L’Indice des prix à la consommation (IPC) s’est établi à 6,3 % en décembre, son niveau le plus bas en 10 mois. Une victoire de la Banque du Canada contre l’inflation est en vue, et plus vite que prévu, selon des économistes.

Le taux d’inflation, qui a culminé à 8,1 % en juin, a fini l’année 2022 à 6,3 % en décembre, ce qui est un peu mieux que ce à quoi s’attendaient les économistes. Au Québec, la croissance des prix s’est légèrement modérée, de 6,8 % en novembre à 6,3 % en décembre.

Qu’est-ce qui explique le ralentissement de la hausse des prix ?

C’est encore une fois la baisse du prix de l’essence qui explique le ralentissement de l’inflation en décembre. Les prix à la pompe ont reculé de 13,1 % de novembre à décembre. C’est la plus importante baisse depuis avril 2020, qui est attribuable à la chute des prix du pétrole brut en raison des risques de récession accrus partout dans le monde. Les prix du mazout et des autres combustibles ont aussi baissé, ce qui a contribué à ralentir la croissance de l’IPC global.

À 6,3 %, l’inflation globale reste plus de deux fois plus élevée que la limite supérieure de la cible de la Banque du Canada. Mais au-delà des chiffres mensuels, « la tendance des six derniers mois est encourageante », estime Stephen Gordon, économiste et professeur à l’Université Laval.

À moins d’un autre choc comme la guerre en Ukraine, on devrait voir le taux d’inflation continuer de diminuer au cours des prochains mois ».

Stephen Gordon, économiste et professeur à l’Université Laval

Le coût de la vie continue d’augmenter, pourquoi faudrait-il se réjouir ?

Parce que les prix augmentent moins rapidement. Après avoir augmenté de 6,8 % en novembre, l’IPC a crû de 6,3 % en décembre. En excluant le prix de l’énergie et celui des aliments, la croissance des prix est passée de 5,4 % en novembre à 5,3 % en décembre.

Surtout, le prix de plusieurs produits a cessé d’augmenter à vitesse grand V, comme les électroménagers, les meubles et les véhicules automobiles, ce qui démontre que les chaînes d’approvisionnement fonctionnent mieux et que la demande diminue, ce qui atténue la pression sur les prix.

« Les résultats de décembre sont parmi ceux laissant le plus de place à l’optimisme à ce jour dans cette longue et pénible lutte pour la stabilité des prix », estime Marc Désormeaux, économiste principal de Desjardins.

À quand une embellie du côté du panier d’épicerie ?

Du côté des aliments, la croissance des prix ralentit également, mais très lentement. Globalement, les prix des aliments achetés dans les épiceries augmentent de 11 % en décembre, soit légèrement moins qu’en novembre (11,4 %). La croissance des prix du pain, du café et du thé se modère, mais celle des fruits et légumes frais s’accélère. Le prix des tomates, par exemple, est en hausse de 21,9 % en décembre.

Décembre a été le cinquième mois consécutif où l’inflation a été supérieure à 10 %, mais un ralentissement de la croissance des prix des produits de base sur les marchés internationaux laisse présager une accalmie prochaine.

« Le prix des denrées alimentaires continue de se modérer, à + 0,4 %, ce qui est encore élevé sur une base historique, mais le plus bas des six derniers mois », soulignent les économistes de la Banque Nationale Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme.

Le secteur de l’alimentation, qui est un besoin de base, n’est pas influencé par la hausse des taux d’intérêt, mais plutôt par des facteurs imprévisibles comme les conditions météorologiques.

Les taux d’intérêt augmenteront-ils encore la semaine prochaine ?

Non, selon les économistes de la Banque Nationale. L’IPC global est encore trop élevé, mais l’inflation de base, qui intéresse la Banque du Canada parce qu’elle écarte les composantes les plus volatiles de l’indice, se rapproche déjà du taux cible, observent-ils. En variation annualisée sur trois mois, l’IPC-tronq est à 3,6 % et l’IPC-méd à 4,3 %, illustrent-ils.

L’amélioration sur le front de l’inflation, couplée au pessimisme des entreprises comme l’indique le sondage publié lundi par la Banque du Canada, devrait signifier la fin des hausses de taux, selon Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme.

D’autres spécialistes prévoient au contraire que le taux directeur augmentera de 4,25 % à 4,50 % mercredi prochain, parce que le ralentissement de l’inflation est encore insuffisant.

L’inflation évolue dans une direction encourageante, mais il n’y a rien dans ce rapport qui empêchera la Banque du Canada d’augmenter ses taux de 25 points de base la semaine prochaine.

Benjamin Reitze, économiste de la BMO

Marc Désormeaux, économiste de Desjardins, pense que la vigueur du marché de l’emploi et les attentes d’inflation élevées exprimées dans le sondage de la Banque du Canada publié lundi poussent la banque centrale à continuer d’augmenter ses taux une dernière fois avant de prendre une pause.

Pour la baisse des taux, il faudra attendre encore longtemps, croit Stephen Gordon. « La Banque du Canada va vouloir s’assurer que l’inflation revienne à la cible et y reste pendant plusieurs mois avant de baisser les taux », dit le professeur.

Les variations

  • Voyages organisés + 19,9 %
  • Achat de médias numériques - 10,8 %
  • Droits d’immatriculation de véhicules automobiles - 28,2 %
  • Margarine + 36,0 %
  • Laitue + 32,8 %
  • Porc frais ou surgelé - 0,7 %