Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières. Ses textes sont repris ici les dimanches.

Alors, comment l’élection d’un nouveau gouvernement va-t-elle affecter vos finances ?

OK, c’est une question racoleuse. La vérité, c’est que nos finances ne devraient jamais dépendre de choses aussi imprévisibles et indépendantes de notre volonté que l’identité du prochain gouvernement.

Voulez-vous la clé pour vous enrichir ? Une règle qui fonctionne depuis des millénaires, et qui n’a rien à voir avec l’humeur de François Legault ?

Approchez-vous, je vais vous le dire, mais ne le répétez pas.

Le truc pour s’enrichir est de dépenser moins d’argent qu’on en gagne.

Qu’on soit au salaire minimum ou qu’on soit le PDG de Bombardier, notre tâche est la même : protéger les dollars qui sont dans notre poche.

J’entends d’ici des gens dire : « Oui, il faut économiser pour s’enrichir, mais ce n’est pas agréable d’économiser. On a seulement une vie à vivre. Pourquoi je me priverais ? »

Cet argument passe à côté d’une vérité fondamentale, et trop peu discutée : l’importance de faire la distinction entre dépense et bonheur.

Tout dans notre société, de la publicité au regard des gens qui nous entourent, associe dépense et bonheur. Tellement que ces deux notions sont maintenant laminées ensemble, indissociables l’une de l’autre.

Or, cette association ne tient pas la route. Faites l’exercice : demandez à quelqu’un autour de vous d’écrire sur une feuille de papier les dix moments ou activités qui lui donnent le plus de bonheur dans la vie.

Les gens qui prennent le temps de le faire écrivent typiquement des choses comme : « passer du temps avec mes enfants », « marcher en forêt » ou « rire pendant une soirée entre amis ».

Intuitivement, on sait tous que les activités qui nous donnent le plus de plaisir ne sont pas nécessairement les plus coûteuses. Je serais étonné (voire inquiet) que quelqu’un écrive « caresser ma montre intelligente » ou « laver ma camionnette neuve » dans sa liste.

J’en ai fait l’expérience récemment lors d’une belle journée en famille, quand nous sommes allés voir mon fils jouer au soccer dans un quartier voisin, avant d’aller nous baigner à la piscine municipale. Nous avons fait le trajet à vélo, en empruntant un parcours tranquille que j’avais découvert en consultant Google Maps.

Sur le chemin du retour, nous avons croisé un imposant plateau de tournage de cinéma. Plus loin, nous sommes tombés sur une pièce de théâtre de rue où nous avons par hasard rencontré des amis.

À la maison, comme il était tard et que tout le monde avait faim, nous avons préparé des pâtes au pesto — pesto cuisiné à partir du basilic qui a poussé comme de la mauvaise herbe au cours de l’été dans notre bac à potager.

Dans mon esprit, cette belle journée ensoleillée, remplie de rires, de découvertes et de discussions avec des gens que j’aime, n’a pas de prix. Dans les faits, elle ne nous a pas coûté plus que quelques dollars.

Est-ce que je me suis « privé » ce jour-là ? Au lieu d’utiliser nos vélos, nous aurions pu nous déplacer au volant d’un VUS dernier cri 2023 financé sur 96 mois. Pour souper, nous aurions pu commander du resto, avec une facture de 75 $ minimum pour un repas vite oublié.

Ça ne m’aurait pas rendu plus heureux, mais ça m’aurait certainement appauvri. Avec, le lendemain, la réalisation que le solde de ma carte de crédit venait d’augmenter. Encore.

Est-ce que je dépense toujours une poignée de dollars par jour ? Certainement pas. Mais de telles journées existent pour nous rappeler que le bonheur ne s’achète pas.

On a seulement une vie à vivre. Pourquoi on se priverait ?

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