Même les monstres de l’Halloween ne réussissent pas à faire peur à l’inflation au point de la faire déguerpir.

Distribuer des bonbons aux enfants déguisés coûtera 13 % plus cher que l’an dernier, estiment les auteurs d’une étude réalisée par Caddle et le Laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université Dalhousie. La prévision est basée sur des statistiques américaines, car il n’existe pas de données canadiennes sur le prix des bonbons, justifient-ils.

Pour certains adultes, ouvrir la porte à de charmants petits astronautes, à des dragons et à des fées, ça n’a pas de prix. Mais difficile d’échapper à la facture qui vient avec cette activité. Cette année, elle atteindra en moyenne 22,40 $ par Canadien.

En tout, ce sont 486 millions de dollars qui seront dépensés en bonbons, barres de chocolat et petits sacs de croustilles dans l’ensemble du pays, calculent les auteurs du rapport.

Puisque l’étude n’avait jamais été réalisée auparavant, on ne peut comparer ce montant à celui des autres années. Mais on sait que 486 millions, c’est assez d’argent pour nourrir 35 000 familles de quatre personnes pendant un an.

Le prix des bonbons aurait augmenté davantage que celui des aliments achetés à l’épicerie. En moyenne, ceux-ci coûtent 11,4 % plus cher qu’à pareille date l’an dernier (données de Statistique Canada pour septembre). L’inflation alimentaire dépasse elle-même l’inflation générale depuis maintenant 10 mois consécutifs.

L’étude nous apprend aussi que 53 % des Canadiens participent à l’Halloween en distribuant des bonbons aux enfants.

Les achats se font principalement dans les grandes surfaces Walmart et Costco. Les épiceries à bas prix (comme Super C et Maxi) arrivent en troisième position des destinations d’achat préférées, suivies des épiceries traditionnelles. Les pharmacies arrivent loin derrière, malgré toute la promotion des grandes chaînes comme Pharmaprix et Jean Coutu.

On se demande toujours combien de bonbons il faut donner pour ne pas avoir l’air trop radin. Pour vous donner une idée, sachez que 58 % des Canadiens en déposent deux ou trois dans chaque sac ou citrouille en plastique. Les enfants ont une chance sur cinq de tomber sur une maison où ils recevront plus de trois friandises.

Avec le pouvoir d’achat qui s’amenuise dans bien des ménages, il n’aurait pas été surprenant d’apprendre que les Canadiens choisissent principalement leurs bonbons en fonction du prix. Mais ce n’est pas le cas. Ce critère a été mentionné par seulement 53 % des Canadiens. Une proportion plus nombreuse (62 %) a précisé qu’elle achète des bonbons qu’elle aime manger.

Ce qui est particulier, c’est que le pays est divisé en deux sur cette question.

« À l’est de l’Ontario, les gens sont assez Séraphin. Le prix est très important. Surtout à Terre-Neuve, résume le professeur et directeur du Laboratoire d’analyse agroalimentaire, Sylvain Charlebois. À l’ouest du Québec, on achète plutôt des bonbons dont on apprécie le goût. »

Quand on sait qu’on aura des restes, autant s’organiser pour en profiter, semble-t-on se dire dans la moitié ouest du pays. En somme, 67 % des Canadiens prévoient manger les friandises achetées en trop.

Pour une raison inexpliquée, les Québécois se distinguent sur cette question. Dans les provinces atlantiques, 73 % des répondants au sondage disent qu’ils mangent les bonbons qui n’ont pas trouvé preneur. En Ontario et en Colombie-Britannique, c’est 70 %. Dans les Prairies : 63 %. Au Québec, le taux ne dépasse pas 57 %.

Que font donc les Québécois avec les friandises restées dans leur gros bol ? Ils les donnent à leurs enfants (23 %) ou les gardent… pour l’année suivante (4 %) ! Les enfants d’aucune autre province ne risquent autant de tomber sur de vieilles friandises. Ce n’est pas très ragoûtant.

Même si l’Halloween tombe cette année un lundi, 37 % des Canadiens s’attendent à ouvrir leur porte plus souvent qu’en 2021, alors que la fête était un dimanche. « C’est la première Halloween en trois ans avec des restrictions limitées en matière de santé publique », analyse Janet Music, associée de recherche au Laboratoire d’analyse agroalimentaire.

Au total, 58 % des Canadiens s’attendent à ce que le nombre de visiteurs soit à peu près le même que l’an dernier.

On se rappellera qu’en 2020, l’Halloween avait pratiquement été annulée pour cause de pandémie. Ceux qui donnaient des bonbons étaient souvent assis dehors et avaient trouvé des moyens astucieux pour éviter de s’approcher des enfants. L’an dernier, la fête s’est déroulée plus normalement. Mais le ministère de la Santé et des Services sociaux avait notamment recommandé de « s’abstenir de chanter ou de crier devant les personnes qui donnent les friandises ».

Cette année, on pourra hurler tous les booouh qu’on voudra. Que ce soit pour faire peur aux zombies ou à l’inflation.