Investir dans les ressources naturelles n'est jamais de tout repos. C'est encore plus vrai pour les titres pétroliers, dont la valeur fluctue en fonction de l'offre et de la demande de pétrole, mais aussi et souvent en raison de facteurs géopolitiques et d'effets de change.

Ce qui fait baisser actuellement le prix du l'or noir n'a rien à voir avec l'offre et la demande. C'est que les investisseurs, inquiets de ce qui se passe en Europe, ont jeté leur dévolu sur le dollar américain, qu'ils jugent plus sûr que l'euro. La hausse du dollar fait baisser le prix du pétrole, qui se transige en dollar américain. Le prix du pétrole est aussi entraîné à la baisse par les craintes que la crise européenne hypothèque la reprise économique mondiale et donc réduise la demande de pétrole.

Voilà pour l'explication de cette chute de prix inhabituelle en cette saison. La faiblesse actuelle du prix du pétrole et des titres pétroliers, proches de leur creux d'un an, a de quoi ranimer l'intérêt des investisseurs pour ce secteur complexe.

Ceux qui n'ont pas encore osé investir dans le secteur ont une bonne occasion de le faire, croient les spécialistes interrogés par La Presse Affaires.

«Les titres énergétiques comptent pour 26% de la capitalisation de l'indice de la Bourse de Toronto», souligne Denis Durand, le gestionnaire de Jarislowski Fraser. Ceux qui n'en ont pas pourraient saisir l'occasion d'en prendre jusqu'à 15 ou 16% de leur portefeuille, estime-t-il.

Normalement, c'est à l'automne et non au printemps que les titres énergétiques représentent une meilleure valeur, explique Denis Durand. Cette année fait exception, et les investisseurs peuvent en profiter maintenant, ou attendre un peu. «Moi, j'attendrais encore un peu, parce que ça peut baisser encore», dit Denis Durand.

La situation en Europe peut s'aggraver, justifie-t-il. «Ce n'est pas parce qu'il y a maintenant un plan que le sauvetage va fonctionner».

Ce n'est pas seulement le pétrole, mais l'ensemble des marchés qui sont en train de corriger, remarque de son côté Stéfane Marion, stratège à la Financière Banque Nationale.

«C'est lorsque l'incertitude est à son maximum, comme c'est le cas actuellement, que c'est un bon point d'entrée», précise-t-il.

C'est vrai pour les titres pétroliers, comme pour l'ensemble du marché boursier. La situation actuelle peut être une bonne occasion d'augmenter sa position dans le secteur pétrolier, selon Stéfane Marion. «Tout dépend de l'horizon de l'investisseurs et de sa tolérance au risque», précise-t-il.

Il faut en effet avoir le coeur solide pour supporter des prix en montagne russes. Il faut aussi un minimum de patience. À très court terme, la crise européenne va continuer de plomber le prix du pétrole, prévoit le spécialiste de la Financière Banque Nationale. À moyen terme, elle peut aussi ralentir la croissance économique mondiale.

Une certitude

L'impact de la crise économique sur l'économie mondiale reste à mesurer mais dans cette mer d'incertitudes, il y a quand même quelque chose de sûr. «On va encore avoir besoin de pétrole demain et après demain. Ça ne fait aucun doute», dit Luc Fournier, gestionnaire d'actions canadiennes à l'Industrielle-Alliance.

«Même si on est dans l'inconnu à court terme, c'est toujours vrai à plus long terme qu'il faut acheter quand les titres sont dépréciés».

Selon lui, il y a actuellement «de bonnes valeurs» sur le marché, dont l'investisseur avisé devrait profiter.

Toutes les entreprises pétrolières, et notamment les plus grosses, en font partie, selon le gestionnaire, qui cite Suncor (SU) et Canadian Oil Sand (COS), deux titres inscrits à la Bourse de Toronto..

Denis Durand suggère de son côté de regarder également vers les titres gaziers, comme EnCana (ECA) et Talisman (TLM). «Le prix du gaz naturel est à son plus bas et les perspectives d'augmentation de la consommation sont bonnes», explique-t-il.

À court terme, la baisse du prix du pétrole peut favoriser les titres d'entreprises qui en consomment beaucoup, comme les compagnies de chemin de fer, les transporteurs aériens ou les camionneurs. Mais attention, prévient Denis Durand, c'est une embellie qui pourrait être très temporaire.

De façon générale, le gestionnaire de Jarislowski Fraser est optimiste pour les titres énergétiques, et en particulier pétroliers. «La production de pétrole conventionnel est en baisse constante et des investissements dans les sables bitumineux sont reportés, explique-t-il. L'exploration devient de plus en plus difficile. À long terme, on ne peut pas perdre».