C’est vers l’Alberta que se tourne Deep Sky – qui est financée en partie par l’État québécois – pour jeter les bases de son ambitieux projet de captage et de stockage du carbone, a appris La Presse. La jeune pousse assure qu’elle reviendra construire au Québec dans un avenir pas trop éloigné.

Après avoir confirmé l’information, jeudi, le cofondateur et président du conseil d’administration, Frédéric Lalonde, explique que ce sont surtout des raisons réglementaires qui ont incité l’entreprise montréalaise à opter pour l’Ouest canadien.

« La cartographie sismique a déjà été réalisée en Alberta et cette province dispose déjà de protocoles législatifs pour encadrer le stockage du CO», explique-t-il, dans un entretien téléphonique.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Frédéric Lalonde est cofondateur et président du conseil d’administration de Deep Sky.

Dans la région de Calgary, Deep Sky cherche à recruter, entre autres, un gestionnaire « d’expérience » dans la construction ainsi que des directeurs de sites. Leur mandat : superviser l’aménagement d’« installations de pointe de captage direct dans l’air ainsi que dans l’océan ».

Le démarrage de ce site pilote est prévu pour cette année, souligne M. Lalonde, qui est également le cofondateur de l’application de voyage Hopper, valorisée à plusieurs milliards de dollars.

« Nous devrions recevoir une quinzaine de machines [de stockage du carbone], explique l’homme d’affaires. La première devrait arriver vers le mois d’octobre. Nous n’aurons ni le cadre législatif ni le portrait sismique ici. Le gouvernement québécois travaille de manière rigoureuse, mais ce n’est pas encore en place. »

Encore au début

Deep Sky souhaite déployer les meilleures technologies de captage du carbone dans l’air et l’océan avant de le séquestrer sous terre. L’objectif est d’éliminer du carbone atmosphérique à coups de milliards de tonnes. Cette technologie doit encore faire ses preuves, notamment sur sa capacité à être déployée à grande échelle ainsi que sur sa viabilité financière.

Investissement Québec (IQ) – le bras financier de l’État québécois – avait contribué à hauteur de 25 millions à la ronde de 75 millions réalisée par Deep Sky l’automne dernier. L’opération était dirigée conjointement par Brightspark Ventures et Whitecap Venture Partners. OMERS et le Fonds Technologies pour le climat de la Banque de développement du Canada (BDC) avaient également participé.

Plus de la moitié des fonds viennent de l’extérieur de la province. Ça sera du capital qui viendra de l’extérieur qui sera utilisé pour bâtir dans l’Ouest. On n’est pas dans une situation où on utilise l’argent d’ici pour bâtir ailleurs.

Frédéric Lalonde, cofondateur et président du conseil d’administration de Deep Sky

Le gouvernement Legault est au fait des projets à court terme de Deep Sky. Dans une déclaration, le cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, affirme que Québec travaille sur un « cadre réglementaire pour pouvoir s’assurer de bénéficier des crédits d’impôt fédéraux sur le captage de carbone ».

« Les phases subséquentes du projet de Deep Sky seront déployées au Québec », fait-on valoir.

Pour l’instant, l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique sont les seules provinces où les dépenses liées au stockage du carbone sont admissibles au crédit d’impôt fédéral.

Quand même en marche

Deep Sky demeure néanmoins active au Québec. Elle prépare le terrain pour savoir si le sous-sol québécois est propice à l’enfouissement du CO2. Pour en avoir le cœur net, la jeune pousse effectuera des imageries sismiques dans la région de Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Ces essais devraient être terminés le mois prochain.

C’est la firme Géostack qui a été retenue par l’entreprise de M. Lalonde. Les données seront offertes au milieu universitaire, ajoute-t-il.

Deep Sky s’intéresse aussi à Thetford Mines. La société conjugue ses efforts avec Exterra Solutions Carbone, qui a mis au point un système de séquestration dans des résidus miniers afin d’éliminer du CO2.

Lisez « Important test d’acceptabilité pour Deep Sky »

Deep Sky en bref 

Cofondée en 2022 par Frédéric Lalonde et Joost Ouwerkerk

Président-directeur général : Damien Steel

Investisseurs : Investissement Québec, OMERS Venture, Fonds technologiques pour le climat de la Banque de développement du Canada

Siège social : Montréal