Vous avez le privilège d’évoluer dans un rôle et dans un environnement de travail qui vous conviennent. Cependant, quelque chose vient bouleverser votre expérience professionnelle : vous avez une incompatibilité avec votre gestionnaire. Cette mauvaise relation au travail peut complètement changer l’équation et annuler tous les bénéfices qu’un emploi peut offrir. Devriez-vous fuir ou vous accommoder de cette situation ?

Normal d’hésiter avant de faire le saut vers autre chose. D’autant plus que rien ne garantit que le prochain gestionnaire sera plus compétent ou aura un style de gestion qui vous correspond davantage. Choisir de quitter un emploi pour des insatisfactions avec son supérieur, surtout s’il comporte de nombreux avantages, est déchirant et risqué.

La mésentente avec un gestionnaire est une source importante d’insatisfaction professionnelle. Parfois, il apparaît évident que la relation ne convient pas. Par exemple, lorsque surviennent du harcèlement ou des situations qui vont à l’encontre des normes du travail. Cependant, il arrive fréquemment que la situation soit plus complexe et joue sur les limites.

Malheureusement, l’accès au poste de gestion n’est pas nécessairement signe de compétence. Aussi, certains, malgré de bonnes capacités et intentions, se retrouvent débordés, mal outillés ou épuisés. La mauvaise communication, l’incompétence sociale ou les comportements toxiques ou malsains sont toutes des raisons qui pourraient faire en sorte qu’une mésentente s’installe avec le gestionnaire. Sans faire ici leur procès, on pense spontanément au prétendu principe de Peter où l’employé a tendance à progresser dans sa carrière jusqu’à l’atteinte de son niveau d’incompétence.

Les nuances dans votre situation

Il est essentiel de remettre en perspective la situation et de relativiser les choses avant d’envisager de changer d’emploi. Le recul permet aussi d’évaluer la marge de manœuvre afin de trouver des solutions au problème d’incompatibilité. Cependant, remettre les choses en perspective ne signifie pas se comparer avec les autres : ce qui convient à un collègue pourrait ne pas vous convenir. Il est tout aussi important de tenir compte de la subjectivité d’une situation, car chacun a ses limites et ses zones de sensibilité.

Également, tout n’est pas blanc ou noir, une relation se joue à deux : il est pertinent de se questionner sur sa part de responsabilité dans la mésentente. Avoir systématiquement des conflits avec ses gestionnaires pourrait mettre la puce à l’oreille qu’il y a à tout le moins une sensibilité à l’autorité.

Vos indicateurs

Le choix de quitter votre emploi vous appartient. Selon l’état dans lequel vous vous trouvez, il peut être laborieux de prendre du recul avant de prendre une décision. Il est possible que votre confiance en vous ou envers le marché du travail ait été affectée. Un style de gestion qui ne convient pas à vos besoins demande beaucoup d’adaptation et de compromis. Encore faut-il que le coût de vous maintenir dans cette situation en vaille la peine.

Le casse-tête se présente alors afin de départager ce qui appartient aux limites dépassées, à vos besoins, à vos exigences personnelles et à votre niveau de sensibilité face à la mésentente.

Dans la balance également, il vous faudra considérer votre tolérance à l’inconfort qui est bien subjective. Certaines personnes peuvent fonctionner pendant des années malgré des insatisfactions, d’autres auront leur coupe pleine rapidement.

Afin de vous permettre d’avancer dans votre réflexion et évaluer si la situation est viable ou que le problème est là pour de bon, assurez-vous d’avoir les réponses à ces questions :

Questionnez-vous sur la temporalité de la situation. Quels sont vos espoirs et les possibilités d’amélioration de votre insatisfaction ? Considérez-vous que la situation temporaire est devenue permanente et irréversible ?

Vous pouvez également considérer le pouvoir que vous avez dans cette mésentente. Avez-vous bien évalué tous vos leviers et quelles sont vos options ? Qu’avez-vous tenté jusqu’à présent ? Est-ce que cela se dégrade ? Pouvez-vous, de façon réaliste, vous adapter et si oui, comment ?

Finalement, mesurer l’impact que cela a sur votre travail, votre santé et votre confiance. Sentez-vous que votre situation professionnelle affecte votre santé ou vos autres sphères de vie ? Sentez-vous qu’il y a péril en la demeure ? Que conseilleriez-vous à une personne de votre entourage si elle se retrouvait à votre place ?

Partir ou bien rester ?

Si vous choisissez d’expérimenter de nouvelles stratégies ou le statu quo pour le moment, tentez de vous préserver le plus possible. Aussi, demeurez régulièrement attentif à l’évolution des impacts de la situation.

Si vous changez d’emploi, conservez votre professionnalisme et ne parlez jamais en mal de votre gestionnaire, indépendamment de ses comportements. Au moment d’explorer votre prochain milieu de travail, soyez attentif au type de gestion en place, au climat de travail, aux mots utilisés et même à l’attitude du gestionnaire au moment de l’entrevue.

Chat échaudé craint l’eau froide, vos expériences négatives passées vous sont utiles pour évaluer un nouveau milieu, vous avez développé une sensibilité aux caractéristiques qui ne vous conviennent pas. Si les drapeaux rouges s’agitent : rien ne sert de vous lancer dans une nouvelle situation qui ne vous convient pas.