Au moment où le Québec doit composer avec un déficit structurel de 4 milliards, les Québécois devront modérer leurs attentes quant à la capacité d’intervenir du Québec à l’extérieur de la santé et de l’éducation. Les festivals montréalais et l’agrandissement du Palais des congrès, notamment, ne sont pas des priorités.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a réitéré ce message, lundi, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, une semaine après la publication du budget provincial.

« Puisqu’on a eu un niveau de dépenses élevé, on va devoir avoir un taux de croissance future plus modéré », a déclaré le ministre devant le milieu des affaires montréalais.

Le gouvernement devra ainsi plafonner le rythme de croissance de ses dépenses à un rythme de 3 % pour enrayer le déficit budgétaire : « 3 %, c’est quoi ? C’est 4 % en santé, 3 % en éducation, puis 2 % pour tout le reste. »

Dans ce contexte, le ministre Girard a tempéré les attentes pour les autres missions de l’État que la santé et l’éducation.

C’est notamment le cas pour les festivals gratuits à Montréal, qui vivent une période difficile. « Non, il n’y a pas d’augmentation significative dans ce budget-ci parce que j’ai commencé en vous disant quoi ? Priorité santé et éducation », a répondu le ministre Girard à une question du président de la Chambre, Michel Leblanc.

« Je reconnais que c’est extrêmement important, a-t-il ajouté. Puis là, je pense que ces festivals-là doivent travailler avec le ministre de la Culture [Mathieu Lacombe], et je reconnais qu’ils sont importants, que ça fait partie de la réputation de Montréal. Je vais laisser les gens travailler ensemble. »

Le ministre ne semblait pas plus réceptif à l’idée d’agrandir le Palais des congrès à Montréal, un projet appuyé par la Chambre de commerce. « Le Palais des congrès n’a pas été priorisé. On a néanmoins eu la convention des Nations unies sur la biodiversité. Alors, il est encore fonctionnel, notre Palais des congrès. »

« Ça fait six fois qu’on se rencontre, ça fait six fois que vous m’en parlez. Viendra sûrement un budget, si le projet est si exceptionnel que vous le dites », a lancé M. Girard en boutade.

Dépenses fiscales

Dans le cadre de son effort budgétaire, le ministère des Finances compte également réviser ses dépenses fiscales, soit les crédits d’impôt et les allégements accordés afin de soutenir différents objectifs.

M. Girard a souligné qu’il y avait 277 mesures fiscales qui représentaient une réduction des revenus de 49 milliards. De ce lot, 40 milliards sont destinés aux particuliers et 9 milliards aux entreprises.

Le ministère des Finances ne s’est pas donné de cible précise de réduction des dépenses sur ce front. Le gouvernement compte déposer son plan en 2025-2026 après avoir révisé ses dépenses fiscales.

« On n’a pas chiffré ça, répond M. Girard. Ça va dépendre de l’évolution de l’économie, des transferts fédéraux, des conditions. […] En attendant 2025-2026 pour déposer le plan, on va avoir une meilleure idée d’où est l’économie du Québec dans des situations plus normales que celles que nous connaissons présentement. »

Québec a déjà annoncé que les crédits d’impôt pour les emplois dans le secteur des technologies de l’information seront réduits et que l’aide aux entreprises pour encourager l’embauche de travailleurs expérimentés est abolie, lors du dévoilement du budget la semaine dernière. Sur cinq ans, le gouvernement croit pouvoir réduire ses dépenses fiscales de 1 milliard avec ces changements.

« En fait, tous les experts nous disent de faire ça, de revoir systématiquement les crédits d’impôt et les dépenses que vous avez créées pour leur efficacité économique, fiscale, sociale. »