sans personne à charge, est un entrepreneur en audiovisuel qui se remet financièrement du difficile épisode de la pandémie dans le marché des évènements.

La situation

Le salaire qu’il se verse ainsi que les dividendes de sa PME totalisent 64 000 $ (51 000 $ après impôt). Cela lui permet de soutenir un train de vie raisonnable ainsi que de bonnes habitudes d’épargne.

« J’ai appris jeune à épargner grâce au programme de caisse d’épargne à l’école. Mais surtout de mes parents qui m’ont constamment répété qu’il ne faut pas que l’argent nous “brûle les doigts” et qu’il est important d’épargner jeune », relate Lucas en discussion avec La Presse.

« L’épargne a toujours été une préoccupation pour moi, dans le sens qu’il faut toujours réussir à mettre de l’argent de côté au cas où. Ça m’a permis d’accumuler de bonnes sommes en CELI [compte d’épargne libre d’impôt] et REER [régime enregistré d’épargne-retraite] qui ont bien fructifié », ajoute Lucas.

« Mais quand je me compare à des cas de la rubrique “Train de vie”, par exemple, je me demande si, à mon âge, j’en suis à un bon équilibre financier et fiscal entre les besoins d’épargne et le financement de projets de style de vie. »

Les chiffres

Actifs financiers :

– en régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 62 000 $
– en compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 165 000 $
– en actions de PME : environ 40 000 $

Actifs non financiers :

– en propriété résidentielle : 350 000 $
– en véhicule usagé : environ 15 000 $

Passif :

– solde de prêt hypothécaire : 117 000 $

Revenu annuel :

– 64 000 $ brut (51 000 $ après impôt)
– d’emploi salarié : 60 000 $
– de dividendes d’actions de PME : 4000 $

Principaux débours annualisés :

– liés à la résidence : 19 000 $
– liés au style de vie : 26 000 $
– liés à la fiscalité : 13 000 $
– liés à l’épargne/placement (REER, CELI) : environ 6000 $

En matière budgétaire, Lucas s’en tire relativement bien avec un train de vie total (débours résidentiels et personnels) qui lui laisse une capacité d’épargne de l’ordre de 6000 $ par année, à partir de son revenu net après impôt.

Quant au bilan financier de Lucas, il contient des actifs pour une valeur totale d’environ 632 000 $, dont 267 000 $ en actifs financiers (REER et CELI investis en Bourse, valeur d’actions de PME) et 365 000 $ en actifs non financiers (résidence, véhicule). En déduisant le passif lié au solde de 117 000 $ sur son emprunt hypothécaire, Lucas se retrouve avec une valeur d’actif nette de l’ordre de 515 000 $.

Pas mal à 33 ans, tout de même ! N’empêche, Lucas cherche conseil — et validation ! — sur ses choix de priorités financières jusqu’à présent.

Il cherche aussi des conseils sur l’optimisation de sa planification financière et de sa situation fiscale en vue d’un objectif double : avoir une marge de manœuvre suffisante pour des projets envisagés d’ici quelques années — rehaussement résidentiel, remplacement de véhicule, voyages —, mais sans compromettre les besoins d’épargne-retraite à long terme.

Entre autres, se demande Lucas, devrait-il prioriser le renflouement des cotisations inutilisées en REER (environ 16 600 $) au lieu de continuer sa pleine cotisation annuelle au CELI ?

La situation de Lucas a été soumise pour analyse-conseil à Alexandre Beaulieu, qui est planificateur financier et conseiller en sécurité financière à la firme DMA Gestion de Patrimoine, établie à Brossard, sur la Rive-Sud. DMA est également rattachée au groupe Investia services financiers inc.

Les conseils

D’emblée, Alexandre Beaulieu constate que Lucas peut se rassurer d’être en « excellente santé financière » pour une personne de son âge et de son statut de vie personnelle et professionnelle.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Beaulieu, planificateur financier et conseiller en sécurité financière à la firme DMA Gestion de Patrimoine

« On entend souvent qu’il faut éviter de se comparer aux autres puisque toutes les situations sont différentes. Néanmoins, il peut être sécurisant de se comparer à nos pairs pour savoir où nous sommes par rapport à la moyenne des personnes en situation semblable », indique M. Beaulieu.

