Avec son sixième budget, qui pourrait être le plus déficitaire de l’histoire, le grand argentier du Québec, Eric Girard, promet de déposer l’an prochain un plan de retour à l’équilibre budgétaire, dont l’atteinte est repoussée à 2029-2030. D’ici là, il lance un chantier pour « optimiser » les dépenses de l’État. Voici six choses à savoir sur un budget écrit à l’encre rouge.

Le déficit se creuse

L’encre bleue caquiste prend une fois de plus cette année une couleur rouge foncé. En 2024-2025, le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit un déficit de 11 milliards, après versements au Fonds des générations et incluant une provision pour éventualités, ce qui pourrait être plus imposant qu’au pire de la pandémie. « Ce déficit est tributaire d’un contexte économique et climatique difficile, mais il est également nécessaire pour améliorer, dès maintenant, les services à la population. Il est nécessaire et il est gérable », affirme-t-il. Dans ce contexte, le retour à l’équilibre budgétaire, qui était prévu pour 2027-2028, est désormais repoussé en 2029-2030. Un nouveau plan pour y arriver doit être annoncé dans le prochain budget.

39 %

Le poids de la dette nette du Québec au 31 mars 2024. Le gouvernement veut le réduire à 30 % du PIB d’ici 2037-2038 en rétablissant, entre autres, l’équilibre budgétaire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit un déficit de 11 milliards en 2024-2025.

Nouveau mot tendance : « optimisation »

Ne cherchez pas les termes « austérité » ou « rigueur budgétaire » dans ce nouveau budget d’Eric Girard, vous ne les trouverez pas. Pour retrouver l’équilibre budgétaire, le ministre des Finances entreprend ce printemps une importante opération d’« optimisation » des dépenses de l’État. Ce chantier doit générer des revenus additionnels de 2,9 milliards d’ici cinq ans, prévoit-il. Des aides fiscales aux entreprises seront révisées pour réduire leur coût de 1 milliard sur cinq ans. Les principales entreprises du gouvernement (Hydro-Québec, Loto-Québec, la SAQ, la SQDC et Investissement Québec) « devront également effectuer des efforts d’optimisation et d’efficience » équivalents.

96,5 millions

Investissement sur cinq ans pour renforcer le contrôle fiscal et la lutte contre les crimes économiques. Québec prévoit que ces mesures permettront de gérer des revenus supplémentaires de 660 millions sur la même période.

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« L’économie a fait du surplace en 2023 », rappelle Eric Girard, mais le taux de chômage est malgré tout resté « largement en deçà de celui de l’ensemble du Canada et le plus faible parmi les provinces ».

L’économie fait du surplace

« L’économie a fait du surplace en 2023 », rappelle Eric Girard, mais le taux de chômage est malgré tout resté « largement en deçà de celui de l’ensemble du Canada et le plus faible parmi les provinces ». Dans ce contexte, le ministre des Finances prévoit que la croissance du PIB réel sera « modeste » en 2024, pour atteindre 0,6 %, mais qu’elle devrait s’accélérer l’an prochain, en 2025, à 1,6 %. « L’économie du Québec est bien positionnée pour amorcer une reprise durable au deuxième semestre de l’année 2024, de manière synchronisée avec la baisse graduelle des taux d’intérêt et la diminution de l’inflation », analyse le grand argentier du gouvernement.

443 millions

Investissement sur cinq ans pour stimuler la croissance économique et mettre en place des laboratoires industriels, soutenir les secteurs de l’aérospatiale, de l’aluminium et des nouvelles technologies, entre autres.

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Québec investit près de 3,7 milliards sur cinq ans, et plus exactement 730 millions cette année, pour appuyer « une organisation humaine et efficace des soins de santé et des services sociaux ».

En attendant Santé Québec

En même temps qu’il déploie la nouvelle agence Santé Québec, le gouvernement investit près de 3,7 milliards sur cinq ans, et plus exactement 730 millions cette année, pour appuyer « une organisation humaine et efficace des soins de santé et des services sociaux ». Concrètement, le ministre Eric Girard attribue 1,8 milliard pour l’accès aux soins et la fluidité dans les hôpitaux, 1,1 milliard pour maintenir la qualité des soins et les services aux aînés et 738 millions aux services sociaux. Ces sommes sont toutes ventilées sur cinq ans. Au total, la croissance des dépenses de programmes pour la Santé et les Services sociaux atteint 5,3 % en 2024-2025.

300 millions

Revenus additionnels, sur cinq ans, que le gouvernement croit obtenir en effectuant deux hausses de la taxe sur les produits du tabac de 2 $ chacune par cartouche de 200 cigarettes, effectives le 13 mars 2024 et le 6 janvier 2025.

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Québec prévoit un « relèvement considérable des dépenses » de 818,7 millions sur cinq ans pour ajouter des investissements dans le soutien à la réussite des élèves, dans la rétention et l’attraction du personnel scolaire, pour soutenir plusieurs organismes et pour s’attaquer au problème récurrent de la vétusté des écoles.

La réussite des élèves

Après un automne chaud marqué par une grève historique en éducation et le renouvellement des conventions collectives, Québec prévoit un « relèvement considérable des dépenses » de 818,7 millions sur cinq ans (293 millions en 2024-2025) pour ajouter des investissements dans le soutien à la réussite des élèves (544,5 millions sur cinq ans), dans la rétention et l’attraction du personnel scolaire (113,6 millions sur cinq ans), pour soutenir plusieurs organismes comme le Club des petits déjeuners (60,6 millions sur cinq ans) et pour s’attaquer au problème récurrent de la vétusté des écoles (100 millions d’ici 2028-2029). Au total, la croissance des dépenses de programmes en éducation atteint 7,6 % en 2024-2025.

420 millions

Somme sur cinq ans destinée aux universités et au secteur des études supérieures pour favoriser la réussite et la rétention des étudiants, soutenir les formations jugées « prioritaires », accroître et entretenir les logements étudiants.

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Les consommateurs de véhicules électriques peuvent encercler le 1er janvier 2027 au calendrier, date à laquelle le gouvernement mettra fin à « Roulez vert ».

La fin de « Roulez vert » en 2027

Les consommateurs de véhicules électriques peuvent encercler le 1er janvier 2027 au calendrier, date à laquelle le gouvernement mettra fin à « Roulez vert ». En vertu de ce programme, qui sert d’incitatif pour électrifier le parc automobile, Québec verse jusqu’à 7000 $ à un acheteur d’un véhicule entièrement électrique jusqu’au 31 décembre prochain. Ce montant sera décroissant ces prochaines années et prendra fin au 1er janvier 2027. En matière de lutte contre les changements climatiques, le ministre Eric Girard prévoit une somme de 128 millions de dollars sur cinq ans (20,8 millions en 2024-2025), incluant 29 millions pour augmenter la capacité de la SOPFEU à combattre les incendies de forêt.

102 millions

Sommes sur cinq ans destinée à améliorer la sécurité des citoyens dans le cadre des changements climatiques, comprenant une enveloppe de 61 millions pour « agir face à la hausse des sinistres majeurs ».

Répartition des dépenses de portefeuilles (en millions de dollars)

  • Santé et Services sociaux : 61 909
  • Éducation et Enseignement supérieur : 33 424
  • Service de la dette : 9 762
  • Famille : 8 498
  • Transports et Mobilité durable : 6 603
  • Emploi et Solidarité sociale : 5 615
  • Conseil du trésor et Administration gouvernementale : 5 275
  • Affaires municipales et Habitation : 5 064
  • Autres : 21 427

Total : 157 577