Les investisseurs d’Énergir n’ont pas à s’inquiéter, le réseau gazier saura profiter de la transition énergétique même s’il doit diminuer de moitié sa distribution de gaz, selon son PDG, Éric Lachance, qui participait à un évènement organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), mardi.

Le Québec s’est engagé à atteindre la carboneutralité en 2050, et le rôle du gaz naturel dans un avenir à faible émission est forcément appelé à décliner.

« On travaille donc à diminuer les volumes de gaz qu’on distribue et à ce que ceux qui doivent rester soient de plus en plus à faible intensité carbone et renouvelables », a indiqué Éric Lachance, président et chef de la direction d’Énergir.

Cette réduction toucherait la consommation résidentielle et commerciale.

M. Lachance a précisé qu’Énergir vise d’ici 2050 « une diminution progressive des volumes d’environ 50 % », et le gaz restant servirait essentiellement à fournir de l’énergie aux clients industriels.

« Notre réseau aura toujours sa pertinence puisqu’il sera utilisé pour ce qu’on ne pourra pas électrifier, ou ce qui coûterait trop cher à électrifier », a précisé le PDG, qui a tenu à rassurer les gens d’affaires réunis dans un hôtel.

« Notre modèle d’affaires se transforme pour répondre aux enjeux de décarbonation, tout en assurant notre rentabilité à long terme, particulièrement pour nos investisseurs. Ils n’ont pas à être inquiets. »

De nouvelles occasions d’affaires

M. Lachance a indiqué que le déclin du gaz naturel fossile ouvrait la porte à « plein d’opportunités ».

« L’hydrogène, la capture de carbone, la géothermie, si ça se développe, nécessitent des tuyaux sous terre, alors on a les compétences pour jouer un rôle là-dedans, et chacun de ces marchés-là, c’est des milliards d’investissements potentiels, donc j’ai zéro inquiétude pour Énergir », a-t-il expliqué.

Ces « nouvelles opportunités » pourraient amener Énergir à investir dans de nouvelles infrastructures.

Son réseau gazier, qui s’étend sur plus de 11 000 km, peut être utilisé pour le gaz naturel renouvelable (GNR), produit à partir de matières organiques résiduelles.

Mais pour l’hydrogène, « il y a peut-être des endroits où ça sera possible, mais ce n’est pas notre stratégie, donc on parle de nouvelles infrastructures », a indiqué Éric Lachance.

Énergir s’intéresse aux États-Unis

Le PDG du réseau gazier a indiqué qu’il est « toujours à l’affût d’acquisitions aux États-Unis » dans le marché de la distribution d’énergie.

Si Énergir lorgne vers le sud, ce n’est pas, selon le PDG, « à cause de ce qui se passe avec le gaz au Québec », mais bien parce que la transition énergétique va provoquer « de la croissance dans d’autres secteurs d’activités ».

Énergir, propriété de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Fonds de solidarité FTQ, détient le monopole de la distribution du gaz naturel au Québec.

En vertu d’un règlement, Énergir est tenue de recourir à un minimum de 2 % de gaz naturel renouvelable cette année dans son réseau. Ce sera 5 % en 2025 et 10 % en 2030.