Octobre est un gros mois de traditions pour les enfants. C’est le temps de la sortie aux pommes, des bricolages avec des feuilles rougies, de l’Halloween et… de l’épargne.

Eh oui, octobre est officiellement le Mois de l’épargne. Certains diront que le 10e mois de l’année a plutôt la réputation de faire fondre les économies de ceux qui investissent en Bourse ou, du moins, de susciter de l’angoisse.

Quoi qu’il en soit, il n’est jamais trop tôt pour épargner ni pour enseigner de saines habitudes financières à ses enfants.

C’est précisément pour cette raison que Charles a inscrit sa fille et son fils à la Caisse scolaire de Desjardins dès leur plus jeune âge. Ce type de compte d’épargne permet aux enfants du primaire de recevoir une « ristourne » de 10 $ si sept dépôts ou plus sont effectués au cours d’une année, peu importe leur montant. Il s’agit certes d’un incitatif intéressant pour encourager l’assiduité.

La Caisse scolaire verse aussi des intérêts tous les mois. Or, en regardant attentivement le dernier relevé de son fils, Charles a constaté que les intérêts versés en août étaient bien plus faibles qu’en juillet. Seulement 6 ¢ plutôt que 54 ¢. Presque 10 fois moins. Pourtant, la somme épargnée – 663 $ – n’avait pas bougé d’un iota.

« Avec les taux qui ne font que monter, c’est très bizarre ! », a réagi Charles, qui s’est empressé de contacter la coopérative dans l’espoir de comprendre ce qui s’était passé.

Ce n’était pas une erreur. Desjardins a réduit le taux d’intérêt versé aux 5 à 13 ans.

Jusqu’au 1er août dernier, les enfants qui détenaient 499 $ et moins dans leur compte avaient droit à 1,05 %. Une fois la barre des 500 $ franchie, le taux passait à 1,1 %.

Depuis le 1er août, un point de pourcentage a été retiré.

On est donc passé à 0,05 % pour les comptes de moins de 500 $ et à 0,1 % pour les comptes des 5 à 13 ans mieux garnis.

Ce changement s’est fait « dans un souci d’uniformisation », m’a expliqué Desjardins, car les 13 à 17 ans qui détiennent un « compte profit jeunesse » n’ont pas droit à ce point de pourcentage. En d’autres mots, la coopérative verse aux ados 0,05 % ou 0,1 % d’intérêt selon leur solde.

On a donc uniformisé… à la baisse.

Charles n’en revient pas que la coopérative cible des jeunes à qui on veut enseigner l’épargne. « Comme j’ai dit à la madame, c’est toute une leçon de vie qu’ils leur apprennent. »

Les enfants visés ne sont évidemment pas au courant que le taux directeur a grimpé cinq fois depuis le début de l’année pour atteindre 3,25 % et que ce n’est pas fini. Cette réalité ne fait qu’amplifier la surprise de leurs parents et rendre la décision de Desjardins assez curieuse.

Tout ce que les élèves du primaire sont en mesure de comprendre, c’est que le fait d’apporter régulièrement à l’école quelques dollars dans une enveloppe pour les déposer est un geste de moins en moins payant. Et que les règles du jeu peuvent changer sans qu’ils soient prévenus.

Les sommes en jeu ne sont évidemment pas énormes. Recevoir 54 ¢ ou 6 ¢ ne fait pas une grande différence dans la vie d’un enfant de troisième année. Certains ne s’en rendront peut-être même pas compte. Mais quel message envoie-t-on à ceux qui se font un devoir de regarder leur relevé ? Et aux parents ?

  • L’une des enveloppes utilisées pour recueillir l’épargne des enfants

    PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE DESJARDINS

    L’une des enveloppes utilisées pour recueillir l’épargne des enfants

  • L’une des enveloppes utilisées pour recueillir l’épargne des enfants

    PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE DESJARDINS

    L’une des enveloppes utilisées pour recueillir l’épargne des enfants

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Selon Desjardins, 80 % des détenteurs d’un compte de caisse scolaire recevaient moins de 3,50 $ d’intérêts annuellement (solde inférieur à 350 $) et seulement 3 % recevaient plus de 12 $ annuellement (solde supérieur à 1200 $). Il ne semble donc pas que la Caisse scolaire versait des sommes astronomiques et insoutenables avant le changement du 1er août, ce qui rend cette décision encore plus navrante pour les tout-petits.

Il faut quand même reconnaître les efforts de la coopérative qui est la seule institution financière à nouer des partenariats avec 1200 écoles pour encourager les jeunes à épargner. Aux dernières nouvelles (2016), quelque 90 000 élèves participaient à cette tradition qui perdure depuis 1907 avec ses petites enveloppes.

L’objectif des comptes pour enfants n’est pas de générer du rendement, mais de participer à leur éducation financière, m’a souligné le porte-parole de Desjardins Jean-Benoît Turcotti.

Fort bien. Mais l’une des premières choses que l’on apprend, c’est le fonctionnement des intérêts, ce qui encourage l’épargne plutôt que les virées au magasin de bonbons.