La télévision s’est rendue dans un centre commercial de Chicoutimi. Non pas pour constater l’état du désespoir, comme le chantaient Les Colocs, mais c’était quand même désespérant à voir. Le reportage nous apprenait qu’une simple photo d’enfant avec le père Noël coûte de 35 $ à 45 $. Même les souvenirs n’échappent pas à l'inflation.

Après deux Noëls truffés de contraintes sanitaires, le prochain sera marqué par les contraintes financières.

Et pas seulement parce que Place du Royaume refile des factures exagérées aux parents dont les rejetons veulent s’asseoir sur les cuisses du père Noël⁠1.

Plus de 50 % des Canadiens affirment que leurs dépenses dépassent maintenant leurs revenus, selon une récente étude de la Banque Manuvie. C’est énorme ! Et ça augure bien mal. Car personne ne peut générer un déficit mensuel bien longtemps sans se retrouver devant des conséquences sérieuses.

Ce n’est pas pour rien qu’on entend beaucoup parler d’angoisse et d’anxiété financières. D’un océan à l’autre, presque tout le monde admet être préoccupé par les taux d’intérêt (85 %) et l’inflation (94 %). Combinés, ces deux phénomènes créent manifestement une situation anxiogène. On voit rarement des pourcentages si élevés dans les sondages.

Certaines personnes se dirigent tout droit vers le surendettement en utilisant davantage une ou des cartes de crédit qui ne sont pas remboursées chaque mois. L’épargne, que ce soit pour la retraite ou autre chose, écope. Tout comme le remboursement des dettes de consommation existantes, tombé en bas de la liste des priorités.

Bref, ce n’est pas le temps de faire des folies pour empirer sa situation, surtout que le taux directeur risque de bondir encore dès ce mercredi le 7 décembre et l’inflation alimentaire est loin d’être terminée.

Le problème, c’est que la période des Fêtes vient avec beaucoup de pression et de tentations.

On veut recevoir ses proches avec un festin, apporter de bonnes bouteilles chez nos hôtes, offrir des cadeaux généreux, gâter ses enfants et ses petits-enfants. C’est le sempiternel « Qu’est-ce que les gens vont penser de moi si… ».

Un truc pour mieux respirer : « ne pas gérer son budget en fonction des attentes des années précédentes », suggère François Martel, vice-président régional, planification financière, Québec – Est de l’Ontario – Atlantique, chez BMO. C’est logique, car le contexte n’est pas du tout le même qu’avant la pandémie. Mais ça ne veut pas dire que c’est facile à faire, j’en conviens.

Pour ne pas foncer droit dans le mur, c’est le temps de « revoir la gestion quotidienne de ses liquidités », suggère Mario Cloutier, chef de la distribution, réseau courtiers, de Banque Manuvie.

Sans prononcer cette expression utilisée par les entreprises, nombre de consommateurs ont déjà mis ce conseil en pratique. On fait des coupes dans les loisirs, l’épicerie, les rénovations, les voyages. On reporte des achats. Une personne sur quatre utilise moins sa voiture pour économiser sur l’essence.

Le Baromètre de la consommation responsable de l’ESG UQAM observe le même phénomène. Pas moins de 77 % des Québécois achètent davantage de produits en solde, 63 % privilégient plus les marques maison et 49 % ont changé pour un épicier moins cher.

Aussi, plus d’une personne sur deux (57 %) achète moins. Les vêtements et les cosmétiques écopent particulièrement.

Quand ce n’est pas suffisant, il y a moyen d’obtenir des conseils à sa banque pour redresser ses finances. Non, son personnel ne se limite pas à vendre des fonds communs. Dans les succursales de la BMO, on rencontre chaque jour des clients angoissés, voire paniqués, qui ne connaissent pas leurs dépenses ni leurs options.

On commence alors par la base : déterminer où va l’argent gagné, rapporte François Martel.

Ce qui joue les trouble-fête présentement, c’est que les gens ne réalisent pas combien d’abonnements et de services ils paient mensuellement sans en avoir besoin. Le conseiller financier, qui n’a aucun intérêt dans les émissions de télévision regardées, s’assoit et demande : “Avez-vous besoin de tel ou tel abonnement ?”

François Martel, vice-président régional, planification financière, Québec – Est de l’Ontario – Atlantique, chez BMO

Avant de piger dans son épargne-retraite pour ses dépenses courantes, vaut mieux faire le tour de ses options pour réduire les intérêts payés sur ses dettes. Cela peut se faire en optant pour une carte de crédit à faible taux, en consolidant ses dettes sur une marge de crédit personnelle ou hypothécaire. Le prêt personnel est aussi une option à envisager.

Le prochain temps des Fêtes sera peut-être plus frugal que d’autres, mais la paix d’esprit n’a pas de prix.

1. Regardez le reportage de TVA Nouvelles