La marque de contenants Tupperware ne fait plus autant partie de notre quotidien qu’à une certaine époque. Mais elle pourrait bien y revenir grâce aux changements climatiques et à une autre entreprise ultra-connue du grand public, Tim Hortons.
Depuis lundi, les clients de certains restaurants Tim Hortons peuvent se procurer un petit Tupperware rouge conçu pour transporter les sandwichs Timatin. Et pourquoi pas les beignets ?
Ça fonctionne de la même manière que les bouteilles de bière. Le client paie une consigne de 3 $ qui est remboursée lorsqu’il retourne le contenant dans une boîte de dépôt. Le Tupperware est ensuite lavé et réutilisé. Tim Hortons propose aussi des tasses à café réutilisables, fabriquées par une autre entreprise.
Pour le moment, seulement cinq Tim Hortons de Burlington, en Ontario, participent au projet-pilote. C’est timide.
Mais voilà tout de même un mariage encourageant au moment où il est impératif de réfléchir à la quantité de déchets que nous produisons. D’autant que l’entremetteuse derrière cette relation est la crédible plateforme Loop. Celle-là même qui a eu l’idée de vendre de la crème glacée, du dentifrice et du ketchup zéro déchet. Une idée qui fonctionne !
Des multinationales comme Danone, Coca-Cola, Nutella, Nivea, Kraft-Heinz, Tropicana et Tide ont toutes conçu des emballages réutilisables. Les clients des supermarchés Carrefour et Tesco, en Europe, et de Loblaws, en Ontario, peuvent se procurer des produits qui se présentent dans de jolis contenants de verre ou d’aluminium. C’est moderne, attrayant, facile.
L’offre s’étend maintenant au secteur de la restauration rapide. En Angleterre, McDonald’s propose des tasses à café consignées Loop. Burger King emboîtera « bientôt » le pas à New York, Tokyo, Paris et Londres avec un gobelet et un contenant à sandwich qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Tim Hortons (les deux chaînes ont le même propriétaire), selon le site de Loop.
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Pour Tupperware, la nécessité de réduire les emballages à usage unique pourrait lui insuffler un second souffle, 75 ans après sa fondation.
« L’expérience et les connaissances de Tupperware en matière de résines techniques et de plastiques durables offrent aux partenaires de Loop une formidable occasion d’accéder à des options améliorées pour emballer, stocker et expédier les produits », m’a écrit Hector Lezama, grand responsable du développement des affaires de l’entreprise américaine. D’autres contenants sont d’ailleurs en préparation pour 2022.
Quant au partenariat avec Tim Hortons, il « s’aligne sur notre objectif de bâtir un avenir meilleur en créant des options durables pour le secteur de la restauration rapide », a-t-il déclaré.
Ce marché devrait — en toute logique – être prometteur.
Car les fast-food de ce monde génèrent des tonnes de déchets de plus en plus gênants. Même les restaurants qui utilisent de la vraie vaisselle se retrouvent à utiliser des emballages à usage unique à cause des livraisons et des commandes à emporter. La bonne nouvelle, c’est qu’il se développe des solutions de rechange plus vertes.
Pure coïncidence, c’est également lundi que l’organisme montréalais La vague a annoncé un projet-pilote en partenariat avec des restaurants de l’arrondissement de Lachine, de Lotbinière et de la MRC de Roussillon. L’objectif est de tester divers contenants réutilisables pour les commandes à emporter. La vague souhaite utiliser le même modèle de consigne qu’elle a mis en place avec La tasse, qui est maintenant acceptée par 400 commerces au Québec.
« Ce qui est difficile, c’est que le marché du réutilisable pour un usage collectif, et non pas personnel, est très, très jeune comparativement au jetable. Ça fait 50 ans qu’on fait du jetable de toutes les formes, toutes les couleurs, tous les matériaux », me fait remarquer la coordonnatrice de La vague, Aurore Courtieux-Boinot.
Pour un changement significatif, il ne faut pas que tout le fardeau repose sur les épaules du consommateur. Les entreprises doivent apporter leur contribution, surtout celles qui ont les moyens de concevoir leurs propres contenants. « Il faut que ce soit systématiquement proposé aux clients et que ça s’accompagne d’un incitatif financier, croit Aurore Courtieux-Boinot. Si tu veux absolument du jetable, eh bien, tu paies pour. »
Cette stratégie a le mérite d’avoir fonctionné avec les sacs.
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Avec un minimum de volonté, d’autres initiatives encore plus simples peuvent être déployées.
Si vous êtes déjà allé dans l’aire de jeux d’un McDonald’s, vous avez sûrement vu une poubelle qui déborde à cause des boîtes de Joyeux festin. Parfaitement recyclables, ces contenants de carton qui ne servent que quelques minutes se retrouvent au dépotoir pour la simple et unique raison qu’il n’y a pas de bac bleu pour les recueillir. C’est assez désespérant à voir.
Il y a deux ans, j’avais demandé à McDonald’s pourquoi on ne trouvait pas de bac bleu dans ses restaurants. On m’avait seulement répondu que le logo « How 2 Recycle (H2R) » était sur le point d’être ajouté sur les boîtes de Joyeux festin et que cela allait permettre aux clients « d’en connaître davantage sur les façons de recycler les emballages ».
Au moins, le géant aux arches dorées vient d’annoncer le retrait des ustensiles, bâtonnets à café et pailles en plastique de ses 1400 restaurants canadiens d’ici la fin de l’année. Mais pourquoi ne pas ramener les hamburgers servis sur des planches de bois et les frites dans des barquettes de métal comme en 2016 ?