La simplicité volontaire, les coopératives, le troc, l'achat de produits d'occasion... De plus en plus de citoyens se tournent vers de nouveaux modes de vie, ou tentent de les inventer, souvent dégoûtés par la course effrénée à la consommation. Ils contribuent peu à la croissance économique, mais sont convaincus de faire croître leur niveau de bonheur.

Du capitalisme à l'utopie

À la Ferme Morgan, dans les Laurentides, 12 personnes de 6 mois à 65 ans vivent ensemble, partageant les tâches reliées à la culture maraîchère et aux soins aux animaux, mais aussi toutes les activités quotidiennes. Bref, ils ont créé une « commune » du XXIe siècle, financée par la vente de leurs produits biologiques. Jocelyne Béïque s'est jointe au groupe en 2012, après une carrière de 20 ans dans le domaine de la mode. Elle nous raconte comment elle a décidé de renoncer à toutes ses possessions pour changer de vie.

Ralentir, réduire, simplifier...

Stressés, épuisés, coincés financièrement, toujours pressés, insatisfaits de la qualité de leurs relations avec les autres, de plus en plus de citoyens cherchent d'autres façons de vivre.

« Beaucoup de gens ne se reconnaissent pas dans les valeurs dominantes de la société, dit Diane Gariépy, porte-parole du Regroupement québécois pour la simplicité volontaire (RQSV). On sent qu'il y a un regain d'intérêt envers d'autres modes de vie. Plusieurs se demandent quels besoins sont réellement essentiels, et si on peut y répondre autrement que par la consommation. »

Ces réflexions surviennent parfois en raison d'un élément déclencheur, comme un burn-out, souligne Mme Gariépy, qui reçoit les messages d'internautes souhaitant avoir plus d'informations sur son groupe.

« Les familles où les deux parents doivent travailler 40 heures par semaine pour pouvoir consommer et payer les dépenses, et qui imposent ce rythme à leurs enfants, finissent par se rendre compte que ça ne fonctionne pas, ajoute-t-elle. De plus en plus de gens ont des préoccupations alimentaires, mais ils n'ont pas le temps de bien manger et n'ont pas les moyens de consommer des aliments bios. »

La simplicité volontaire a connu son heure de gloire au Québec à la fin des années 80, à la suite de la publication du livre de Serge Mongeau, qui a donné naissance à cette expression. Pendant plusieurs années, les conférences de l'auteur étaient très courues, rappelle Diane Gariépy. Après quelques années où cette philosophie semblait en perte de popularité, elle semble maintenant revenir en force.

« Les gens sont mieux informés des menaces à l'environnement et semblent inquiets de voir la machine qui s'emballe, note Mme Gariépy. Quand ils voient des déversements de pétrole dans le fleuve, ils réalisent que l'appât du gain met la planète en danger. »

Certaines personnes s'intéressent à ces concepts parce qu'ils sont aux prises avec des problèmes financiers, après s'être fait prendre dans l'engrenage de la consommation et du crédit, remarque-t-elle aussi.

« Mais ce qui peut être difficile, c'est de passer de la théorie à la pratique, souligne Jocelyne Béïque, membre de la coopérative de la Ferme Morgan. On avait une réflexion sur la décroissance, avec des membres du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale, mais ce n'était pas évident de l'appliquer au quotidien. Pour réellement réduire sa consommation, il faut un projet collectif. Mais les gens sont très attachés à leur individualisme. »

Petit guide pour se simplifier la vie

Tout le monde n'est pas prêt à renoncer à ses biens et à réduire ses besoins au minimum pour vivre selon les principes de la simplicité volontaire. Mais si on se questionne sur notre mode de vie, sur notre consommation et sur notre impact sur l'environnement, voici quelques pistes, quelques gestes à faire que suggèrent les groupes de simplicité volontaire.

Consommation

- Fermer la télé ;

- Éviter de se laisser influencer par la publicité ou par son entourage pour faire des achats ;

- Avant de faire un achat, se demander si on a réellement besoin de ce qu'on envisage de se procurer ;

- Se demander si on peut troquer, louer, emprunter ou acheter usagé ;

- Augmenter la longévité des objets en les réparant ;

- Favoriser la mise en commun : cuisines collectives, garderies, bibliothèques, piscines et joujouthèques publiques, etc.

Alimentation

- Apprêter ses aliments soi-même ;

- Réduire sa consommation de viande ;

- Cultiver un potager ;

- Manger des aliments locaux.

Transport

- Utiliser les transports en commun ;

- Circuler à vélo ou marcher ;

- Se rapprocher de son lieu de travail ou envisager le télétravail.

Environnement

- Recycler ;

- Composter ;

- Réutiliser ;

- Réduire les emballages.

D'autres pistes :

https://simplicitevolontaire.org

https://www.decroissance.qc.ca

https://www.villerayentransition.info