C’est finalement le 28 septembre que le projet estimé à 7 milliards est annoncé en grande pompe. L’évènement aurait pu se tenir environ trois mois plus tôt, ce que Northvolt aurait souhaité. Des conflits d’horaires ont joué les trouble-fêtes.

« Je suis allé au [Salon international de l’aéronautique] du Bourget à la fin juin en me disant que j’allais devoir revenir, se souvient M. Fitzgibbon. La société voulait faire l’annonce le plus rapidement possible. Un des éléments qui me fatiguaient beaucoup, c’est que les détails sortaient avant la confirmation. »

Par exemple, La Presse révèle dès le 13 mai dernier l’intérêt du cellulier envers l’immense terrain qui chevauche McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, sur la Rive-Sud de Montréal. C’est de cette façon que les citoyens des environs sont mis au courant de l’arrivée potentielle d’un immense complexe industriel.

Puisque l’annonce officielle n’a pas encore eu lieu, impossible pour Northvolt d’aller sur la place publique pour expliquer son projet.

« Il y avait des enjeux environnementaux, le BAPE, les milieux humides…, c’était gros, convient M. Fitzgibbon. Paolo voulait s’adresser à la communauté dès le mois de juin. »

Plus de détails sont révélés par La Presse le 6 juin dernier, sur la base d’une note de service rédigée à l’attention de Mme Freeland. On apprend que jusqu’à 4000 personnes pourraient travailler dans le complexe envisagé par Northvolt. Celui-ci pourrait s’étendre sur une superficie de 100 hectares – plus de 75 terrains de football, selon le document.

Ces informations alimentent la machine à rumeurs. L’ancien site de la CIL a été décontaminé, mais les infrastructures avoisinantes et les accès routiers semblent inadéquats. S’il y a quelque chose que M. Cerruti aurait souhaité faire plus rapidement, c’est de sortir de l’ombre dès le printemps dernier.

« On voyait cela comme une urgence, dit-il. Nous voulions sortir rapidement pour avoir les discussions et les dialogues que l’on a finalement commencé à avoir depuis l’automne, mais de façon plus compressée. »

Les citoyens ont eu vent des grandes lignes du chantier par l’entremise de reportages, mais les deux administrations municipales, elles, ont pu être avisées avant. Le 21 avril dernier, une « rencontre exploratoire » est en effet organisée, à l’initiative d’Investissement Québec, entre l’entreprise et les villes.

Les maires Yves Lessard (Saint-Basile-le-Grand) et Martin Dulac (McMasterville) sont présents. Chacun est accompagné de son directeur général.

C’était pour savoir si l’on voulait de nous. On ne peut pas implanter un projet où les villes ne sont pas intéressées. Nous les avons trouvés réservés et finalement, ils se sont ouverts au fil de la rencontre. Ils sont sortis de là, je pense, avec le sentiment qu’il y avait une grande opportunité, mais aussi une certaine préoccupation.

Paolo Cerruti, cofondateur de l’entreprise et président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord

Le message des municipalités est clair : tant qu’il n’y a pas une décision définitive prise par Northvolt, il n’est pas question de parler publiquement du projet. Ce chapitre s’est clos en septembre dernier.

Avec les nombreuses questions qui entourent l’absence d’une évaluation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour le projet ainsi que la question des milieux humides – Northvolt doit empiéter sur 13 hectares de milieux humides sur le site –, elles ont maintenant du pain sur la planche.