À cet égard, il a soumis de façon anonyme les principaux éléments de la situation de Lucas à un outil-logiciel sur un site web, moncomparateurfinancier.com, qui est reconnu dans le milieu des conseillers financiers.

La conclusion ? « À l’aide du comparateur, on constate que la valeur d’actif net moyenne pour un homme âgé de 25 à 34 ans, vivant seul et sans enfant avec un revenu après impôt entre 35 000 $ et 50 000 $, est d’environ 81 000 $ », relate Alexandre Beaulieu.

« Dans le cas de Lucas, avec une valeur d’actif net de l’ordre du demi-million de dollars, sa situation financière est déjà largement au-dessus de la moyenne des personnes d’âge et de statut comparables. »

Cela dit, quelle est la réponse à la question de Lucas concernant l’optimisation de sa priorité d’épargne entre le CELI et le REER ?

« La réponse à cette question de priorité entre le REER et le CELI repose en grande partie sur l’accessibilité future aux liquidités, ainsi que sur l’optimisation de la fiscalité actuelle et future », rappelle Alexandre Beaulieu.

Avec le CELI, il faut considérer qu’en plus d’offrir l’avantage d’investir et de faire fructifier des avoirs à l’abri de l’impôt, ce compte enregistré offre également de la latitude au niveau des cotisations et des retraits pour des projets futurs.

Alexandre Beaulieu, planificateur financier et conseiller en sécurité financière à la firme DMA Gestion de Patrimoine

« Dans le cas de Lucas, son CELI contient déjà un bon montant d’actif — environ 165 000 $ — à la suite de ses cotisations assidues et du bon rendement de ses placements. En fait, dans l’hypothèse où Lucas continue d’y cotiser 6000 $ par année, tout en obtenant un rendement annualisé de l’ordre de 6 %, son CELI pourrait approcher les 1,6 million de dollars en actif à son 65anniversaire », estime Alexandre Beaulieu.

Dans ce contexte, il recommande à Lucas de porter plus d’attention à la fiscalité pour gérer la suite de ses priorités d’épargne.

« En présumant que les revenus imposables de Lucas continueront à augmenter au fil de sa carrière, il serait plus pertinent au point de vue fiscal qu’il priorise le renflouement de son REER », signale Alexandre Beaulieu.

« En fonction de son revenu actuel, je constate qu’il serait fort intéressant pour Lucas de maximiser son REER alors que son taux effectif d’imposition se trouve entre 42 % à 50 % pour une personne célibataire et sans enfant avec un revenu de 64 000 $. Ce taux effectif d’imposition est d’ailleurs largement supérieur au taux de 37 % que les tables d’impôt de base pourraient laisser croire. »

En premier lieu, Alexandre Beaulieu suggère à Lucas de prioriser le renflouement de son REER à même sa capacité d’épargne de l’ordre de 6000 $ par année.

En second lieu, afin d’optimiser la fiscalité courante de Lucas, Alexandre Beaulieu signale qu’il « serait fort intéressant qu’il effectue en fin d’année un retrait de 3500 $ de son CELI afin de bonifier sa cotisation courante en REER ».

« Avec ce transfert de liquidités en fin d’année fiscale, Lucas pourra récupérer ce montant de cotisation en CELI dès le début de l’année suivante. Entre-temps, il aura aussi bénéficié d’un remboursement d’impôt amplifié par sa cotisation bonifiée à son REER, explique Alexandre Beaulieu.

« Lucas pourra alors réinvestir le montant de ce remboursement d’impôt dans son CELI, réduisant du coup l’impact du retrait effectué en fin d’année fiscale sur la progression de son actif en CELI. »

* Bien que les cas mis en lumière dans cette rubrique soient réels, les prénoms utilisés sont fictifs.

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