L’indice mondial de la sécurité alimentaire 2022 vient tout juste de paraître et le Canada figure au septième rang mondial, comme l’an dernier. Toutefois, il y a un indicateur de l’indice qui inquiète plus que les autres.

Saviez-vous qu’il existe un indice de sécurité alimentaire pour tout le globe ? Le magazine bien connu The Economist vient tout juste d’en publier sa 11e édition. L’indice mondial de la sécurité alimentaire regroupe un ensemble de composantes provenant de plus de 120 pays. Depuis 2012, l’indice repose sur quatre piliers principaux : l’accès alimentaire, la salubrité, le développement durable et l’abordabilité alimentaire.

L’approche est assez complète et robuste. Les indicateurs de l’indice comprennent les normes nutritionnelles, la capacité d’absorption urbaine, la consommation alimentaire en pourcentage des dépenses des ménages, la perte et le gaspillage de nourriture, la qualité des protéines, les tarifs d’importation agricole, la diversification de l’alimentation, les infrastructures agricoles, la volatilité de la production agricole, les dépenses publiques pour la recherche et le développement agricoles, la corruption, le risque de stabilité politique et même la suffisance de l’offre. Bref, tout y passe.

Cette année, la Finlande se classe au premier rang, suivie par l’Irlande et la Norvège. Le Canada se positionne bien comparativement à d’autres pays du monde, puisque nous figurons au septième rang mondial, la même position que l’an dernier. Les États-Unis occupent le 13e rang. En matière d’accès alimentaire, qui mesure la production agricole, les capacités des exploitations et le risque de rupture d’approvisionnement, le Canada se situe au sixième rang, ce qui n’est pas trop surprenant. Malgré nos épisodes récents de tablettes vides et de ruptures de stock, l’abondance alimentaire est certes quelque chose dont le Canada peut se vanter.

Nous produisons beaucoup et faisons partie d’une économie nord-américaine fluide, axée sur le commerce transfrontalier. Tout cela favorise un meilleur accès alimentaire.

L’autre pilier s’intéresse au développement durable, à l’environnement et à l’adaptabilité climatique. Ce pilier évalue l’exposition d’un pays aux effets des changements climatiques, sa sensibilité aux risques liés aux ressources naturelles et la façon dont le pays s’adapte à ces risques. À ce chapitre, le Canada se situe au 29e rang, loin derrière la Norvège et la Finlande, 1re et 2e pour cette catégorie.

Le gaspillage alimentaire demeure le talon d’Achille du Canada, puisque nous gaspillons plus qu’à peu près n’importe qui sur la planète. C’est ce qui pénalise le pays.

Pour ce qui est de la salubrité et de la qualité des aliments, le Canada se retrouve au premier rang mondial, rien de moins. Le Canada devance tout le monde, même le Danemark et les États-Unis, tous deux renommés pour leurs approches proactives en matière de salubrité. Au Canada, la salubrité est possiblement l’aspect le moins apprécié des consommateurs. Malgré les quelques ratés momentanés et les rappels périodiques, les pratiques en matière de salubrité au pays demeurent exemplaires. Depuis des années, le Canada se classe toujours bien, sauf lorsque l’on mesure la capacité de traçabilité. Nous avons du chemin à faire sur cet aspect, mais pour le reste, l’industrie et nos régulateurs publics en matière d’innocuité font relativement bonne figure. Mais en raison des changements climatiques et des risques qui mutent constamment, il faut continuellement s’adapter. Malgré la belle performance, l’Agence canadienne d'inspection des aliments ne se repose pas sur ses lauriers, loin de là.

Abordabilité inquiétante

Le rendement du Canada est un peu inquiétant dans le domaine de l’abordabilité alimentaire. Cette mesure se concentre sur la capacité des consommateurs à acheter de la nourriture, leur vulnérabilité aux chocs de prix et la présence de programmes et de politiques pour soutenir les consommateurs lorsque des chocs se produisent.

Le Canada a reculé d’une place encore une fois cette année et se situe au 25e rang mondial. L’Australie, Singapour et les Pays-Bas se retrouvent en tête de liste pour l’abordabilité.

Compte tenu des ressources et de l’accès alimentaire que nous avons, le Canada devrait faire mieux.

Depuis juillet 2021, l’inflation alimentaire dépasse toujours l’inflation générale au pays, et tout coûte déjà plus cher ces temps-ci. Le bond des prix à l’épicerie durant la dernière année reste difficile à accepter pour bon nombre d’entre nous.

Avec l’hiver qui approche et un dollar qui faiblit à vue d’œil contre le dollar américain, nous risquons de voir quelques prix bondir encore, surtout dans la section des fruits et légumes et des produits non périssables. Pendant que les salaires stagnent et que les prix alimentaires augmentent, difficile de voir quand le Canada fera mieux en matière d’abordabilité. Certaines mesures fiscales comme des diminutions d’impôts pour aider les consommateurs s’imposent.