(Québec) Le taux horaire des travailleurs au salaire minimum augmentera de 1 $ dès le 1er mai, passant à 15,25 $ l’heure. Cette augmentation est « responsable et équilibrée », défend le ministre du Travail, Jean Boulet, alors que des groupes pressaient le gouvernement de le faire passer à 18 $ l’heure.

En point de presse à Québec, M. Boulet a affirmé qu’une hausse plus importante du salaire minimum aurait causé des dommages à l’économie, risquant de mettre à mal des PME ou d’engendrer des licenciements. Face à la hausse annoncée, les petites entreprises implorent tout de même le gouvernement Legault de les aider en les intégrant à son « bouclier anti-inflation ».

« Il y a deux critères que je considère prépondérants : l’augmentation du pouvoir d’achat et le respect de la capacité de payer des entreprises », a dit le ministre.

« Il faut que notre salaire minimum soit respectueux et compatible de notre situation économique. […] On veut s’assurer que le salaire minimum soit équivalent à 50 % du salaire horaire moyen », a-t-il ajouté.

Les travailleurs à pourboire verront pour leur part leur salaire augmenter de 80 cents, pour atteindre 12,20 $ l’heure.

Avec un salaire minimum général qui s’établira à 15,25 $ l’heure à compter du 1er mai, le Québec sera au troisième rang pour le taux le plus généreux au Canada, après la Colombie-Britannique (15,65 $) et l’Ontario (15,50 $).

La hausse annoncée mercredi est « la bonification en dollars courants la plus importante que le Québec ait connue », a rappelé Jean Boulet.

« Ça correspond à 7,02 % d’augmentation. C’est l’augmentation en pourcentage la plus élevée depuis 1995 », s’est félicité le ministre, rappelant que 298 900 salariés en bénéficieront.

Une hausse insuffisante

Selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté, cette hausse du salaire minimum au Québec est insuffisante afin de sortir les bas salariés de la pauvreté.

« On demandait 15 $ l’heure il y a sept ans. On est en retard sur le réel, et le réel dit que les gens n’arrivent pas à combler leurs besoins de base », a réagi mercredi Virginie Larivière, porte-parole du Collectif.

« Quand les citoyens sont obligés de passer à la banque alimentaire, mais qu’ils ont un emploi, il y a un problème. Le problème est encore plus criant avec l’inflation actuelle », a-t-elle ajouté.

Des coûts qui « explosent » pour les PME 

Le vice-président Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent, souligne le caractère « pragmatique » de la hausse présentée mercredi par Québec, mais prévient qu’elle nuira tout de même aux petites entreprises qui n’ont déjà plus de marge de manœuvre dans l’actuel contexte inflationniste.

« Les PME québécoises voient leurs coûts exploser de partout et elles ne sont pas incluses dans le bouclier anti-inflation. Il y a une limite à ce que la petite entreprise puisse augmenter ses prix. Plus elle augmente ses prix, plus ça pousse le client à réduire ses dépenses de consommation ou à choisir de grandes chaînes américaines », a-t-il affirmé.

M. Vincent déplore que le gouvernement n’ait pas annoncé de politiques pour aider les PME à faire face à l’inflation et à la nouvelle hausse du salaire minimum alors que des entreprises ne sont toujours pas rétablies des conséquences de la pandémie.