D’ici quelques semaines, il manquera de moutarde, d’huile de tournesol et de houmous. Mais en ce qui concerne la sécurité alimentaire, il faut se rappeler que l’Amérique du Nord abrite la population la plus chanceuse de la planète. Nous pouvons vivre sans moutarde ou houmous !

Depuis le début de la pandémie, nous avons entendu parler de pénuries à maintes reprises. La plupart des sections de l’épicerie ont été touchées par le resserrement des approvisionnements, pour une raison ou une autre. Mais la dernière manchette concerne les pois chiches.

De nombreux analystes s’attendent à une baisse significative des stocks dans les mois à venir. Pour les Occidentaux, les pois chiches s’associent majoritairement au houmous, une source de protéines et de fibres de plus en plus appréciée des consommateurs curieux et désireux d’expérimenter de nouveaux ingrédients et mets. Toutefois, une pénurie de pois chiches se pointe à l’horizon.

Selon Reuters, le rendement des cultures de pois chiches devrait chuter de jusqu’à 20 % cette année en raison des intempéries dans de nombreuses régions du monde. L’Inde est le plus grand producteur de pois chiches au monde, viennent ensuite la Turquie et la Russie. Le Canada occupe la neuvième position, et la majeure partie de notre production se destine aux exportations.

Les superficies ensemencées au Canada ont baissé cette année pour les pois chiches, car le prix des autres matières premières devenait plus intéressant pour les agriculteurs.

On observe le même phénomène aux États-Unis. La Russie et l’Ukraine comptent parmi les principaux exportateurs de pois chiches, mais pas cette année.

L’Ukraine enregistre un manque d’au moins 50 000 tonnes de pois chiches destinées au marché européen. La Russie subit les sanctions commerciales résultant de l’invasion de l’Ukraine.

Puissance nutritionnelle

Les pois chiches constituent une source bon marché et efficace de protéines végétales. En Amérique du Nord, son prix a déjà augmenté de 12 % par rapport à l’année dernière, selon NielsenIQ. Les pois chiches entrent dans la fabrication du houmous, mais ils peuvent également être éclatés, puis mangés comme du maïs soufflé, ou moulus en farine et utilisés dans de nombreux produits à base de protéines végétales que nous trouvons à l’épicerie. La légumineuse s’utilise couramment dans les soupes et les ragoûts.

Les pois chiches renferment une puissance nutritionnelle pour les consommateurs qui n’optent pas pour les protéines animales ou qui n’ont pas les moyens de s’en offrir.

Ils contiennent naturellement une faible teneur en sodium et en sucre et aucun cholestérol. Et pour les personnes ayant besoin de produits sans gluten, ils représentent une aubaine.

La semaine dernière, le monde a reçu de bonnes nouvelles, ou presque. L’Ukraine et la Russie ont finalement signé un accord s’engageant à laisser des tonnes de céréales vitales être expédiées des ports du sud de l’Ukraine bloqués depuis longtemps. Parmi les céréales bloquées dans les ports, notons le blé, l’orge et les pois chiches.

Toutefois, le port d’Odessa a été bombardé 24 heures seulement après la signature de cette entente, mais l’accord comme tel tient toujours. La réputation de la Russie pour ce genre d’accord n’est pas très rassurante.

Une crise d’insécurité alimentaire reste inévitable dans certaines parties du monde, notamment en Afrique du Nord-Est et au Moyen-Orient, mais l’entente en atténuera les effets dans de nombreuses régions.

Pour l’Occident, le prix des matières premières baisse régulièrement depuis mai. Le prix du blé a atteint un record de 13,38 $ le 17 mai dernier et a chuté sous les 8 $ le boisseau cette semaine. Les prix du maïs, du canola, de l’huile de tournesol, du riz et du soja ont tous dégringolé par rapport aux semaines précédentes.

L’accord entre l’Ukraine et la Russie aide, mais les prix diminuent malgré cela. L’approvisionnement en ingrédients pour les fabricants de produits alimentaires devient de moins en moins cher, ce qui aide bien sûr contre l’inflation alimentaire ici en Occident.

Alors que notre production agricole en Amérique du Nord et en Europe se termine dans les semaines à venir, nous devrions nous attendre à voir davantage de rapports de pénuries de céréales. Alors, il faut se ressaisir. Les graines de moutarde et de tournesol ont déjà fait l’objet de rapports ; les prochaines études porteront sûrement sur les pois chiches.

L’Amérique du Nord ne manquera de rien. Mais d’autres régions plus pauvres n’auront pas autant de chance.

Nous commençons à voir des signes de troubles civils dans de nombreuses régions du monde. Alors que l’inflation alimentaire se calme ici, le pire reste encore à venir pour de nombreuses autres parties du globe.