Les entreprises et les consommateurs ont le moral dans les talons, indique le plus récent coup de sonde de la Banque du Canada. Le résultat de ces sondages, qui influenceront la prochaine décision sur les taux d’intérêt le 25 janvier, est toutefois de nature à encourager la banque centrale dans sa lutte contre l’inflation.

La confiance continue de s’effriter

La plupart des entreprises qui ont répondu au sondage trimestriel de la Banque du Canada s’attendent à une récession cette année. Un plus grand nombre d’entre elles se disent préoccupées par le coût du crédit, à la suite de la remontée soutenue des taux d’intérêt. Trois entreprises sur dix, soit un nombre plus élevé que d’habitude, s’attendent à une baisse de leurs ventes, et plusieurs d’entre elles ont déjà constaté un fléchissement de leurs ventes. Les intentions d’investissement sont à la baisse, freinées par l’augmentation du coût de financement et par l’incertitude quant à l’évolution de l’économie. Chez les entreprises particulièrement touchées par le niveau des taux d’intérêt, comme le logement et la consommation des ménages, le pessimisme est encore plus grand.

Les intentions d’embauche diminuent

Les intentions d’embauche sont aussi à la baisse, ce qui pourrait enlever un peu de pression sur le marché du travail. La banque centrale a clairement indiqué que d’autres hausses de taux sont probables si le marché du travail continue de surchauffer.

Compte tenu de la baisse appréhendée de la demande de biens et de services, les entreprises sont moins nombreuses à vouloir embaucher des employés. Un nombre croissant d’entreprises indiquent que la pénurie de main-d’œuvre est moins intense, mais la proportion de celles qui souffrent du manque d’employés reste élevée par rapport à la moyenne historique.

Moins de pression sur les prix

Autre élément important qui influencera la décision de la banque centrale le 25 janvier prochain, les problèmes de chaînes d’approvisionnement se sont atténués, ont constaté une grande proportion des entreprises interrogées. Encore mieux, la moitié des répondants s’attendent à ce que la plupart des problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement se règlent d’ici la fin de l’année.

L’inflation est là pour de bon

Les entreprises interrogées s’attendent à ce que l’inflation reste élevée au cours des trois prochaines années. Il faudra cinq ans avant que le taux revienne à la cible de 1 % à 3 %, croient la plupart des entreprises. Elles s’attendent à ce que le prix de l’énergie reste élevé et que les coûts de main-d’œuvre augmentent. Elles prévoient que le prix de leurs intrants augmentera moins vite, ce qui leur permettra de réduire l’augmentation du prix de leurs produits. Par contre, la croissance des salaires reste une préoccupation pour les entreprises, qui sont moins nombreuses à penser les augmenter, ce qui va de pair avec la modération des intentions d’embauche.

La Banque du Canada a également pris le pouls des consommateurs, qui sont eux aussi convaincus de l’imminence d’une récession. Plusieurs d’entre eux disent avoir réduit leurs dépenses à cause de l’inflation et des taux d’intérêt élevés. L’augmentation des prix des aliments, sur laquelle la politique monétaire a peu d’impact, est une source de frustration très importante, selon l’enquête.

Un nouveau sous-gouverneur québécois

C’est Nicolas Vincent, professeur d’économie à HEC Montréal et chercheur au CIRANO, qui devient le tout premier sous-gouverneur externe de la Banque du Canada. Le Trifluvien d’origine a pour mandat d’apporter aux dirigeants de la banque centrale un point de vue externe et diversifié pour améliorer leur prise de décision, une première dans l’histoire de l’institution. Il fera partie du conseil de direction, mais il ne sera pas un des dirigeants de la Banque du Canada, même s’il occupe un poste laissé vacant par le sous-gouverneur et dirigeant Timothy Lane en septembre dernier. Le mandat du nouveau sous-gouverneur non dirigeant externe commencera le 13 mars ; il travaillera pour la banque centrale à temps partiel. « Sa connaissance approfondie de l’économie monétaire et son grand intérêt pour les politiques publiques aideront assurément la Banque à relever les défis qui se poseront en matière de politique », a commenté Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada, dans le communiqué annonçant la nomination de M. Vincent.