Dans le contexte économique ambiant, plutôt trouble et incertain, les chefs de PME ont des préoccupations bien légitimes à l’endroit de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre, tout comme ils exigent depuis des décennies un allègement conséquent du fardeau administratif et réglementaire dont ils font l’objet et qu’ils jugent affligeant.

Ces enjeux sur lesquels les propriétaires de PME souhaitent des réponses et des engagements de la part des partis politiques, qui cavalent pour la troisième semaine en campagne électorale, ont fait l’objet d’une table ronde, mardi midi, organisée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

La FCEI avait préalablement sondé ses membres au Québec pour connaître les priorités économiques qu’ils voulaient voir inscrites au programme des partis politiques : leur vision du développement économique, leur plan pour contrer l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre ainsi que pour réduire la paperasserie.

On le sait, plus la campagne électorale avance et plus les débats, panels et tables rondes se multiplient. Ces exercices visent à éclairer les électeurs en permettant aux spécialistes de chacun des partis de présenter et de défendre leur programme électoral.

La table ronde organisée par la FCEI n’a toutefois pas permis aux gens qui l’ont visionnée sur Zoom d’en apprendre beaucoup plus que ce qu’ils savaient déjà.

On n’a pas eu droit à des explications très éclairantes quant à la vision du développement économique de chacun des partis. Toutes les interventions se ressemblaient, et toutes se rejoignaient sur le rôle primordial que jouent les PME dans l’économie québécoise, on ne disait jamais assez à quel point elles sont importantes. Pour un, elles sont le moteur, pour l’autre, les poumons de l’économie québécoise…

Les spécialistes du développement économique ou les candidats désignés par leur parti pour aller en discuter ne se sont pas particulièrement illustrés en répondant tour à tour de façon succincte aux questions posées par François Vincent, vice-président Québec de la FCEI.

Outre le ministre sortant de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, et le député libéral Marc Tanguay, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, on retrouvait Michael Potvin, jeune entrepreneur qui a vendu son entreprise pour se présenter pour le Parti québécois, Haroun Bouazzi, spécialiste des technos et directeur à la BDC, pour Québec solidaire, et enfin Olivier Dumais, maire de Saint-Lambert-de-Lauzon, candidat du Parti conservateur.

Plus ça change…

Même M. Fitzgibbon, pourtant très au courant des différents dossiers qui touchent les PME, n’a fait que répéter les deux priorités qu’il met de l’avant depuis des mois, comme les prochains réacteurs du développement économique québécois, soit l’utilisation de l’énergie renouvelable pour développer la filière des batteries vertes et l’innovation qui permettra de hausser la productivité.

C’est un peu court pour régler les problèmes de main-d’œuvre d’un restaurateur ou pour réduire la facture énergétique d’une petite entreprise de livraison, les types d’entreprises qui composent la vaste majorité des 250 000 PME québécoises.

Tous les candidats proposent par ailleurs d’alléger le fardeau fiscal des travailleurs de 60 ans et plus pour les ramener sur le marché du travail, certains par l’entremise de l’abolition des contributions au Régime des rentes du Québec ou d’une défiscalisation pour la première tranche de revenus de 30 000 $ pour les plus de 65 ans.

Sur le dossier de la réduction de la paperasserie, là encore, tous les candidats ont fait preuve d’une belle unanimité. Il faut abolir la surréglementation, alléger la production de documents de toutes sortes et aller plus loin que le « un pour un » – pour qu’une nouvelle mesure puisse entrer en vigueur, il faut en abolir une.

Au Québec, il s’agit d’un débat tout à fait inextricable. Malgré les rapports Lemaire en 1998, Dutil en 2008 ou Audet en 2012, les entreprises font toujours face à une bureaucratie chronophage, paralysante et démobilisatrice.

Malgré le plan d’action de réduction de paperasse 2020-2025 mis en place par la CAQ, cet enjeu arrive toujours en haut du classement des préoccupations des PME, tout juste derrière la pénurie de main-d’œuvre.

Rappelons que le plan de la CAQ vise à réduire, d’ici 2025, de 10 % le nombre de formalités pour les entreprises, de 15 % le volume des formalités – l’équivalent de 5,4 millions de documents ou de demandes pour les entreprises – et enfin de 20 % le coût que représente cette paperasserie inutile, soit une économie annuelle de 200 millions pour les entreprises.

Lundi, la Fédération des chambres de commerce du Québec avait elle aussi tenu un débat avec des candidats économiques des différents partis pour expliquer aux PME leur vision du cadre fiscal et de l’économie.

Une préoccupation électorale dont ne sont toutefois pas convaincus les propriétaires de PME du Québec, puisque 69 % d’entre eux ne sont pas certains que les partis politiques porteront suffisamment attention à leurs enjeux économiques durant la campagne.