À elle seule, l’image du porte-conteneurs échoué de travers dans le canal de Suez a résumé l’année 2021 au grand complet. Une année qui nous a fait réaliser à quel point l’équilibre sur notre planète est fragile.

La gaffe de l’année

Un bateau enlisé… un système empêtré

Il n’aura fallu qu’un bateau, parmi des milliers d’autres au large, pour que la roue de la consommation cesse de tourner parfaitement. Si, au début, c’était plutôt comique de voir l’Ever Given enlisé de biais, on en a vite constaté les conséquences fâcheuses. Après 6 jours, un embouteillage monstre de 400 navires chargés de marchandises, de pétrole et de bétail vivant s’était formé.

C’est là qu’on a réalisé l’importance de ce grand ballet logistique mondial pour qu’il ne manque de rien dans nos magasins. Avant la pandémie, cette chorégraphie dans les ports, sur les mers, les rails et les routes semblait aller de soi. Aujourd’hui, on ne tient plus rien pour acquis. On ne s’étonne même pas d’entendre parler, aux nouvelles, de chaîne d’approvisionnement cassée.

Ils auraient pu faire mieux

Les transporteurs aériens

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Bornes d’enregistrement d’Air Transat et Air Canada à l’aéroport Pierre-Elliott Trudeau

Du transport des marchandises, passons à celui des humains. Car la dernière année a mis la patience des voyageurs à rude épreuve.

Ottawa est venu en aide financièrement aux compagnies aériennes en leur imposant de rembourser leurs clients. Mais leurs sites internet ont connu des ratés, et les délais prévus ont souvent été dépassés. En plus, les consommateurs n’arrivaient pas à contacter les services à la clientèle pour faire le suivi de leur dossier. Que de frustration !

L’Office de la protection du consommateur (OPC), qui administre le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV), a aussi contrarié beaucoup de monde. En juin, le ministre responsable, Simon Jolin-Barrette, a promis que les remboursements débuteraient en septembre. Ce qui a suscité autant d’espoir que d’attentes.

Mais finalement, les 33 000 Québécois qui ont soumis une demande de remboursement ont uniquement reçu un courriel – en octobre ou novembre – leur demandant de mettre leur dossier à jour. Le FICAV n’a toujours pas précisé à quel moment les chèques seront émis.

Le fiasco

La faillite de Bel-Habitat

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Des familles ont perdu des centaines de milliers de dollars dans la faillite de Bel-Habitat.

Les sommes attendues par tous ces voyageurs n’ont évidemment rien à voir avec celles perdues par les clients de Bel-Habitat. Des familles ont perdu des centaines de milliers de dollars. Dans leur cas, c’est une véritable tragédie.

L’entreprise du secteur de la construction s’est retrouvée au cœur de l’actualité après une faillite (en juin) qui suscite encore une tonne de questions. On ne sait pas où sont passés les 17 millions de dollars versés en acompte et on ne le saura peut-être jamais. Le syndic responsable du dossier a déclaré publiquement que ça ressemblait étrangement à un système de Ponzi. Mais ses recherches se poursuivent afin de déterminer si la faillite cache bel et bien une fraude.

La police de Laval est aussi sur le coup, mais l’absence de progrès dans son enquête suscite l’impatience des victimes.

Cette affaire nébuleuse a été médiatisée pendant des mois parce qu’elle a permis de mettre au jour une multitude de failles dans les mécanismes censés protéger les acheteurs de maisons neuves, et ce, en plein boom immobilier. Celles qui relèvent du plan de garantie administré par Garantie de construction résidentielle (GCR) seront, espère-t-on, corrigées dans les prochains mois. La Régie du bâtiment (RBQ) est en train de se pencher là-dessus.

On s’en serait passé

L’inflation

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La hausse du prix des logements, des aliments et de l’essence complique la gestion budgétaire d’un grand nombre de ménages.

On espère aussi que l’inflation se calmera au plus vite. La hausse du prix des logements, des aliments et de l’essence complique la gestion budgétaire d’un grand nombre de ménages. Les revenus ne suivent pas la cadence, ce qui est frustrant, voire insécurisant. Québec donnera un coup de pouce financier aux plus durement frappés, mais vivement un retour rapide à la normale.

La surprise

La résilience des détaillants et des restaurateurs

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Malgré les difficultés, 2021 n’a pas été assombrie par de nombreuses disparitions d’enseignes québécoises.

Terminons avec des souvenirs moins démoralisants. Même si l’année a été remuée par trois grosses vagues de COVID-19, tout n’est pas sombre. Au contraire.

Je pense à la résilience des détaillants et des restaurateurs, qui ont su faire preuve d’imagination et de flexibilité. Alors qu’on s’attendait au pire au début de la pandémie et que les recours aux lois sur la faillite se multipliaient, 2021 n’a finalement pas été assombrie par de nombreuses disparitions d’enseignes québécoises.

Nos entrepreneurs ont amélioré leurs sites transactionnels, ils ont adapté leurs stratégies marketing et même leur offre de produits. Tout ça en composant avec une main-d’œuvre qui se fait rare.

Le bon coup

Fermé le dimanche

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Nombre de quincailleries ont décidé de fermer leurs portes le dimanche.

Des quincailleries fermées le dimanche ont même réussi à nous faire réfléchir collectivement sur les heures d’ouverture des commerces, nos choix de société, nos valeurs. Tient-on à tout prix à pouvoir magasiner les dimanches en sachant que cela empêche les employés de passer du temps avec leur famille ?

Un peu partout au Québec, des propriétaires ferment leur quincaillerie une journée par semaine, et la clientèle s’en accommode bien. Des boucheries, notamment, ont suivi le mouvement. Et d’autres en rêvent.

Tous ceux qui croyaient ce débat clos depuis 1992 ont été forcés d’admettre qu’il pouvait renaître à tout moment.

La pandémie a eu le mérite de mettre le temps de qualité au cœur de nos préoccupations. Il reste à voir de quelle manière cela influencera nos vies en 2022. Personnellement, j’ai hâte de voir quels changements s’ancreront, et de quoi sera faite notre nouvelle réalité, et comment on va y naviguer. Vous ?