Dans la rue, les «scalpers» vendent en catimini les billets de spectacle aux fans qui sont prêts à payer le gros prix. Mais sur internet, les courtiers en billets n'ont pas besoin de se cacher. Ils ont le haut du pavé, comme l'a découvert Jean Leduc.

En février dernier, il voulait se procurer des billets pour le spectacle de Michael Bublé qui sera au Centre Bell en août prochain. Une recherche par mot clé dans Google l'a mené vers le site Billets.ca qui avait de bons billets, alors que sur le site du promoteur Groupe Gillett (maintenant Evenko), il ne restait plus que des places en haut des gradins.M. Leduc a sauté sur les places. «Ça s'est passé très vite. C'était une question de minutes», raconte-t-il. Par la suite, il a réalisé qu'il avait payé beaucoup plus cher que le véritable prix du billet.

Le prix régulier était de 119$. En ajoutant les frais de services (13,50$) et les frais de livraison (5$), une paire de billets coûtait 271$ toutes taxes incluses. Pour sa part, M. Leduc a payé 451,50$, soit 67% de plus que le prix de vente initial.

Le plus fâchant de toute l'affaire : Michael Bublé a mis en vente des billets pour un spectacle supplémentaire, si bien que M. Leduc aurait pu acheter de bons billets au prix normal.

Depuis cette mésaventure, M. Leduc se pose bien des questions sur l'industrie des billets de spectacles. Comment se fait-il que les revendeurs aient tant de bons des billets à revendre, alors qu'ils sont tous écoulés? Est-ce légal? Que peut-on faire pour éviter une telle situation?

En fait, Billets.ca est un courtier en billet. Il se procure les billets directement auprès du distributeur primaire, soit en faisant la file, soit par Internet. Mais de plus en plus, il rachète des billets appartenant à des amateurs qui veulent les revendre.

«60% des billets proviennent de fans», estime Éric Bussières, le président de Billets.ca. Pour un ancien spectacle de Madonna, Billets.ca a revendu plus de 800 billets achetés du public. Un record!

Beaucoup d'amateurs achètent huit billets. Ils en gardent une paire et revendent les six autres. Avec le profit, ils paient leurs propres billets. Billets.ca leur demande une commission de 15%.

Billets.ca prévient les acheteurs que ses prix sont plus élevés, dans une note en bas de la page. À la fin du processus d'achat, il y a une autre mise en garde, en rouge, que de les internautes doivent cocher.

Mais dans la frénésie, certains clients qui sont arrivés sur le site par hasard, n'y voient que du feu. «Je comprends, dit M. Bussières. Si le client n'est pas satisfait du prix, il peut toujours se faire rembourser. Il nous renvoie les billets et on le rembourse directement sur sa carte de crédit.»

Contrairement à d'autres provinces canadiennes, Québec n'interdit pas la revente de billets en tant que tel... tant que la transaction ne se déroule pas dans la rue. «Il y a un règlement municipal à Montréal qui interdit de vendre un produit sur la rue, sans permis», dit M. Bussières.

En vendant sur le web, Billets.ca est donc en règle. D'ailleurs, le courtier prélève les taxes... en double. La TPS et la TVQ sont calculées sur le prix de revente total, alors que le prix initial du billet inclue déjà les taxes.

«C'est vraiment dommage! On a vérifié avec nos fiscalistes s'il y avait un moyen de charger juste sur la différence de prix. Malheureusement, non!» déplore M. Bussières.

D'ailleurs, il se considère désavantagé par rapport aux sites de petites annonces sur Internet, comme LesPAC, où les particuliers vendent directement leurs billets sans rajouter les taxes.

Par contre, les gens qui achètent d'un courtier ont l'avantage d'avoir une garantie qui limite les risques de fraude.