À lire vos nombreux commentaires sur la cote de crédit, la manière dont elle est calculée vous déplaît et vous frustre franchement.

Cette manière, comme je l’ai écrit dimanche⁠1, pénalise les consommateurs qui n’ont pas de dettes, d’hypothèque ou de prêt auto. Malgré des revenus élevés, des habitudes d’épargne nettement supérieures à la moyenne et des actifs d’une valeur nette d’un million ou deux, TransUnion peut nous attribuer un pointage dans le deuxième quintile, avez-vous constaté. Equifax semble un peu plus généreux.

« Ce score n’est pas une appréciation de la capacité financière de payer, mais plus un indice qu’un consommateur est un payeur d’intérêts fiable », déplore Valérie.

De fait, quand on ne paie pas ou peu d’intérêts, la cote de crédit déterminée par TransUnion et Equifax peut jouer en notre défaveur.

C’est arrivé à Denis, un résidant de l’Estrie qui est abasourdi par le processus de décision des émetteurs de cartes de crédit, basé sur le pointage. « Je viens juste d’essayer d’élever la marge de crédit de ma Mastercard Amazon et ils m’ont refusé. J’ai zéro dette (auto, maison, meuble, marge de crédit, etc.), j’ai deux cartes de crédit à jour [payées], et je vaux environ 1,5 million net ! C’est fou, ils se privent d’excellents clients en se basant sur des renseignements incomplets. »

Ce qui est encore plus déplorable, c’est que le dossier de crédit est utilisé par les assureurs pour déterminer le coût de notre police habitation ou automobile. Plus il est faible, plus la note sera salée. Idem du côté des banques au moment d’emprunter : un pointage faible fera grimper le taux d’intérêt.

C’est justement ce qui inquiète Sophie. Comme bien du monde, elle avait un solde impayé sur sa carte Visa. Quand son poste a été aboli, elle a utilisé son indemnité de fin d’emploi pour effacer entièrement sa dette. Depuis, elle paie toujours son solde en entier.

« J’étais fière de moi et je pensais que ma cote de crédit remonterait. Mais c’est le contraire qui s’est produit ! Ça me décourage », m’a-t-elle écrit, graphique à l’appui. Dans ces circonstances, Sophie se demande si elle aura de la difficulté à renouveler son hypothèque dans trois ans. « Et comme la voiture a presque huit ans, ça se pourrait que je doive contracter un autre prêt voiture (ou financement concessionnaire) plus tôt que tard… Est-ce que je serai pénalisée ? C’est très démoralisant. »

Guillaume est plutôt « insulté » d’avoir vu sa cote passer de 885 à 828 le jour où il n’a plus eu d’hypothèque. « Elle devrait être carrément à 900 puisque les chances que je ne rembourse pas une dette, si j’en contracte une un jour, sont de 0 %. »

Une « approche qui date », selon les libéraux

À Québec, le porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances, Frédéric Beauchemin, juge que la cote de crédit est une « approche qui date ».

« Malheureusement, le système actuel se base sur une partie du profil client seulement, ce qu’on peut qualifier de “raccourci”, car il facilite la prise de décision des institutions.

« Les répercussions pour les consommateurs, cependant, sont généralement un moins bon score et un coût d’emprunt plus élevé. Selon nous, il y a place à bonifier la méthodologie et nous croyons que les institutions et les clients y gagneront en même temps », m’a-t-il écrit.

Manon plaide pour une « très grande refonte » du système actuel qui ne « représente pas du tout notre bilan financier ». « Je possède un chalet, trois condos sans hypothèque et j’ai un salaire de 135 000 $ ! Pouvez-vous m’expliquer pourquoi je ne serais pas dans le premier percentile ! »

Jacques, dans Charlevoix, aimerait, comme l’Union des consommateurs, que le Québec se dote d’un système à la française. « Je trouve tout à fait aberrant qu’une entreprise privée comme Equifax ou TransUnion puisse détenir autant d’informations à mon sujet et qu’elle détermine, de façon arbitraire, le niveau de ma cote de crédit. »

Moyen pour l’un, excellent pour l’autre

Un médecin de Rimouski qui paie toujours ses dettes « rubis sur l’ongle » a découvert que sa cote chez TransUnion est de 756, ce qui est « moyen », alors qu’Equifax lui donne plutôt un « excellent » pointage de 834. En plus de juger l’évaluation de TransUnion « aberrante » vu son emploi, il se demande bien ce qui peut créer un écart aussi important entre les deux entreprises.

Selon Hardbacon, TransUnion et Equifax utilisent les mêmes facteurs pour établir un score, mais n’accordent pas exactement la même importance (pondération) à chacun. De plus, « la durée de leur impact diffère dans les algorithmes respectifs », ajoute l’entreprise montréalaise de technologie financière. Le site de Koho précise qu’Equifax utilise 81 mois de données (presque 7 ans), tandis que le modèle de TransUnion ne prend en compte que les 24 derniers mois.

La consultation gratuite la plus facile

En terminant, des lecteurs m’ont rappelé avec raison que Desjardins, la BMO, la Banque Royale et la Scotia, notamment, permettent à leurs clients de consulter gratuitement leur cote de crédit sur leur propre application ou site web. Cette méthode est la plus simple, et soyez sans crainte, cela n’affectera pas votre score.

1. Lisez « Sans dettes, son dossier en souffre »

Baisse d’impôt en vigueur depuis le 1er juillet

Vous l’aviez sans doute oublié, mais vous bénéficiez depuis le début du mois de la baisse d’impôt annoncée par le gouvernement Legault dans son dernier budget. Les deux premiers paliers d’imposition ont été réduits d’un point de pourcentage chacun. Ainsi, l’impôt sur la portion du revenu imposable qui ne dépasse pas 49 275 $ est passé de 15 % à 14 %. Tandis que le palier suivant (de 49 275 $ à 98 540 $) est imposé à 19 % plutôt que 20 %. La baisse d’impôt pourra atteindre jusqu’à 814 $ annuellement pour une personne vivant seule et 1627 $ pour un couple.

Pour tenir compte de la baisse d’impôt, les particuliers qui sont tenus de verser des acomptes provisionnels pouvaient en ajuster les montants dès le 15 mars 2023.